28/09/2009

Blabla



A l'heure où j'écris ces lignes, Blabla est encore sur la rampe de lancement. Le décollage est prévu aujourd'hui à 12 h 10 de notre méridien. Et si vous vous demandez à quoi peut bien ressembler ce module c'est par ici :

22/09/2009

Le Festin d'Alice / Colin Thibert


Découvrir un auteur, en ce qui me concerne, c'est un peu comme débarquer en territoire inconnu. Je suis d'abord un peu déboussolé, désappointé. Et puis, une fois mes marques prises, j'observe, j'explore, je m'imprègne et, au final, soit j'espère me retrouver en terrain connu, sur des rivages plus cléments, soit je profite pleinement du séjour et, quand vient la fin, je ne demande rien de mieux que de revenir sous les mêmes latitudes, avec l'espoir et la ferme intention d'être à nouveau surpris.

C'est sur cette dernière impression que j'ai terminé Le Festin d'Alice. Jusqu'à présent, je ne connaissais de Colin Thibert que le nom, pour l'avoir aperçu sur les étagères des librairies ou des médiathèques, sans jamais franchir la frontière qui me mènerait à son univers. Et pour tout dire, dans les premiers chapitres de cette histoire ô combien savoureuse, je me suis plusieurs fois demandé dans quoi j'avais bien pu m'embarquer.

Le Festin d'Alice commence en effet sur les chapeaux de roue avec une descente de police d'envergure. Il ne s'agit pas de débouler sur la scène d'un braquage ni d'appréhender de gros revendeurs de drogue. Non, l'interpellation s'effectue dans un appartement-ravioli, où une vieille Chinoise coordonne la cuisine de plats asiatiques dans des conditions ignorant les normes d'hygiène et de salubrité, le but étant de les revendre ensuite à des restaurants chinois. En amateur de science-fiction, je me suis félicité que l'odorama pour les livres n'ait tout compte fait pas encore été inventé - ici, l'évocation se suffit à elle-même. Mais tout de même, la scène surprend par son côté surréaliste ; par sa disproportion au regard des faits. Seulement, en ouvrant la fenêtre du quotidien, sur lequel le polar semble désormais avoir pignon sur rue, je me suis rendu compte que non, à bien y réfléchir, ce n'était pas si absurde - après tout, on voit bien des bambins en garde à vue pour moins que ça...

Cette fenêtre, Colin Thibert prend soin de la laisser ouverte tout au long de son récit, en jouant sur l'humour et le divertissement. Alors, on se familiarise avec cette magnifique Alice, cette somptueuse Alice, cette envoûtante Alice, fonctionnaire à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, qui, contre toute attente fait main basse sur le magot de la vieille Chinoise, ainsi que sur un carnet dont elle espère bien tirer profit. Pour cela, elle entraîne dans son sillage un ancien chercheur au CNRS devenu traducteur. Et bientôt, la mafia chinoise se met de la partie.

Chassés-croisés, quiproquos, coïncidences, l'histoire roule et se déroule, servie en cela par toute une galerie de personnages auxquels on peine à trouver des qualités, même si, d'une certaine façon, c'est aussi cet aspect qui les rend si drôles et sympathiques, contribuant à faire du Festin d'Alice un roman qui ne manque ni de piquant, ni de... croquant.

Le Festin d'Alice, Colin Thibert, Fayard noir, 361 p.

Ainsi soit-il / Eli Gottlieb

A l'image de ce roman, je vais faire dans la brièveté. Enfin, je vais m'y essayer...
La mort tragique de son ami d'enfance pour lequel il vouait une admiration presque démesurée est l'occasion pour Nick de mettre noir sur blanc la souffrance qui l'habite et le ronge au jour le jour. Crise de la quarantaine, dit-il pour se rassurer, mais la source de sa douleur est bien plus profonde. En songeant sans cesse à Rob, jeune écrivain talentueux qui aurait tué sa compagne avant de se donner la mort à son tour, Nick ne fait rien d'autre qu'ouvrir la boîte aux secrets, laissée jusqu'à présent aux bons soins du subconscient.

Ainsi soit-il n'est pas un roman exceptionnel comme la collection de l'ouvrage nous inviterait à la penser. Au contraire. Il se lit aisément, ce n'est pas le problème mais il possède malheureusement un problème de taille : il fait preuve d'un manque d'originalité total. J'ai eu tout au long de sa lecture l'impression d'avoir déjà lu maintes et maintes fois la même histoire sous d'autres plumes. Les révélations qui sont faites sont pour le moins attendues. Et celle qui conclut le livre, qui se voulait de taille, ne percute pas et ne surprend pas non plus.

En un mot : bof.

Une impression partagée avec Brize

Ainsi soit-il, Eli Gottlieb, traduit de l'américain par Nathalie Perrony, 10- 18 (Les exceptionnels) 280 p.

13/09/2009

Les Voies de l'ombre. Tome, Stigmate / Nathalie Hug et Jérôme Camut


La suite, donc. Voici un peu plus d'un mois, je vous avais fait part de mon engouement pour le premier tome des Voies de l'ombre, Prédation, de Jérôme Camut et Nathalie Hug. Sans même penser une seule seconde que la déception pourrait être au rendez-vous, je me suis naturellement engouffré dans ce deuxième tome, pour retrouver Kurtz et tous ceux qui gravitaient autour de lui : chasseurs, traqués et victimes, alliés... ces catégories pouvant parfois se confondre tant les frontières entre les uns et les autres sont devenues logiquement et presque inévitablement floues.
Continuant d'affiner la psychologie de Kurtz, notamment à travers ses carnets qui ponctuent le récit, les auteurs en profitent aussi pour dépeindre les impacts et les cicatrices laissées sur les survivants de ce tueur hors norme. Et si, une fois de plus, le livre se lit assez vite – les phrases sont courtes, le style est alerte, comme on dit –, il n'en reste pas moins que plusieurs aspects, s'articulant sur divers pans de l'histoire, m'ont tour à tour interpelés, voire agacés jusqu'à freiner l'élan qui m'avait porté sur cette lecture.
La démonstration tendant à prouver que Kurtz n'est ni une bête ni un monstre sommaire, mais bel et bien un humain victime d'une société incurable, incapable de se contrôler et multipliant les dérapages de toutes sortes, ne m'a pas semblé concluante. Contrebalancée par les situations auxquelles le tueur manipulateur s'est trouvé confronté, celle-ci a même perdu de son crédit.
A travers plusieurs scènes, c'est en effet le côté surhumain qui ressort. S'il est aisé d'accepter l'intelligence du personnage, de la considérer comme le canevas essentiel de l'intrigue, il est plus difficile en revanche, la lecture faisant son petit bonhomme de chemin, de l'appréhender comme normale, ou humainement normale. Car c'est cela qui m'a gêné en fin de compte, de ne jamais avoir de surprise quant au sort de Kurtz, de ne jamais douter de son issue, même lorsqu'il semblait pourtant bel et bien plié.
Ajoutez à cela des scènes frôlant l'invraisemblable, des tergiversations et des réactions des victimes du tueur parfois difficilement crédibles, et le fait aussi que les carnets de Kurtz, dans ses invectives contre l'homme en société, m'ont farouchement rappelé un certain nemo on the net de Malhorne (un petit air de redite), et je referme le livre un tantinet déçu, même si je ne l'ai pas lu sans déplaisir non plus. Mais bon, autant j'avais tourné, viré autour de mes livres pour changer d'horizon alors qu'en fait je n'aspirais qu'à retrouver l'ambiance du premier tome des voies de l'ombre, autant je ne sais pas si je tenterai la plongée dans le troisième.
Les Voies de l'ombre. Tome 2, Stigmate, Le Livre de Poche (Policier/Thriller), 593 p.

02/09/2009

La Rivière rouge / John Hart

Cela fait maintenant cinq ans qu'Adam Chase s'est vu obligé de quitter sa ville natale pour New-York. Après avoir été acquitté du meurtre d'un jeune étudiant, il n'avait pas supporté les soupçons que sa famille portait encore à son égard. Et pour cause ! Sa belle-mère, la femme de son père, avait témoigné contre lui lors de son procès, persuadée de l'avoir vu commettre le crime.
Mais Adam ne voit pas d'autre alternative possible que de revenir chez lui dès lors que son ami d'enfance lui demande de lui porter secours, sans être plus précis pour autant. Seulement, à peine de retour, voici qu'un nouveau cadavre est découvert. Et comme de bien entendu, Adam devient le suspect idéal.

Je décrirais volontiers mes livres comme des thrillers ou des romans à énigmes mais ils tournent aussi autour de la famille. […] J'ai souvent dit que les dysfonctionnements familiaux constituaient une matière littéraire très riche, et c'est vraiment le cas. C'est un terreau fertile, idéal pour cultiver les secrets et les coups bas, et en faire des histoires explosives. (John Hart)

Voilà exactement le genre de thriller n'ayant pas d'autre prétention que celle de raconter une histoire et de se jouer du lecteur en l'amenant à explorer des pistes dont il se doute bien qu'elles le mèneront à des impasses. A ce titre, John hart est assez habile dans la manière qu'il a eu de tisser les fils de son intrigue. Bien évidemment, on le sait d'emblée, le retour d'Adam et le nouveau meurtre qui survient aussitôt, seront l'occasion d'éclaircir la première affaire encore jamais élucidée. Et l'auteur, par petites touches subtiles distribue toutes les cartes au lecteur, de sorte que celui-ci se trouve au fur et à mesure en possession de plusieurs mobiles, tenant tous la route. Et si l'identité du coupable lui a déjà effleuré l'esprit, c'est avec une phrase, une seule, une phrase à vous glacer les sangs, que la révélation s'opère.

Comme souvent maintenant, il convient de ne pas toujours faire confiance aux références citées en quatrième de couverture (John Hart, selon le Bookmark magazine soutiendrait la comparaison avec Raymond Chandler et John Grisham – j'en vois déjà qui grincent des dents. La Rivière rouge ressemble sans doute à bon nombre de thrillers, jouant sur des leviers qui ont fait leur preuve, mais John Hart a tout de même su y distiller une atmosphère prenante, si prenante que le livre se lit vite, très vite. De là à dire qu'il laissera un souvenir impérissable, ça, c'est une autre histoire...

La Rivière rouge, John Hart, traduit de l'anglais par Hélène Hiessler, JC Lattès, 405p.