31/01/2008

Le Goût de l'immortalité / Catherine Dufour


Il y a parfois des livres dont l'écriture nous laisse de marbre. Les mots défilent, on lit mais ça ne fait pas écho. Il y a bien des moments où l'intérêt s'éveille au gré d'une situation. Mais si l'on compare le plaisir de notre lecture à la courbe d'un électroencéphalogramme, on constate dans ce cas là, qu'en dehors de ces petits sursauts, la ligne reste irrémédiablement plate.
Non pas que le livre soit mauvais : le Goût de l'immortalité a rencontré un large public enthousiaste. Les éditions Mnémos ne s'y sont d'ailleurs pas trompées puisqu'après la parution en poche, ils rééditent à nouveau l'ouvrage en version collector. C'est dire ! Qui plus est pour une auteure française de science-fiction.
Le Goût de l'immortalité me faisait des appels du dos depuis un moment déjà, que ce soit dans les librairies ou à la médiathèque. Ensuite j'ai commencé à voir Catherine Dufour un peu partout sur des photos de festivals SF, sur des sites spécialisés. On chroniquait ses livres, on l'interviewait, l'appelait à participer à des forums sur le net. On la présentait, et on la présente encore aujourd'hui, comme une des voix les plus originales de la SF actuelle. Et c'est vrai que la dame a l'air des plus sympathiques, qu'elle aime écrire et communiquer avec son lectorat tout en abordant des thèmes, non dénués d'intérêts, qui lui tiennent à coeur. C'est le cas dans le Goût de l'immortalité. Elle y aborde la fuite en avant de l'Humanité, les travers et les dégâts engendrés, le vertige de la Mort (bien sûr!), la quête de l'éternité...avec des personnages que je n'ai pas su m'approprier en raison de l'écriture que j'évoquais plus haut, de termes trop techniques, de la noirceur du récit, et de certaines longueurs sans doute.
Alors forcément, je regrette d'être passé à côté de cette voix là, mais j'ose espérer qu'il y aura l'opportunité d'une prochaine rencontre, plus prenante cette fois-ci.

25/01/2008

La Physique des catastrophes / Marisha Pessl



« A la fois noir, drôle et poignant, ce roman étourdissant de verve et de brio, nous offre une héroïne inoubliable et marque l'entrée en scène fracassante de Marisha Pessl, conteuse-née et enfant prodige de la jeune littérature américaine. » 4ème de couverture.
Ça fait envie, hein? D'autant plus que de nombreuses critiques, lors de la parution du livre, abondaient dans le même sens, compilant les superlatifs les uns sur les autres, quand ils ne sortaient pas l'artillerie lourde en matière de références.
J'ai donc plongé dans cette lecture avec une confiance toute naïve...pour en ressortir très vite sans en avoir lu l'intégralité. Besoin de reprendre l'air, de respirer avant l'étouffement. J'ai bien tenté de repiquer une ptite tête mais les eaux de cette histoire n'ont pas été propices à l'évasion. Drôle quand même de se dire qu'on est passé à côté de quelque chose d'énORME quand les critiques sont unanimes. Serait-ce que je ne sais pas lire ? Que l'essence de l'oeuvre m'a filé entre les neurones ? A voir...
J'y croyais, pourtant ! J'y croyais à ce que j'avais lu ! C'est vrai, il avait suffi qu'on évoque Le Maître des illusions de Donna Tartt (et cela a été fait à plusieurs reprises!) pour que je m'y intéresse d'un peu plus près.
« Bleue Van Meer serait une adolescente américaine tout à fait ordinaire. Sauf que, à cinq ans, elle perd sa mère dans un accident de voiture, et que son père, un intellectuel exubérant et excentrique, la ballotte désormais d'une ville universitaire à l'autre, vers de nouvelles aventures, toujours sur la route. » (re-4ème de couverture)
...jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent une année entière à Stockton, où Bleue intègre un groupe d'étudiants, baptisé le Sang Bleu, qui gravite autour d'une professeur énigmatique, Hannah Schneider.
Rien à redire sur l'histoire. Là encore, j'aurais adhéré si l'accumulation de citations ou de références de livres ne venaient pas sans cesse interrompre le rythme de la lecture, s'interposer dans le récit. Alors je veux bien que la narratrice soit une élève douée, extrêmement intelligente, imbue et pédante – un jour, je voulus les aider en évoquant le manuel d'histoire de 1200 pages que papa mettait toujours en tête de sa liste de lectures obligatoires, le bien connu L'Histoire c'est le pouvoir d'Hermin-Lewishon (1990) - et qu'il faille l'illustrer d'une manière ou d'une autre. Seulement, là, c'est lourd. Quand en plus des maisons d'éditions, de l'année d'édition, elle - Marisha Pessl ou Bleue Van Meer ? - fait sans cesse des digressions en plein milieu de phrase à l'aide de parenthèses, franchement, je décroche. (Personnellement, je m'en accorde une petite pour dire que cet ensemble de procédés, s'il s'agit bien de cela, m'a rappelé American Psycho de Bret Easton Ellis, mais au lieu des références de livres ou de films, il s'agissait de marques de vêtements...)
Pour terminer sur une légère note positive lors de cette courte lecture en apnée (200 pages), je dois dire que j'ai tout de même apprécié les comparaisons, imagées et drôles, semées ici ou là. De trop brefs appels d'air.
N'hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez apprécié ce livre ou non. Je suis curieux de récolter les avis.

18/01/2008

Les aventures de Boro. Tome 7, La Fête à Boro


"Je m'appelle Blèmia pour les dames. Boro pour la signature. Et Borowicz pour le nom." Les présentations sont faites. Ceux qui ont suivi les aventures de Boro depuis le début reconnaîtront là une phrase récurrente du reporter photographe boiteux - Il y eut un froissement, une zébrure dans l'air -, qui manie sa canne avec une virtuosité redoutable.
Cela fait vingt ans qu'est paru le premier tome où Boro a fait son entrée dans l'Histoire, et ce dernier opus a des airs d'anniversaire même s'il ne s'est écoulé que douze ans pour le grand échalas. La Fête à boro, comme une boucle pas encore bouclée, commence à peu de choses près comme la Dame de Berlin. On y évoque le dernier souffle de Charles "Buddy" Bolden, musicien de jazz américain, le 4 novembre 1931, mais cette fois-ci, au lieu de pénétrer dans le Select, Boro pousse les portes d'un bordel chic à Montparnasse. Les temps ne sont plus les mêmes. La guerre est passée par là.
Conformément aux prédictions d'un groupe de gitanes, le hongrois reporter est devenu "l'oeil qui surveille le monde". Tu iras regarder les hommes jusqu'au fond de leur nuit. Méfie-toi de ne pas mourir d'une balle en plein front. En vieillissant tu choisiras tes chemins. Ils te feront sillonner le monde et tu approcheras les grands de ton époque. Mais défie-toi de vouloir gouverner : tu iras à ta perte.
Elles ne se sont pas trompées. Aujourd'hui, Boro est bien implanté dans la résistance, en est devenu un élément indispensable. Aux côtés de ses amis de toujours, Pépé l'asticot, Scipion, Germaine Fiffre (qui n'a de cesse de houspiller tendrement son Borovice), de bandits de grande route et autres marlous, il tente de sauver des juifs des griffes des nazis et de faciliter le débarquement en Normandie. Sur sa route, il est aussi confronté au docteur Petiot et, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, il ne mène pas d'enquête pour déjouer les méfaits du tueur en série. L'ouvrage ne s'articule tout simplement pas autour de cet enjeu.
C'est toujours un plaisir de retrouver Boro et ses acolytes même si j'ai tout de même été déçu par le cinquième et le sixième tomes, trop brouillons à mon sens, ce qui n'est pas le cas des précédents. Cela tient peut-être à la succession rapide
des chapitres et aux changements de perspectives constants, et, parfois, à des longueurs certaines.
Jusqu'à la moitié de la
Fête à Boro, j'ai eu cette même impression où le reporter semble bizarrement moins présent...
Puis, le plaisir est revenu, intact. La verve, la gouaille, l'action, l'humour forment un cocktail détonnant. Franck et Vautrin continuent donc leur feuilleton savoureux, et c'est tant mieux. J'ai hâte de retrouver aussi certains personnages qui ont été mis temporairement de côté. Alors patience...
P.S: Bonne lecture des premiers tomes à ceux qui n'ont pas eu le plaisir de faire la connaissance de Boro. Ils ne le regretteront pas. Mon préféré de la série :
Les Noces de Guernica, qui situe son action en pleine guerre d'Espagne. Une grande leçon d'histoire.
Les titres des aventures de Boro, reporter photographe :
1. La Dame de Berlin
2. Le Temps des cerises
3. Les Noces de Guernica
4. Mademoiselle Chat
5. Boro s'en va-t-en guerre
6. Cher Boro
7. La Fête à Boro

11/01/2008

Millénium tome 1, Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes / Stieg Larsson


La trilogie Millénium fait partie de ces ouvrages sur lesquels on espère toujours tomber dessus un jour ou l'autre. De ceux qui prennent du relief dans l'ensemble de nos lectures et que l'on ne peut s'empêcher de conseiller ou d'offrir à tout va. Si cette série est un véritable succès (mérité!) en librairie, on comprend aisément pourquoi. Et cela ne tient pas uniquement à l'intrigue. Non, ce sont les personnages qui captivent d'emblée. Lisbeth Salander - quelle fille, vraiment! - et Mikaël Blomkvist font partie de ces héros de roman que l'on s'approprie très vite, que l'on a plaisir à voir évoluer et (clic, clac! souriez !) que l'on quitte à regret. En cela j'ai retrouvé les mêmes sensations qu'en lisant Brooklyn Follies de Paul Auster (dur dur d'échapper à ma petite manie bibliomanuesque de conseiller un bouquin quand j'en évoque déjà un).
Le Fait que l'action se déroule en Suède contribue au dépaysement et à la rencontre culturelle. Je ne m'étendrai pas ici sur l'intrigue (je vous invite à parcourir la quatrième de couverture, et même à tenir le livre entre vos mains, hé,hé). Sachez que quand elle prend son envol, le cap est maintenu de main de maître jusqu'au dénouement...et au-delà puisque l'on ne pourra faire autrement que de nous plonger dans le deuxième tome : "La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette". J'y reviendrai à coup sûr!

09/01/2008

La Guilde des Magiciens / Trudi Canavan

C'est avec appréhension que je me suis lancé dans la lecture de ce livre. Pourquoi de l'appréhension? Tout simplement parce que cela faisait longtemps que je n'étais pas retourné vers la fantasy. La raison en est bien simple: lassitude, certainement (après avoir lu Tolkien, Eddings, Feist...) mais aussi l'impression de ne rien dégoter de vraiment original dans la production éditoriale, malgré le travail excellent de certains éditeurs. J'avais bien commencé quelques bouquins qu'on présentait comme incontournables (de Robin Hobb et de Goodkind par exemple) mais franchement, mes capteurs sensoriels n'y trouvaient pas leur compte. Alors pourquoi retenter le coup avec ce premier tome de la trilogie du magicien noir, me direz-vous? Le titre n'est pas bien original (c'est un fait!), on y devine un soupçon de manichéisme (encore un magicien noir ! Quand ce n'est pas un homme, c'est un magicien, ben voyons!). Alors, quoi ? Deux choses: mon adolescente fascination pour la couverture (eh, oui, affligeant, hein, mais j'assume...) et puis l'histoire, bien sûr.
Chaque année, selon une absurde tradition, les magiciens D'Irmadin sillonnent les rues de la ville pour en nettoyer les indésirables. Protégés par un bouclier magique, ils agissent sans crainte de représailles. C'est compter sans l'apparition d'une jeune fille, Sonea, qui, poussée par la colère, leur lance une pierre qui...pénètre le bouclier. Ce que redoutaient les magiciens depuis longtemps se produit: une magicienne qui s'ignore est en liberté. Il leur faut à tout prix la retrouver avant que son pouvoir ne se développe et, incontrôlé, ne la détruise elle-même.
Voilà. Une lecture facile, fluide mais avec tout de même des éléments gênants. La première partie, la fuite de Sonea, est à mon goût trop longue et répétitive. Par ailleurs, j'ai eu bien du mal à me représenter la ville elle-même, ses souterrains, pourtant au centre de l'action et lieu unique du roman, avec le domaine de la Guilde des Magiciens.
Autres petites déceptions : certains personnages n'ont pas de réelle dimension, à la limite de la platitude et le côté "ado" des jeunes vagabonds est trop prononcé, voire irréaliste, quand l'auteur nous les présente comme des êtres ayant grandis trop vite, confrontés à la dureté de leur milieu.

Cependant, la deuxième partie s'écoule beaucoup mieux, avec l'esquisse d'une intrigue qui donne envie de lire la suite, ce qui n'est déjà pas si mal.

Tout compte fait, j'aurais à nouveau lu un bouquin de Fantasy et j'entame le second sous peu, par curiosité...