A la mort de son père, c'est la tradition dans la contrée de Morgravia, l'héritier de la famille Thirsk doit assumer le rôle de commandant en chef des armées. Le jeune Wyl s'en affranchit de manière honorable mais ses relations avec le Prince Celimus, roi cruel en devenir, sont des plus conflictuelles. La volonté de ce dernier d'humilier Wyl le pousse à l'emmener assister à la torture d'une sorcière avant qu'on ne l'achève au bûcher. C'est à cette occasion, suite à un geste de bonté envers la condamnée que Wyl se verra octroyer un don à double tranchant.
La lecture du Don achevée, une question se pose d'emblée : que s'est-il passé ? Pourquoi du chapitre 29 au chapitre 37 (environ 80 pages, à un quart de la fin) se retrouve-t-on tout à coup dans une baignoire de clichés sirupeux et d'incohérences notoires ? Cette dichotomie est si flagrante que l'on en vient à croire que deux écrivains se sont succédés temporairement à l'occasion de la rédaction de l'ouvrage. Une chose est sûre, Fiona McIntosh n'est pas à l'aise avec les scènes sentimentales. Vous voulez du mièvre meringué, en voici ! :
"Une brise légère apportait l'odeur de la menthe et du basilic, emplissant l'air doux du soir d'une subtile fragrance. Wyl adorait cette lumière incomparable produite par la rencontre du rideau sombre de la nuit et des derniers feux du couchant. Wyl savait qu'il associerait désormais à jamais la reine de Briavel au parfum des herbes et de la lavande."
"Son corsage était très décolleté. Elle était magnifique."
"Leurs lèvres restèrent unies de longs moments. Les criquets se turent et le crépuscule devint nuit noire. L'amour lui avait parlé cette nuit-là. La flèche de l'amour m'a touchée, songea-t-elle en se rappelant les mots qu'il avait eus plus tôt. Valentyna savait en cet instant qu'il n'y aurait jamais dans sa vie d'autre homme que celui qu'elle tenait dans ses bras."
Autre aspect plus gênant, les grosses ficelles. Lors d'une fuite, Wyl informe ses compagnons d'infortune qu'il sait, qu'on ne lui demande pas comment, que l'un de ses proches est mort. La magie a opéré. On y croit aussi, forcément. Mais non, quelques pages plus loin, cette certitude viscérale est contrebalancée par Wyl lui-même. Hé oui, le proche en question n'a pas rendu le dernier soupir. Très vite, on réalise que cet effet d'annonce maladroit n'avait que pour objet de permettre au héros d'avouer la nature de son don.
En un temps de pages record, Wyl et ses amis subissent l'attaque de créatures aux dents aussi longues que des couteaux. A leur approche, ils ne trouvent rien de mieux que de discuter des relations de l'un avec son souverain. Invraisemblable.
Effectivement, vu sous cet angle unique, cela ne donne pas très envie de lire le Don. Ce serait une erreur. Car hormis ces quelques écarts, ô combien irritants, le bouquin est vraiment de bonne tenue et les particularités du don ouvrent des possibilités narratives vraiment intéressantes que l'on n'a pas fini d'explorer.Car l'autre écrivain captive, tient le lecteur en haleine en nous offrant des personnages attachants (si,si!), tout en nuances, loin d'être aussi manichéens que ce qu'on a l'habitude de voir en Fantasy.
L'ouverture à la fin du tome invite véritablement à la lecture de la suite, en espérant que les travers évoqués ci-dessus ne soient pas de la partie cette fois-ci. On n'est pas loin de croire cette accroche de Robin Hobb en 4ème de couverture qui dit : "Ne commencez pas à lire Le Don le soir, surtout si vous devez vous lever tôt le lendemain matin!" Ce n'est pas loin d'être vrai, il faut le reconnaître...
4 commentaires:
Bon ben c'est malin ça : il n'y a pas pire que les billets mi-figue mi-raisin... Je l'ai ce livre, et le suivant, mais il ne m'a pas encore tentée malgré les quelques bonnes rumeurs. Mais si en plus c'est du sentimentalo mièvre !
Oui, c'est pas folichon, je l'avoue...mais je ne pouvais pas occulter cet aspect rebutant. Pourtant à part ça (après tout ce ne sont que quelques pages sur un ensemble), il est vraiment bien ce bouquin. Et voilà, je recommence...
Bon, on en reparle après le second.
Je ne me suis pas trop arrêté sur les quelques phrases qui ont eu l'air de te gêner.
A part cela, j'ai trouve le bouquin génial. Ce don a double tranchant fonctionne très bien et j'ai trouve que les personnages prenaient de la consistance avec les tomes, notamment dans le dernier.
Marc
Le livre aurait gagné à ne pas tomber dans ces travers. ça m'a comme qui dirait coupé l'herbe sous les pieds...Mais je ne m'arrête pas qu'à ça puisque je continue le voyage ;O)
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