26/08/2010

Le Trône de Fer. Intégrale 1 / George R.R. Martin

De mémoire, je crois ne jamais avoir lu ou entendu de critiques négatives sur le Trône de Fer. Bien au contraire, cette histoire de fantasy semble faire l'unanimité à tous les niveaux. Aussi, à force de m'entendre dire qu'il fallait absolument que je le lise, à force aussi de faire mienne l'idée que je devais bien avoir de la chance de ne pas l'avoir encore fait, ce n'est pas sans une certaine appréhension que je me suis lancé dans l'aventure. Je redoutais en effet de devenir la victime de ce phénomène courant faisant qu'après avoir entendu tant et tant d'éloges sur une œuvre, toutes les attentes la concernant ne sont finalement pas satisfaites ou comblées et que la déception soit au rendez-vous.


Eh bien, je ne serai pas celui qui fera la fine bouche ni celui qui trouvera à redire sur ce bouquin impressionnant. Pas l'once d'une remarque négative ne figurera dans ces lignes pour la simple et bonne raison que s'il y en avait une, voire même plusieurs, le souffle et la d
imension épique qui habitent ce premier tome de l'intégrale du Trône de Fer balayent tout sur leur passage.

J'avais déjà eu l'occasion de parler ici des Préludes consacrés à cet un
ivers médiéval développé (c'est le moins que l'on puisse dire!) par George R.R. Martin et des a priori pas toujours fondés touchant à ce type de manie des éditeurs, consistant à tirer sur la corde et faire paraître tout et n'importe quoi sous prétexte que c'est vendeur... Le Royaume des Sept Couronnes ne m'était donc pas totalement étranger. A vrai dire, la seule difficulté que j'ai rencontrée a été de me familiariser avec les personnages de l'histoire. Ils sont nombreux, appartiennent à des familles qui se sont mélangées et étoffées au gré des jeux du mariages et des manigances de Cour. Je me suis souvent référé à l'utile (!) liste des acteurs principaux du Trône de Fer pour savoir qui était le fils de qui, la soeur ou le frère de qui, quels liens unissaient les uns aux autres. Et une fois passé cette nécessaire difficulté – le foisonnement des personnages et la complexité des enjeux qu'ils suscitent étant essentiels à la marche du récit – je me suis littéralement laissé prendre au jeu. Je n'ai pas eu l'impression de lire une resucée de tous ces ouvrages de Fantasy auxquels je n'adhère plus depuis un moment déjà. Je ne vais pas refaire ici l'historique des griefs que je rencontre à l'égard du genre, je crois l'avoir déjà fait presque à chaque fois que j'ai parlé d'un ouvrage lui appartenant. Dans le Trône de Fer, point ou peu de magie, nul besoin de manichéisme forcené pour parvenir à captiver le lecteur. C'est le cœur des hommes - avec son lot de complots, de traîtrises, de courage, de couardise, d'amour, de veulerie et de complexité - qui fait battre celui de cette histoire où rien n'est jamais simple ni tranché.

L'étendue du Trône de Fer est encore vaste, il me reste pas mal de contrées à visiter, de personnages à rencontrer et d'aventures à suivre mais d'une certaine façon, j'ai déjà l'impression que George R.R. Martin a démontré qu'il est possible d'écrire une longue, très longue série, de Fantasy qui plus est, sans jamais lasser son lecteur. Dans tous les cas, on sera amené à en reparler.

CITRIQ

11/08/2010

Lectures de traverse

Parce que je commençais à me fondre un peu trop dans l'univers enivrant du Trône de Fer – voilà que je me mettais à donner du Ser à mes collègues de travail, à dégainer une dague imaginaire dès qu'une porte s'ouvrait par surprise, à frissonner, persuadé de me trouver à Winterfell rien qu'en ouvrant le congélateur – et parce qu'il faut bien aussi préparer la rencontre à venir au domaine de Bayssan avec Pascal Dessaint et Gianni Pirozzi en septembre prochain dans le cadre des Chapiteaux du livre, je me suis octroyé deux petites escapades littéraires bien différentes l'une de l'autre.



Pour la première, il s'agit des Derniers jours d'un homme de Pascal Dessaint, un roman bouleversant qui vous prend à la gorge dès les premières pages et qui ne doit jamais desserrer son étreinte jusqu'à son dénouement. Je n'en dirai pas plus pour le moment car ce grand, grand coup de coeur fera assurément l'objet d'un Blabla. A suivre, donc...

Pour ce qui est de la seconde escapade, on passe à un tout autre registre avec Des nouvelles de Mary, avant dernier opus des aventures d'Alex Cross, signé James Patterson. Depuis Le Masque de l'araignée, avec lequel je m'étais régalé voici plusieurs années, je suivais assez régulièrement les enquêtes de ce docteur en psychologie devenu flic, regrettant au final une écriture un peu trop légère et des situations abracadantesques. A la fin du Grand méchant Loup, servi par une traduction horripilante, je m'étais dit, c'est fini on ne m'y reprendra plus, faudrait voir à pas prendre les lecteurs pour des truffes. Mais voilà, c'est l'été, le moment parfois propice où on se plaît à s'adonner à la lecture popcorn et Des nouvelles de Mary s'est retrouvé dans mes mains au moment où se faisait sentir une fulgurante envie de lire un bouquin facile.[voix off : non mais regardez-le se dépatouiller avec sa tentative de justification : « je lis une daube après un livre splendide et j'ose les mettre côte à côte dans un même billet »... pfff, pathétique... tu parles d'une truffe, ouais!]

J'aurais pu craindre de me retrouver avec un popcorn un peu rance, un peu fade mais au final, pour être tout à fait honnête, c'est pas si mal. Il suffit de savoir à quoi s'en tenir. [voix off : il insiste le bougre!] C'est pas de la grande littérature, les chapitres sont courts, voire très très courts, c'est parfois écrit comme on jette du plâtre sur un mur sans le façonner après coup, le bonhomme se répète un peu beaucoup, mais allez comprendre, ça a fonctionné sur moi. Sans doute aussi parce que dans cette histoire de meurtres en série perpétrés sur des actrices de cinéma, on ne se retrouve pas une nouvelle fois avec le serial killer rencontré deux et trois livres auparavant. A lire, donc, tout en sachant qu'il ne restera certainement pas gravé dans la mémoire.

Voilà, alors après ces deux escapades, je m'en vais trouver refuge dans le Donjon Rouge...[voix off : à coup sûr, vous allez voir, il va oublier de prendre une lanterne.]

05/08/2010

Le Filet d'Indra / Juan Miguel Aguilera

Parmi tous les aspects abordés par la science-fiction, j'ai un faible pour les récits archéologiques. Vous savez, ces histoires où des vaisseaux atterrissent sur des planètes désolées où l'on a découvert les signes d'une civilisation ancienne, disparue dans d'étranges circonstances et qu'il conviendra naturellement de déterminer. Mais c'est pour les histories où d'énigmatiques et très anciens artefacts sont localisés sur la surface de la terre que mon faible est bien plus prononcé. Dans quel but sont-ils là ? Quels sont leurs fonctions ? Qui les a créés ? Que se passera-t-il si nous jouons aux apprentis sorciers avec eux ? Autant de questions qui ont la faculté de mettre mon imagination en ébullition et de lui faire emprunter des chemins insoupçonnés à mesure que l'histoire progresse. Si tant est que tous les éléments soient réunis pour y contribuer, comme ça a par exemple été le cas avec Anciens Rivages de Jack Mcdevitt. Ceux qui ont la chance de se le procurer – il est malheureusement épuisé – pourront découvrir un ouvrage prenant et facile à lire, auquel il n'aura manqué qu'une suite.

Mais en attendant, si vous partagez ce faible avec moi, si vous voulez découvrir Juan Miguel Aguilera – personnellement, j'ai trouvé ses livres assez inégaux - ou si, tout simplement, vous voulez vous laisser emporter par une histoire de science-fiction digne de ce nom, le Filet d'Indra devrait vous convenir. L'histoire, je vous l'ai presque déjà dévoilée. Cette fois-ci c'est un satellite qui révèle la présence d'un artefact – une géode de deux kilomètres de diamètre - enfoui sous terre dans le nord du Canada. Aussitôt découvert, une équipe de scientifiques est dépêchée sur les lieux pour tenter d'en déterminer l'origine. Les premiers résultats sont pour le moins surprenants : l'objet aurait plus de deux milliards d'années et sa forme n'a rien de naturelle.

Sur la base de cette histoire, Juan Miguel Aguilera embarque le lecteur dans un voyage trépidant où, une fois n'est pas coutume en science-fiction, se pose en toile de fond la question de la place de l'homme dans l'univers. On pourrait en avoir marre d'être une nouvelle fois confronté à cette grande question du Que suis-je ? Que fais-je ?, moi, dans cette immensité vertigineuse et oppressante. Mais là encore, une fois n'est pas coutume bis, tout dépend de la manière dont le sujet est traité et de l'angle d'approche adopté par l'auteur. Dans le filet d'Indra, Juan Miguel Aguilera ne déçoit à aucun moment. Peut-être parce qu'il conjugue habilement action, rebondissements et réflexion, ne provoque jamais de dichotomie trop franche (et trop barbante pour la peine) entre l'histoire elle-même, ses composantes, et la thématique sur laquelle elle s'appuie. Et peut-être aussi parce qu'il s'écarte des poncifs du genre, laisse la part belle à l'imagination en favorisant l'éclosion d'images fortes, dépaysantes, vertigineuses, induites par l'exploration d'un monde où tout est encore mystère et découverte. Où l'Inconnu n'a pas fini de nous surprendre...

Le Filet d'Indra, Juan Miguel Aguilera, traduit de l'espagnol par Christophe Josse, L'Atalante (Dentelle du cygne), 384 p.
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