30/12/2013

Mauvais karma / Jason Starr

Richard Segal est commercial. Il vient de changer de boîte pour un salaire plus avantageux. Pour peu qu'il ramène des contrats signés en bonne et due forme, il touchera bientôt une prime conséquente. Le problème est là, en fait. A l'instant où commence cette histoire, il n'est pas parvenu à en dégoter un seul et sa hiérarchie, bien sûr, commence à lui mettre la pression. Richard est marié à Paula. Celle-ci l'a trompé il y a quelque temps et malgré cette légère entrave sur la voie de leur harmonie, ils ont tout de même décidé de continuer ensemble en suivant les préceptes de la plan-plan attitude. Ils se disputent de temps en temps et Richard s'excuse toujours pour arrondir les angles. Cerise sur le gâteau, ils ont un chien, un emmerdeur de chien qui aboie sans cesse et qu'il faut bien évidemment sortir, ce qui permet à Richard de décompresser ou de se recentrer sur des priorités de vie... A chacun sa méthode.

Il aurait pu surmonter la pression générée par son nouveau poste, il aurait pu redonner un nouvel et bel élan à son couple. Oui, il aurait pu. Seulement tout part en vrille au moment où il croise une vieille connaissance dans le quartier d'affaires de Manhattan. En guise de connaissance, un homme qui, à l'âge de 17 printemps avait violé Richard 12 ans d'âge. Richard ne parvient alors plus à refouler cet épisode comme il était pourtant parvenu à le faire jusque-là. De bien drôles d'idées le submergent alors et un air de vengeance s'infiltre dans les vapeurs d'alcool qu'il laisse à nouveau échapper.

On a tout dans ce bouquin d'à peine plus de 300 pages : le noir, le grinçant, la critique sociale - parce que sinon ce ne serait pas marrant - et une chute qui vaut à elle toute seule tout le plaisir de la lecture. Jason Starr est épatant dans sa description de l'univers impitoyable du travail en entreprise et de la course au fric. Pour vous donner une idée : pas de contrat(s), pas d'ami(s) ; des contrats et c'est tout le personnel qui vient vous manger dans la main, qui vous porte aux nues et ne jure que par vous ! De l'individualisme, de l'opportunisme, du faux-cuisme à la solde d'une société de consommation pas du tout, mais alors pas du tout repliée sur elle-même.

Jason Starr excelle aussi dans les émotions qu'il parvient à susciter, grâce à son style, à son humour dévastateur et à un sens du dialogue qui fait mouche à tous les coups. Tout ceci s'affiche à travers le prisme de Richard, narrateur de l'histoire, pour lequel on éprouve une sorte de pitié à double sens. On devient révolté lorsque le souvenir du viol se rappelle à lui, on est sensible à sa fragilité devant son incapacité à trouver des prises pour éviter de sombrer et, d'un autre côté, on le trouve pathétique dans son recours à l'autoappitoiement permanent ainsi que dans son aspiration au bonheur, aspiration travestie par le système pourri dans lequel il végète. Autant vous le dire, se glisser dans sa tête revient à pénétrer dans une antre de complexité renversante.

N'ayez crainte, on en ressort indemne.

Enfin, normalement...

Mauvais Karma, de Jason Starr, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Marie Ollivier-Caudray, Rivages (Rivages/noir), 2005, 304 p.

20/12/2013

Shining / Stephen King

Comme beaucoup sans doute, suite à la venue de Stephen King en France et à la parution de la suite de ce titre connu de tous, je me suis lancé dans la lecture de Shining – histoire de faire les choses dans l'ordre même si, nous dit-on, les deux ouvrages peuvent se lire indépendamment.

Non, je ne l'avais pas lu. Je n'ai pas vu le film non plus d'ailleurs, et ce fut une expérience pour le moins étrange et surprenante de le dire - l'avouer ? - autour de moi. D'un coup d'un seul, j'ai été à l'origine de transformations faciales qui auraient fait passer Freddy les griffes de la nuit, voire Saw – faut bien coller un peu à l'époque - pour un conte doux et sucré à l'usage des enfants sages. « Qwwwwâââââââ ?  Tu n'as pas vu Shiniiiiinnng ? » En réalité, je n'ai fait que deviner la phrase parce qu'avec la déformation si prononcée du visage, ça ressemblait plutôt à du chewing-gum. M'étonnerait de toute façon qu'on m'ait demandé : «quoi, t'as pas du darjeeliiiiing ?», tout le monde sait que je ne bois pas de thé...

En gros, je connaissais quand même l'histoire. 36 15 ma vie (pour la circonstance, imaginez une musique nostalgique et si vous n'en avez rien à fiche, sautez le pragraphe... ) : c'était il y a vingt-deux ans. Mon pote Pascal m'avait raconté l'histoire. Durant toute une soirée, il avait passé son temps à la lire tandis qu'on l'attendait pour un tournoi enfiévré à Sensible soccer. Je le revois, assis dans le salon en train de tourner fiévreusement les pages du j'ai lu de l'époque... Il s'est contenté de ce seul Stephen King, prétextant qu'il
voulait se faire une idée de ses livres, c'était fait on ne l'y reprendrait plus. Tu parles ! T'as eu les chocottes, Pascal, avoue !

Parce que oui, Shining tient en haleine et... fait peur. Délicieusement peur. La gradation dans la folie de Jack Torrance est subtile et redoutable à la fois. La tension est palpable, tenace. A ce titre, toute personne avide de sensations fortes sera servie. Mais si on gratte un peu, au regard de tout ce qu'a pu dire récemment Stephen King lors de sa venue, l'éclairage est tout autre, la part autobiographique du livre se révèle : celle relative à l'écriture et à son processus, bien sûr, mais aussi celle ayant trait à l'alcoolisme et à la dépendance, sur les ravages engendrés par cette addiction, sur l'impact qu'elle ne manque pas d'avoir sur la personne qui la subit ainsi que sur son entourage. Et étant donné que Carole en parle très bien sur son site, je vous invite vivement à aller la lire, et n'hésitez pas à vous laisser tenter par ses autres suggestions au passage.

Pour ma part, je m'en vais sous peu consulter un certain docteur... Sleep.

13/12/2013

DoggyBags 4 /Singelin, Run, el diablo et Nicolab

 
Suspense, frisson et horreur !!, 3 histoires pour lecteurs avertis, 108 pages tout en couleurs et sans aucune concession, violence 100 % graphique. Voilà ce qu'on peut lire sur la couverture du 4ème numéro de Doggybags. Autant dire que si vous vous lancez dans l'aventure de cette bande dessinée hors normes qui n'est pas sans rappeler les contes de la crypte et autres pulps de la belle époque – les influences ne manquent pas - vous devez savoir à quoi vous en tenir.

Trois histoires donc qui vont puiser leur source dans les contes et légendes urbaines ou bien même dans notre actualité... En entrée une histoire au titre russe dont je serais bien incapable de vous prononcer -heureusement les auteurs ont bien voulu nous le traduire : « sélection » – qui raconte le naufrage d'un armateur véreux sur une île déserte. Il est le seul survivant avec sa toute récente épouse et un golgoth russe, ancien cuisinier qu'il avait viré la veille même de leur déconvenue. Et, comment dire, la cohabitation ne se fera pas sans heurts... Ensuite, en plat principal, Lady in white,. Un couple paumé en pleine nuit dans une forêt de l'Oregon croise le chemin d'une dame blanche qui pourrait être annonciatrice de bien des dangers... mais est-ce seulement une dame blanche ? Appeler de l'aide peut en tout cas coûter bien cher... Et enfin, en dessert, si tant est que votre estomac ait tenu jusque-là, une interprétation toute personnelle des auteurs retraçant la capture d'Oussama Ben Laden. Vous en voulez des frissons et de l'horreur, vous allez être servis!
  
Autant vous le dire tout de suite, quand j'ai appris que le 4ème tome de Doggybags allait sortir dans toutes les bonnes librairies BD, j'ai commencé par importuner mes voisins en brisant miroirs et vitres de mon appartement de ma voix dont... dont mes proches redoutent le timbre dès que je me mets à chanter. Une fois mon forfait accompli, une fois ma respiration revenue, j'ai appelé tous les amis que j'avais déjà pris le soin de contacter – harceler ? – pour la parution du deuxième et du troisième...

Aussi vous ne m'en voudrez pas si je ne m'appesantis pas spécialement sur les histoires contenues dans ce quatrième tome. Je vais vous parler de Doggybags dans son intégralité. Car, oui, Doggybags c'est un tout. Des histoires qui font peur, des histoires élevées à la violence et trempées dans le sang. Rien de gratuit pour autant. Au-delà de cet aspect on devine l'hommage à la littérature fantastique et d'horreur. Le format des doggybags est à lui seul évocateur. Semi-poche, à la couverture faussement usée, on trouve aussi à l'intérieur de fictives publicités totalement délirantes aux dessins qui fleurent bon les années 50 (pour exemple : construis ton minilabo de crystal meth : une superbe introduction au monde merveilleux de la chimie, 33 dollars 99 + frais d'envoi – avec coupon à découper) ; sans parler des dossiers thématiques en rapport avec les histoires elles-mêmes...

La vérité est dans les détails, dit régulièrement Stephen King. Ici, la maxime s'applique à bien des égards et s'avère si sensée qu'on se plonge dans ces histoires avec la même avidité qu'on pouvait avoir en regardant les films interdits au cinéma du haut de nos quatorze ans quand il en fallait seize, ou des lectures nocturnes à la lampe de poche, des histoires qui nous empêchaient de dormir. Bon maintenant, j'ai l'âge de lire Doggybags mais le plaisir est intact, mâtiné d'une fascination /répulsions tout à fait intense et savoureuse. Faites tourner !

 DoggyBags 4, de Singelin, Run, el diablo et Nicolab, Ankama éditions (Label 619), 2013, 120 p.

03/12/2013

Silo / Hugh Howey

La nouvelle collection de Science-Fiction, baptisée « exofictions » est une petite surprise pour ceux qui ont l'habitude de sentir battre le pouls des littératures de l'Imaginaire. Les éditions Actes sud avaient depuis quelque temps manifesté un certain intérêt pour le genre en publiant, dans leur catalogue général, des titres appartenant clairement au genre. Mais c'est à Hugh Howey que revient l'honneur d'inaugurer la collection avec Silo. Choix judicieux, Silo est un livre qui a su capter un large public aux Etats-unis en paraissant d'abord par épisodes sur internet, avant que l'auteur ne décide d'étoffer son histoire pour en faire un roman. Encore une success story que connaît de temps à autre le monde de l'édition...

Dans un futur post-apocalyptique, une partie des survivants s'est retirée sous-terre, dans un silo composé de 144 étages. Là, les règles sont strictes. Tout le monde doit obéir au « Pacte » pour éviter tout débordement qui emmènerait l'humanité à une perte définitive. Quiconque lui contrevient, quiconque est amené à évoquer le monde du dehors, la sanction est claire, nette, irrémédiable. Tout contrevenant est envoyé au dehors, à la mort, pour se soumettre au rituel du nettoyage, tâche consistant à laver les caméras extérieures sans cesse soumises aux ravages climatiques de l'extérieur. Fait étrange jusqu'à présent, tout le monde, malgré les griefs manifestés à l'encontre du Silo et de ses dirigeants, s'est soumis au rituel. Pourtant suite à la décision du shérif du de se soumettre au nettoyage, à la décision de la maire de le remplacer par une ouvrières des étages inférieurs, la voie de l'insurrection se fait entendre... pour le meilleur, ou pour le pire ? 
  
6 chapitres, 45 pages, c'est le temps qu'il faut pour être totalement convaincu de ne plus lâcher Silo. Le temps de suivre son shérif remonter aux sources de son lâcher prise, de suivre les traces de sa femme, de s'adonner au nettoyage, puis de mourir. Les derniers mots du chapitre laissent le lecteur dans un état d'hébétude qui ne le lâchera plus tant les événements qui vont suivre, les mystères et les révélations qui vont jaillir au fil du texte auront planté leurs crocs bien profondément dans son esprit.

Silo demande tout de même un effort. Il peut-être difficile d'imaginer une telle société réduite à évoluer sous-terre selon une organisation dont on apprend les lois au fur et à mesure. Mais c'est justement dans ce dévoilement successif, dans cette transposition du sentiment d'étouffement des personnages renvoyés au lecteur que Hugh Howey réussit son véritable tour de force. Nul doute que l'on peut voir là une représentation de notre société dans cette organisation pyramidale et hyper-hiérarchisée (tiens, ce n'est pas sans me rappeler une quatrième théorie ça...), où la population subit une pression redoutable, ne serait-ce qu'à travers le matraquage des lois, la surveillance et le contrôle dont elle est victime, et où le Pouvoir s'affranchit parfois allègrement de toute déontologie en usant de la dissimulation pour ne pas se mettre en péril. On est effectivement pas loin du 1984 de George Orwell avec cette phrase devenue si célèbre: "L'ignorance c'est la force". Le coup de pied dans la fourmillière, celui-là même par qui l'espoir va naître, c'est ici au personnage de Juliette qu'on le doit. A travers son tempérament, son obstination, son humanité, elle nous pousse à la suivre jusqu'au bout avec inquiétude et expectative. Il se pourrait d'ailleurs qu'on la retrouve un jour. Silo est devenu une trilogie. Le prochain tome racontera les origines du cataclysme qui a ravagé la terre, le suivant sera consacré au futur du Silo. 

L'impatience me gagne déjà mais j'ai déjà quelques bons livres qui me font de l'oeil en attendant, alors ça devrait aller...
 
Silo, de Hugh Howey, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Yoann Gentric et Laure Manceau, Actes Sud (Exofictions), 2013, 560 p.
CITRIQ

26/11/2013

The Cape / Joe Hill, Jason Ciaramella et Zach Howard

Il y a eu peu de bandes dessinées sur le blog à ce jour – une seule en fait – mais la donne pourrait changer d'ici peu, d'autant que je découvre de belles petites choses et que je me décide à en parler, même si je ne maîtrise pas totalement les codes ni même le vocabulaire du neuvième art.

Régulièrement, je supprime mon compte facebook, atterré par le tout et n'importe quoi que je peux y trouver : de l' « ami » qui affiche on ne peut plus clairement des idées politiques nauséabondes à celui qui vous informe de son rhume et de son incapacité à mettre la main sur un mouchoir... Mais je sais aussi que lors de ces déconnexions je loupe pas mal d'événements à même de rattraper cette rancœur épisodique. Heureusement, fort heureusement, je ne suis pas passé à côté des coups de cœur vidéo de la librairie Critic à Rennes, dans lequel, tenez-vous bien, figurait The Cape, comic inspirée d'une nouvelle de Joe Hill.

L'histoire est axée sur l'histoire d'Eric, victime d'un grave accident lorsqu'il était môme et qu'il jouait aux super-héros avec son frère Nicky. Emporté par son scénario, et muni de sa cape cousue avec l'écusson des marines de son père disparu au Vietnam, Eric était en effet tombé d'un arbre avant de s'empaler l'épaule sur la branche qui l'avait accompagné dans sa chute. Des années plus tard, marqué par des maux de tête incessants, l'enfant est devenu un homme un peu paumé. Il quitte sa nana, retourne vivre chez sa mère, se réfugie dans la cave et retrouve la cape qu'elle lui avait pourtant avoué avoir jeté. Il l'enfile, se met à voler...

A l'heure des séries à rallonge, je suis impressionné, tourneboulé, scotché d'avoir trouvé un one shot d'une telle densité, avec une histoire qui brasse tant de thèmes sans faire office de catalogue, tout en les abordant d'une manière sensible et percutante à la fois. Sensible parce qu'on touche à l'enfance, aux jeux qui les jalonnent et à l'importance qu'ils revêtent alors. Sensible encore parce que Joe Hill dans son histoire, parle du passage à l'âge adulte, de la relation avec les parents, de l'absence de l'un d'entre eux, de la relation amour / haine / jalousie fraternelle et des blessures qu'elle provoque. Sensible enfin, parce qu'il met l'accent sur les choix qui guident nos vies et la difficulté qu'on peut avoir à mesurer leur impact à plus ou moins long terme. Et percutant je le disais, parce qu'à travers cette histoire, Joe Hill nous raconte le mal, de sa naissance à son accomplissement irrémédiable, implacable et ravageur, citations d'Hemingway, de Auden ou Genet à l'appui. Il y a une scène particulièrement révélatrice dans ce comic qui va littéralement vous faire palpiter le palpitant à deux cent à l'heure tant la surprise est grande et ne comptez pas sur moi pour vous gâcher le plaisir. Mais lorsqu'elle survient - aouch ! - vos synapses vont en prendre un coup...

 Les dessins participent forcément à rendre cette sensibilité et cette force narrative dont je parlais. La tonalité dominante est assez sombre, hormis lors des souvenirs d'enfance et certaines scènes... déterminantes. Si la symbolique qui en résulte est ici assez évidente, elle n'en demeure pas moins efficace.

Je vous refourgue The Cape et j'en suis bien content ! Juste une chose : faites-en bon usage...

The Cape, de Joe Hill, Jason Ciaramella et Zach Howard, Milady (Milady Graphics), 2013, 160 p.


12/11/2013

Puzzle / Franck Thilliez



Parfois on s'évertue à lire un auteur parce qu'il a été à l'origine de belles découvertes, de très bons moments de lecture. Ouvrage après ouvrage, on espère qu'il en sera toujours de même. En tout cas, je ne sais pas si on peut y voir un lien de cause à effet mais depuis que Franck Thilliez a quitté les éditions du Passage pour Le FleuveNoir, je n'adhère plus du tout à ses livres. Je pense avoir facilement mis le doigt sur ce qui me dérange mais d'une fois sur l'autre, je tente le coup.

Premier point, la documentation. Franck Thilliez, on ne va pas lui jeter la pierre, engrange des informations sur les thématiques qu'il aborde. Seulement voilà, l'objet de ses recherches ne se fond absolument pas dans le récit. Souvent, trop souvent, j'ai ressenti le moment où l'auteur restituait celles-ci dans ses histoires, de façon plus ou moins fortuite. Il n'est pas rare en effet, en dehors des spécialistes rencontrés par les protagonistes principaux, de trouver un personnage qui connaît justement très bien telle ou telle donnée d'un problème à un moment clé, leur permettant à tous d'avancer dans la résolution d'un mystère.

Deuxième point, l'impression que le style n'est plus du tout au rendez-vous, que les livres parus depuis Syndrôme E jusqu'à Puzzle, s'inscrivent dans une lignée de livres aseptisés dont les ficelles sont par trop visibles. L'attention est apportée – et là encore ce n'est pas un mal – sur l'ambiance, sur l'atmosphère, sur la tension, avec ce qu'il faut de rebondissements, de volonté de surprendre, mais malheureusement, cela ne suffit pas. Il manque à ces livres ce petit supplément d'âme que j'avais pu trouver à différents degrés dans les autres.

Dans Puzzle, le schéma est à peu de choses près le même. Franck Thillliez a abandonné Lucie Hennebelle et Frank Sharko le temps d'un nouveau roman. Si le premier tiers est intrigant, plutôt bien mené, dès que l'on pénètre dans le huis-clos d'un hôpital psychiatrique à l'abandon, l'attention se relâche. C'est là en effet que se retrouvent les participants d'un jeu grandeur nature, Paranoïa, dont on sait peu de choses sinon qu'il les confrontera à leurs peurs les plus viscérales et que le vainqueur remportera 300 000 euros. La machine semble vouloir s'emballer, monter en puissance dès que les joueurs s'approprient les lieux. Pour moi, le moteur a calé. Puzzle s'est révélé lent, brouillon, répétitif et, tout compte fait, peu intéressant. Loin de moi pourtant l'envie d'être trop sévère : quand était paru La Chambre des morts, je travaillais en librairie et j'avais participé à la liesse générale autour du livre ; pour ce qui est de Puzzle, j'aurais eu du mal à le « vendre » aujourd'hui... 

Puzzle, de Franck Thilliez, Fleuve noir, 2013, 432 p.
CITRIQ

03/11/2013

Maître de la matière / Andreas Eschbach

Il y a des fois où c'est plus dur que d'autres de choisir un livre. Vous venez d'en terminer un superbe et embrayer sur une autre histoire vous semble impossible. Vous ne savez plus vers quel auteur vous tourner, vers quel genre non plus. Et puis voilà que les éditeurs semblent tous sortir leur atout de leur jeu et vous êtes là, devant la table de votre libraire préféré à devoir opérer un choix. Vous pourriez tous les prendre c'est sûr mais voilà, votre porte monnaie n'est pas extensible et les journées ne le sont pas plus. Alors vous lisez quelques pages ici ou là, histoire de vous imprégner du style de l'auteur, de l'essence de son roman, vous passez à l'autre, revenez au premier. Bref, vous connaissez le topo. 

Vous choisissez...

... ici s'arrête donc la chronique dont vous êtes le héros pour revenir à ma modeste personne et au choix qui s'est donc porté sur Maître de la matière d'Andreas Eschbach. L'histoire, c'est celle d'abord de deux gamins de dix ans, Charlotte et Hiroshi, qui se rencontrent au japon, commencent une amitié comme seuls les enfants semblent en être capables. Elle a la faculté de reconstituer l'histoire d'un objet rien qu'en le touchant, de tout connaître de celui-ci, jusqu'à son origine. Et lui, lui, il est disposé à rendre tout le monde heureux et libéré des entraves du travail. Il a pour cela eu une idée toute simple. Si simple qu'il se demande pourquoi personne n'y a songé avant lui. Il mettra tout en œuvre le long de sa vie pour y parvenir. Jusqu'à ce que Charlotte et lui, après s'être croisés à plusieurs reprises dans le courant de leur existence soient confrontés au mystère d'un artefact coincé dans la glace d'une île en Russie et qui n'est pas étranger à leur histoire, aux voies qu'ils ont suivies, aux choix qu'ils ont fait.
  
Je pourrais vous faire une chronique thématique, aborder un à un les sujets abordés dans ce livre, appuyer sur la pertinence des propos et considérations dont il se fait indéniablement l'écho. Que ce soit sur les questions environnementales, sur la répartition des richesses, les inégalités flagrantes qui gangrènent nos sociétés. Je pourrais aussi vous parler de l'évocation faite d'une humanité consciente des menaces qui la guettent mais qui rechigne pourtant à s'inscrire dans un changement radical, à envisager des voies divergentes d'évolution et de progrès sous prétexte que l'inconnu est synonyme de danger, qu'il implique le changement de statut d'une classe de nantis prête à tout pour préserver ses acquis...

Oui, je pourrais.

Mais non. Là aujourd'hui, maintenant c'est du plaisir simple de la lecture dont on va parler. Vous savez, ces petits signes qui ne trompent pas et qui, au final, valent bien des discours. L'immersion rapide dans les filets de l'histoire, la facilité à trouver bien des prétextes pour s'octroyer des plages de lecture, bénir l'attente chez le docteur, l'arrêt inopiné du train sur la voie sans aucune raison, et qui dure, heureusement ; imaginer ce qui va bien pouvoir se passer, être avides de connaître la suite tout en souhaitant ne pas terminer le livre trop rapidement ; fébriles de profiter de tout ce qu'il propose, de suivre cet homme qui a voulu garder ses rêves d'enfant, un homme qui à défaut de rester un enfant, justement, est devenu un génie dont on se demande s'il sera bon ou mauvais... 

En tout cas, quand on passe ainsi sans heurts d'une vision assez intimiste des personnages à des scènes de grand, très grand spectacle (et les mots sont pesés - ne vous étonnez d'ailleurs pas si votre voisin vous remet le menton en place quand les voies de la nanotechnologie s'ouvriront à vous...) - quand tout s'articule aussi bien donc, sans qu'Andreas Eschbach n'ait besoin de forcer le trait, on se dit que le livre d'après, il a intérêt à s'accrocher.... ou à accrocher tout court.

Maître de la matière, de Andreas Eschbach, traduit de l'allemand par Pascale Hervieux, éditions de l'Atalante (La Dentelle du Cygne) 2013, 640 p.
CITRIQ

20/09/2013

Polarama / David Gordon

Si d'aventure vous n'étiez pas d'humeur à lire, vous pouvez écouter  la chronique qui suit juste ici...

Harry Bloch, à ne pas cofondre avec le Harry Bosch de Michael Connelly est un écrivain protéiforme. Ou disons qu'il possède plusieurs cordes à son arc  : il sévit dans tous les genres, sous divers pseudonymes. Ça l'aide à ne pas tirer le diable par la queue et à assurer ses fins de mois, qu'il complète d'ailleurs en donnant des cours – entendez par là en faisant les devoirs – de Claire, une jeune lycéenne de quinze ans richissime. Parmi son panel de compétences, ce sont ses histoires de vampires écrits sous le nom de Mme Sybilline Lorindo Gold qui remportent un relatif succès auprès d'un lectorat ciblé. Cependant, c'est bien suite à L'Homme qui murmurait à l'oreille des salopes, sa chronique régulière assurée dans un magazine porno, que Darian Clay, tueur en série ouvrez les guillemets « artistique » lui propose un marché. Devant être exécuté dans moins de trois mois, l'homme compte bien mettre ses derniers jours à profit : il demande à Bloch d'écrire des histoires plus que suggestives après avoir rencontré les femmes avec lesquelles il entretient une correspondance très, comment dire, très explicite... En échange, il consent à ce qu'Harry écrive un livre sur lui et à lui donner des éléments clés sur les meurtres qu'il a commis, dont peut-être l'emplacement des têtes de ses victimes qui n'ont jamais été retrouvées.

Un petit conseil : méfiez-vous de David Gordon. Difficile de croire en effet que Polarama est son premier roman, comme l'indique la quatrième de couverture, tant il fait preuve de maîtrise, nous amène sur des sentiers insoupçonnés et insoupçonnables, usant de faux-semblants on ne peut plus savoureux. J'ai bien pensé un moment qu'un autre auteur se cachait derrière son nom, David Gordon ne manque d'ailleurs pas d'instiller le doute ici ou là. Mais bon ce serait passer après un certain Robert Galbraith, alias J.K. Rowling, et son appel du coucou qui va passer d'une impression de 1500 exemplaires à plusieurs centaines de milliers, le temps d'une heureuse ou malencontreuse fuite, on ne sait pas vraiment et à vrai dire, on s'en fout un peu....

Revenons donc à notre excellentissime Polarama dans lequel Gordonouquelquesoitsonnom joue délicieusement avec les codes du polar, invite à des séquences attendues par le lecteur pour finalement s'amuser de bout en bout à les décliner. Après avoir pris connaissance du résumé, on est prêt à subir une tension toute Hannibal Lecteurienne, à assister à un choc des personnalités, à éprouver une empathie toute Dexterrienne pour Dorian Gray – pardon, Darian Clay -, empathie très à la mode en matière de tueurs en série - de fiction, est-il besoin de le préciser ?

Au lieu de quoi, Gordon nous propose tout à fait autre chose avec son trio d'enquêteur hautement improbable (un anti-héros écrivain presque raté et désabusé, une stripteaseuse énigmatique, sœur d'une des victimes de Clay, une lycéenne malicieuse au culot réjouissant), un trio, donc, qui subit plus qu'il ne résout l'énigme entourant les meurtres perpétrés par le tueur en série, puis ceux commis successivement sur les femmes interrogées par Harry dans le but d'écrire ses histoires cochonnes.

Improbables personnages, improbable enquête, improbable (s?) coupable(s?) (ne pas trop en dire...).mais réussite totale que ce Polarama, lequel fourmille de clins d'oeil au cinéma et à la littérature de genre, tout en faisant preuve d'un humour ravageur. Gordonouquelquesoitsonnom démontre de façon magistrale qu'on peut faire du neuf avec du vieux, du vieux avec du neuf, avec ou sans rebondissements tirés du chapeau. Chapeau, donc, monsieur... ou madame...

Polarama, de David Gordon, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laures Manceau, Actes Sud (actes noirs), 2013, 416 p.

 

15/09/2013

En attendant la vague et l'Arbre à bouteilles

J'ai mis le temps mais voilà, chose promise (cf, les deux derniers billets)... chose à moitié due.

Vous allez comprendre.

En attendant la vague, livre magnifique signé Gianrico Carofiglio est sans doute le plus beau livre que j'aie lu cette année. C'est aussi celui à ce jour dont j'ai le plus de mal à parler. Peut-être parce que je suis tombé sur le compte-rendu qu'en a fait Bad Chili et qu'il exprime mieux que je ne pourrais le faire tout ce qu'il y a à dire sur ce livre. Qui plus est, j'aurais l'impression de m'adonner à du plagiat si je m'y aventurais. Aussi, je vous renvoie tout naturellement vers l'article concerné, juste là. Mais vraiment, lisez, lisez ce livre !

Et je passe donc maintenant à L'Arbre à bouteilles de Joe R. Lansdale.

Léonard vient de perdre son oncle Chester. Il ne le voyait plus depuis qu'il avait annoncé son homosexualité au vieil homme. Malgré cette distance et leurs désaccords, le vieil homme lui a légué pas moins de cent mille dollars et une vieille bicoque à retaper, à Laborde, Texas. Sans compter un tableau et des bons de réduction... Pour l'aider dans sa tâche, Léonard demande à son vieil ami Hap de lui filer un coup de main. Ils ne seront pas trop de deux pour remettre la maison d'aplomb. Si la tâche est ardue, elle se complique de manière tout à fait déconcertante lorsqu'ils découvrent le squelette d'un enfant dans une malle, laquelle contient aussi des revues pédophiles et des bons de réduction identiques à ceux que l'Oncle Chester a légué à Léonard...

L'Arbre à bouteilles est le second volume des aventures consacrées à Hap Collins, narrateur de cette histoire, et Léonard Pine. Il est étonnant que le premier volet – Savage seasons – n'ait pas été traduit en français, mais rassurez-vous, ça ne gêne en rien la lecture de celui-ci tant il captive de bout en bout. Grâce à l'évocation " du quartier noir de La Borde, pour les uns, la 'ville nègre' pour d'autres et la 'banlieue est' pour le reste ", et de ce qu'elle implique dans les rapports entre les différents protagonistes de cette histoire : problèmes d'identité et de place dans la société américaine, voire dans un état qui, rappelons-le, n'est pas exempt de dérapages racistes. Et encore, le mot est faible... Ces aspects fondus dans le récit lui servent de toile de fond. Ils apparaissent dans la relation qu'entretient Hap avec la jeune femme chargée d'assurer la succession des biens de l'oncle Chester, à travers le cas de conscience qui s'impose à elle en fréquentant un homme blanc, en n'osant pas sortir avec lui en ville au regard de tous. Mais ils se révèlent aussi dans l'amitié on ne peut plus forte et complice que nourrissent Hap et Léonard, tendrement vacharde par moments, et qui prend aussi ses racines dans leurs différences.

Cependant, Joe. R. Lansdale va aussi au-delà de ces considérations. Dans le contexte de misère et de chômage du quartier de Laborde où la drogue se vend au vu et au su de tous, y compris de la police sans que celle-ci ne puisse ou ne veuille rien y faire, il livre aussi une charge bien sentie contre les prédicateurs de tous poils. De ceux si farouchement enferrés dans leur croyance et leur doctrine, qu'ils deviennent aveugles au bon sens, hermétiques à l'ouverture, à la différence, pourvoyeurs d'une Pensée unique. Dangereux.

L'arbre à bouteilles, je vous le dis, est un polar enthousiasmant, riche, rythmé, drôle, délicat et qui ne manque pas de... de punch. Le genre de polar qui vous fait aimer le polar, rien que ça.

En attendant la vague, de Gianrico Carofiglio, traduit de l'italien par Nathalie Bauer, Seuil, 2013, 276 p.
L'Arbre à bouteilles de Joe R. Lansdale, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Blanc, Gallimard (Folio policier), 2004, 352 p.

03/08/2013

Ciels de foudre / C.J. Box


Oui je sais. Dans la dernière chronique, je vous avais fait miroiter un billet sur L'Arbre à bouteilles et En attendant la vague. J'avais juste oublié que C.J. Box était passé avant et je voulais en parler avant que ma mémoire ne l'égare complètement. Parce que, à mon humble avis, ce Ciels de foudre ne fera pas date.
  
Tandis qu'il ramène chez elle l'amie de sa fille Sheridan, Joe Pickett, garde-chasse du Wyoming, est témoin d'une violente rixe impliquant le père de la jeune fille et ses deux frères. Leur mère Opal Scarlett à peine disparue dans la rivière, les voilà qui se déchirent pour la succession du ranch dont l'étendue et le potentiel en font l'un des plus prestigieux de la région. Alors que la rivalité qui oppose les trois hommes bouleverse l'équilibre de Saddlestring et de ses environs, un homme, John Wayne Keeley, prépare sa vengeance à l'encontre de Joe. Il ne compte faire aucun quartier...

Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre. A force de dire là, et là que C.J.Box montait à chaque fois d'un cran dans ses enquêtes consacrées à l'inspecteur Joe Pickett, je me doutais bien que ça ne pouvait pas durer. Je n'espérais pas un essoufflement, j'avais juste dans un coin de la tête l'idée qu'il pourrait survenir à un moment ou à un autre. C'est parfois le cas avec les héros récurrents. Ils nous deviennnent tellement familiers qu'ils ont parfois du mal à nous surprendre. Les schémas se répètent, de même, semble-t-il, que les scènes de leur vie quotidienne, par lesquelles nous sommes aussi venus à les apprécier. C'est le cas ici, que ce soit dans l'opposition entre Joe et sa hiérarchie ou dans les déboires familiaux qu'il rencontre, notamment avec sa belle-mère, revêche parmi les revêches.


Esoufflement aussi, peut-être, parce que C.J. Box, avec l'apparition de John Wayne Keeley, va puiser dans une précédente enquête pour en constituer une nouvelle. Comme s'il n'avait pas pu trouver le moyen de se renouveler autrement, le temps de ce roman. Une petite facilité bien utile en tout cas pour relever une intrigue peu enthousiasmante. L'opposition des frères Scarlett et le mystère planant autour de leur mère, de ce qu'elle est devenue, ne sont en effet pas des plus palpitants. Si C.J. Box maîtrise son cadre, le Wyoming et ses grands espaces, s'il maîtrise aussi ses personnages clés, il ne parvient pour autant jamais à surprendre. Ciels de foudre, malgré son titre est un livre qui ronronne, d'une absence évidente de nuances. Et c'est d'autant plus surprenant que C.J. Box, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ne nous avait pas habitué à ça. Qu'à cela ne tienne, ça ne m'empêchera pas de juger sur pièces avec le prochain...

Ciels de foudre, C.J.Box, traduit de l'américain par Etienne Menanteau, Seuil (Points), 2010, 340 p.

19/07/2013

Une Fiat rouge, un livre qu'a fait Tropper, des QR-Code étranges et Miséricorde

Une fois n'est pas coutume, les lectures s'enchaînent sans que je prenne le temps de coucher mes impressions sur le clavier au fur et à mesure. Alors voici un nouveau petit diaporama des livres lus ou écoutés dernièrement. Au programme : un peu de tout.

En travaillant en médiathèque, vous vous doutez bien que la tentation est grande d'emprunter les bouquins. D'autant plus lorsque ladite médiathèque est imposante et que le budget suit. Je ne dis pas ça pour enfoncer le clou auprès de certains de mes consœurs (spéciale dédicace à Blop) ou confrères qui savent que mon budget d'acquisitions de polars est équivalent à celui dévolu à leur établissement dans sa globalité. Non, il s'agit pour moi d'illustrer la difficulté que l'on peut avoir à résister devant tant de livres vous appelant du dos ou de la couverture quand on les remet en rayon. Néanmoins, en ce qui me concerne, il y a deux moments où cette tentation est particulièrement difficile à juguler : au retour de l'équipement et le samedi, bizarrement, où quelque chose doit planer dans l'air, la décontraction communicative des lecteurs, qui sait...

L'autre jour, un samedi où l'empruntomètre était à son maximum, j'ai donc jeté mon dévolu sur Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage de L.C. Tyler. Un roman présenté comme un petit bijou d'humour anglais sur fond de polar. Le livre est effectivement plutôt drôle au début mais... seulement au début. L'ennui pointe vite le bout de son nez et l'humour n'est pas aussi ravageur que le laissaient entendre la quatrième de couverture et les rabats, lesquels revêtent de plus en plus les fards du marketing. Il y a bien quelques petites saillies assez croustillantes dans le livre, des clins d'yeux relatifs à l'écriture du polar, une mise en abyme de circonstance, mais voilà, ça ne casse finalement pas trois pattes à un canard. Je suis pourtant assez friand d'humour britannique en général, mais apparemment pas à celui de L.C. Tyler qui, pour info, frappera à nouveau dès septembre avec les mêmes personnages dans Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire. Je ne pense pas tendre l'autre joue.

 



Il y a d'autres fois où l'empruntomètre auquel je faisais allusion n'a pas le temps de se manifester. Vous rentrez de congès ou de week-end. Frais. Dispo. Et là,vous avez la surprise, teintée de joie et d'appréhension de découvrir la pile de bouquins que vous aviez réservés dans une fièvre n'ayant pu être assouvie, tout ça parce que quelqu'un s'est mis en tête de lire avant vous les titres que vous recherchiez. Si ce n'est pas la pile de livres réservés, c'est un ouvrage laissé par votre collègue avec écrit sur le post-it posé dessus : « Il faut que tu le lises ! ». C'était vraiment bien vu la dernière fois avec L'art du jeu de Chad Harbach, ça l'a été tout autant avec Une dernière chose avant departir de Jonathan Tropper. Bon, elle n'a pas pris de grands risques la collègue, nous affectionnons tous deux cet auteur. A vrai dire, lui non plus n'a pas pris de grands risques. Tropper connaît toutes les ficelles de la comédie et il n'hésite pas à les utiliser. Mais à si bien les utiliser que le livre se lit avec une avidité certaine : des personnages hauts en couleur, des dialogues qui font mouche et suscitent le rire, des situations cocasses. Pas étonnant tout compte fait que le nom de Jonathan Tropper apparaisse au générique d'une série, Banshee, même si en l'occurrence le ton est un peu plus grave. Personnellement, j'ai trouvé Une dernière chose avant de partir un peu en deçà de C'est ici que l'on se quitte (lui-même bientôt adapté au cinéma) mais il serait tout de même dommage de bouder son plaisir...un plaisir idéal pour la période estivale, qu'on se le dise.


Ensuite. Ensuite, un peu de lecture ado, de bonne lecture ado, signée Claire Gratias. A croire que je fais dans la récurrence des auteurs mais après Opération Maurice et le Signe de K1, lire le premier tome d'Orphans, la double disparition, a sonné comme une évidence. Marin, à 17 ans, est à un âge où il manifeste ses désappointements de manière un peu vive. Notamment auprès de sa famille. Peu de temps après une altercation avec sa mère, le jeune homme reçoit un texto énigmatique : « Il y a des jours où tu rêverais d'être orphelin ? Tu ne supportes plus tes parents ? Deviens acteur de ta vie. Rejoins-nous sur www.project.orphans.com ». Une chasse au QR Code en pleine ville et le voilà tout à coup transporté dans ce qui semble être une réalité parallèle. Car là où il a atterri, ses parents sont morts, sa sœur n'a jamais existé. Qui plus est son oncle et sa tante semblent être rassurés de le revoir après sa disparition... Dans ce premier tome, Claire Gratias pose toutes les bases de son histoire, lève plus de mystères qu'elle n'en dévoile, sans que cela se révèle gênant. Au contraire. Le contrat est plus que rempli, l'attente est là. La suite est prévue en octobre.



On continue ? On change de registre et de support avec Miséricorde de Jussi Adler Olsen. Le texte est lu par Eric Herson Macarel, lequel a prêté sa voix à plusieurs ouvrages, tous genres confondus et, à l'entendre, on comprend pourquoi. Sa voix capte immédiatement l'auditeur, favorise la concentration, et révèle toutes les subtilités d'un texte. Pour autant, ce n'est pas à son style que Miséricorde doit son intérêt, ni à son intrigue dont on devine assez vite les tenants et les aboutissants. Alors si ce n'est ni le style ni l'intrigue que reste-t-il donc à ce livre qui mérite qu'on s'y attarde, me direz-vous ? Les personnages sans doute, et les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres : l'inspecteur Mørck, désabusé après avoir perdu un de ses coéquipiers dans une affaire tandis qu'un autre se retrouve paralysé à vie. Lui s'en est finalement plutôt bien sorti mais il n'a plus goût à rien. Même ses supérieurs veulent le mettre au placard - le sous-sol de la préfecture de police - en saisissant l'opportunité de la création d'une nouvelle cellule dévolue aux enquêtes inabouties, le Département V. Pour lui servir d'homme à tout faire, on lui attribue les services d'Assad, un réfugié politique syrien, dont le sens de l'observation, la bienveillance et la perspicacité vont l'amener à devenir l'assistant direct de Mørck. Comme je le disais, l'intrigue ne laisse pas la place à beaucoup de surprises. Néanmoins, pour le lecteur, le jeu consistera plus à se demander comment l'histoire sera résolue, par quels biais et quels sacrifices les personnages en viendront à bout. Et si l'on regarde Miséricorde sous cet angle là, c'est vraiment très bien fait. Qui plus est, on ne rechignera pas à retrouver Mørck, Assad, et bien d'autres encore, dont on sent que l'importance s'étoffera dans les prochains ouvrages. A suivre donc avec Profanation et Délivrance.

Voilà, voilà, voilà, c'est fini pour aujourd'hui. Il y a de fortes chances que je revienne bientôt vous causer de L'Arbre à bouteilles de Joe.R. Lansdale et de En attendantla vague de Gianrico Carofiglio. Du lourd, du très lourd. Du très très très très très lourd. Dernièrement on m'a conseillé d'adopter l'attitude « less is more ». C'est pas toujours facile. Mais bon, on n'a pas idée non plus d'écrire de tels chefs-d'oeuvre !

Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler, traduit de l'anglais par Julie Sibony, Sonatine, 2012, 231 p.
Une dernière chose avant de partir, de Jonathan Tropper, traduit de l'américain par Christine Barbaste, Fleuve noir, 2013, 336 p.
Orphans, tome 1, Double disparition, de Claire Gratias, Rageot, 2013, 288 p.
Miséricorde, de Juri Adler Olsen, traduit du danois par Monique Christiansen, lu par Eric Herson-Macarel, Audiolib, 2 CD MP3, 14 h 34 et aux éditions Albin Michel, 496 p.

22/06/2013

Qui ? / Jacques Expert

Qui ? La question est posée. J'allais dire qu'elle ne quitterait pas le lecteur de la première à la dernière ligne mais en réalité ça peut ne pas être le cas. Car personnellement, cette interrogation m'a assez vite parue superflue. Pourquoi ? On va se pencher sur cette autre question.

Qui ? C'est l'histoire d'un meurtre survenu en 1994 à Carpentras, dans le lotissement du Grand Chêne. Le meurtre d'une enfant, assassinée et violée. Jamais résolue, l'affaire a beaucoup fait parler d'elle. Dix-neuf ans plus tard, une émission télévisée revient sur les faits, remet en perspective le déroulement de l'enquête, ses rebondissements. Le soir de sa diffusion, quatre hommes la regardent, en compagnie de leur épouse. Quatre hommes parmi lesquels figure l'assassin.

Ceux d'entre vous qui auront déjà lu Jacques Expert savent l'attention toute particulière qu'il apporte à la construction de ses histoires. Il les peaufine, les soigne dans le seul but de surprendre le lecteur, de déjouer les certitudes qu'il peut avoir. Adieu en est sans doute l'exemple le plus révélateur. Le problème avec Qui ? vient paradoxalement de cette attention portée à la construction du récit. En invitant ouvertement le lecteur à devenir l'enquêteur de l'histoire, Jacques Expert a trop verrouillé son récit. Derrière chaque indice disséminé à travers la voix d'un des suspects, on devine sa volonté d'ouvrir des pistes, lesquelles se referment presque aussitôt lorsque la focalisation se fait sur un autre assassin potentiel.

La faute en incombe peut-être à l'approche du récit. On prend en effet connaissance de l'environnement de l'assassin dès sa prise de parole dès le prologue : marié, père de deux enfants, fille et garçon, il trouve une certaines quiétude dans le jardinage. Les quatre hommes auront les mêmes caractéristiques. Au fil des pages, le profil du tueur va s'étoffer et chaque fois, chaque fois, les éléments qui le constituent pourront s'appliquer à chacun des suspects. Ceux-ci semblent tous identiques, presque indissociables. Si bien qu'au final, l'identité du meurtrier enfin révélée ne surprend guère, quand bien même toute la construction du récit s'articulait autour de sa divulgation. L'intérêt s'est émoussé au fil de la lecture. Dommage, mais que ça ne vous empêche pas pour autant de lire les autres livres de l'auteur.

Qui ?, de Jacques Expert, Sonatine, 2013, 350 p.

11/06/2013

Tir groupé


Beaucoup de lectures en ce moment sans pourvoir trouver un moment pour en parler. On répare tout ça dans la minute. Vous verrez il y en aura pour tous les goûts, du récent au moins récent – le mot d'ordre dans ce petit coin de web étant toujours de suivre les envies de lecture, et si celles-ci s'avèrent fluctuantes, tant mieux ! Dans tous les cas, j'espère que cela donnera un éclairage suffisant pour vous donner envie de les lire.

On commence avec Gurvan, de Paul-Jean Hérault. Ma lecture de Cal de Ter, du même auteur n'est certainement pas étrangère au fait que je me suis plongé dans ce livre. Le Space Opera reste l'un de mes genres de prédilection de la Science-Fiction – avec les histoires de voyage dans le temps, comme je le soulignais il y a peu et avec Gurvan, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en matière de batailles spatiales et de réflexion subséquente aux guerres, on est servi.

Dans un conflit dont tous les protagonistes ont semble-t-il oublié l'origine, Gurvan officie comme pilote de vaisseau. Issu d'un Matérédu, sorte de centre d'élevage d'humains destinés à servir de chair à laser, il n'a rien connu d'autre que la guerre. Il sait ses jours comptés et il accepte docilement le sort inéluctable qui lui est réservé. Les statistiques parlent d'elles-mêmes : la durée moyenne de survie d'un soldat est de 61 missions.

Dans cette intégrale regroupant trois titres parus en 1987 et 1988 dans la célèbre collection « Anticipation » au Fleuve noir (Sergent-pilote Gurvan ; Gurvan : les premières victoires ; Officier-pilote Gurvan), j'ai donc effectivement retrouvé toutes les qualités – et quelques menus défauts - déjà soulevés dans Cal de Ter. On passe donc très vite sur l'historiette d'amour un tantinet mièvre ainsi que sur l'aspect un peu daté qui affleure parfois au détour d'une expression... pour nous attarder sur ce qui finalement, rend ce livre vraiment prenant, au point même qu'il sera bon de continuer l'aventure avec d'autres protagonistes évoluant dans le même univers dans le Bricolo. Le style de Paul-Jean Hérault est efficace, limpide, ça coule tout seul aurait-on envie de dire, et en bon amateur de Galactica, voire même Battlestar Galactica, on se plaît à suivre les scènes de batailles spatiales habilement décrites, à faire corps avec l'escadre de Gurvan. Et au-delà de cet aspect purement esthétique, on ne peut que reconnaître l'efficacité de l'approche de l'auteur vis à vis du conflit opposant les Terriens à... à qui d'abord ? Très longtemps, le lecteur ne sait effectivement rien de l'origine de la guerre et, hormis les vaisseaux ennemis, ne sait rien non plus de la nature des adversaires de Gurvan. La guerre apparaît alors dans toute son absurdité, quand l'escalade a fait son travail de sape, que méconnaissance de l'autre et aveuglement amènent à tuer pour ne pas être tué. Encore une fois, Paul-Jean Hérault signe du Space Op' comme on aimerait en lire plus souvent...


Autre temps, autre univers, autre bonne surprise (mais en est-ce réellement une ?) avec Bombe X de Ludo Sterman. Je savais que l'auteur travaillait sur un deuxième roman après le remarquable Dernier shoot pour l'enfer. En revanche, je ne savais pas que Julian Milner, son personnage, allait reprendre du service. Grand bien lui fasse même s'il en bave pas mal dans cette affaire baignant une fois de plus dans le sport et ses magouilles...des magouilles que Julian n'a de cesse de dévoiler.

A croire que l'investigation, les Milner ont ça dans le sang, dans les gênes. Le père d'abord, dont Julian sait pourtant si peu, puis son frère, retrouvé comateux sur une aire d'autoroute suite à une agression dont tout porterait à croire qu'elle était préméditée. Julian au fond du trou, pas encore remis du tumulte suscité par l'affaire Novella, en proie au doute, esseulé, décèle assez rapidement que son frère a dû toucher à quelque chose de gros, de très gros, pour qu'on cherche ainsi à le réduire au silence. Il ne se trompe pas. Il va en effet entrer de plein fouet dans les arcanes du dopage dans le cyclisme. Au péril de sa vie, il va dénouer un à un les fils de cet écheveau où petits et grands voyous, mafieux de tous poils, travestissent la beauté d'un sport et les espoirs de jeunes coureurs...

Plus sombre, plus noir que Dernier shoot pour l'enfer, plus incisif aussi, Bombe X fascine. Par l'éclairage apporté sur le dopage – la course ne se jouant plus sur une route mais dans des labos -, sur la complaisance d'un journalisme qui n'hésite pas à fermer les yeux, intérêts communs en jeu, par la tension qui s'en dégage irrémédiablement, mais aussi par l'attention toute particulière faite aux personnages de cette histoire, touchants et exaspérants à la fois, femmes et hommes, seconds rôles ou pas. Le background est là, laisse présager que Julian Milner n'a pas fini sa quête, que la tempête qui couve en lui n'a pas fini de s'exprimer. Je la suivrai de près...

On terminera, assez rapidement il faut dire, avec le dernier Philippe Djian, « Oh... ». Pourquoi rapidement ? Parce que tout a été dit à son propos, ou presque.

« Oh... mon Dieu » ? « Oh...putain » ? On laissera au lecteur le soin de découvrir ce qui se cache derrière ce titre énigmatique que Philippe Djian dévoile – mais le fait-il vraiment ? - en toute fin d'ouvrage. On retrouve ici tout ce qui fait la qualité de ses livres : la finesse de l'écriture et des personnages, faisant preuve une nouvelle fois d'une ambivalence avérée, ni tout blancs, ni tout noirs, pervers, sincères et faillibles. A la différence cette fois-ci que Philippe Djian abandonne le « je » masculin pour un « je » féminin. Il fallait oser s'immiscer ainsi dans la peau d'une femme, d'autant que celle-ci a été victime d'un viol dont elle gère l'impact avec un certain... détachement. Je n'en dirai pas plus, si ce n'est que Djian ne finit pas de surprendre... dans le bon sens du terme.


Gurvan, de Paul-Jean Hérault, Critic, 2012, 455 p.
Bombe X, de Ludo Sterman, Fayard (Fayard noir), 2013, 416 p.
"Oh...", Philippe Djian, Gallimard (Blanche), 2012, 240 p.


21/05/2013

La Quatrième théorie / Thierry Crouzet


Fichtre ! Quel livre !

En entamant la Quatrième Théorie de Thierry Crouzet, l'image d'un bâton de dynamite s'est imposée à moi. L'auteur allume la mèche dès les premières lignes. Très vite, c'est l'explosion. La déflagration est telle que les personnages sont propulsés, malgré eux, dans le maelström d'une réalité sidérante à laquelle ils doivent faire face. Il en va de leur survie, de celle de leurs proches aussi. Puis, au fil de la lecture, une autre image m'est venue. Celle d'un Big Bang.

Pleins phares, au son des Slash

Eclosion de la Quatrième théorie.

Idé revient de Paris. Il regagne sa maison de campagne dans le Lot-et-Garonne où l'attendent sa femme, Mitch, et ses deux enfants, Tom et Ana. Ce soir, il doit aussi revoir son ami Jos, perdu de vue depuis vingt ans. A l'époque, ils jouaient ensemble les pirates du Net. Mais les retrouvailles sont tout à coup compromises. La route est bloquée. Accident de voiture. Sur les lieux, Idé trouve un téléphone. Celui de Jos, qui sonne. Idé doit fuir. Lui et les siens doivent fuir. Ils sont en danger. Trois jours durant, ils seront tous au cœur de la guerre opposant les Croisés et le Freemen, se découvriront sous un jour insoupçonné, sans connaître de répit.

Avant d'être publiée en support papier, La Quatrième théorie a entièrement été écrite sur twitter, avec la contrainte de 140 caractères par phrase. Au début, celle-ci aura surtout permis à Thierry Crouzet de suivre l'impact de son histoire auprès de ses lecteurs, l'amenant parfois à la moduler en fonction de leurs réactions, de leurs retours. Bien plus que l'exercice en lui-même, c'est l'aspect expérimental de l'écriture qu'il semble important de souligner, pour la dynamique qu'il a engendré, que ce soit pour l'auteur lui-même ou pour ses followers : de l'état embryonnaire au tweet, du tweet au livre.

Le résultat est là, dans une alliance parfaite du fond et de la forme. Le style mitraillé, le staccato des mots restitue de manière immersive la frénésie du monde dans lequel Idé, Mitch, les Croisés, les Freemen, la société, évoluent. Notre monde. Derrière l'action, derrière cet emballement généralisé, dynamité par les nouvelles technologies, dont chacun essaie de se dépêtrer, se dévoile le territoire des idées. Croisés contre Fremmen. Les premiers accrochés au pouvoir, à la vision pyramidale, hiérarchisée de la société. Les seconds totalement démarqués de cette approche et prônant la mise en place d'un réseau décentralisé, par lequel l'individu n'aurait pas à subir la pression impulsée par les Croisés. Dire les choses ainsi pourrait laisser croire que Thierry Crouzet impose une vision très manichéenne. Or à la lecture de la Quatrième théorie, on voit très bien, très vite, qu'il n'en est rien.

-Les Freemen ne sont-ils pas ceux qui n'appartiennent à aucun parti ?
-Ils s'opposent à des partis. En conséquence, ils sont dans le parti d'en dehors, dans un non-parti.
-Est-ce possible de n'être ni dedans ni dehors, ni contre ni avec ? Demanda Idé.
-Je n'en suis pas sûr, j'essaie.

L'auteur ne se place jamais en position de donneur de leçon, de chantre de la révolution. Il ne cède pas non plus au renoncement. Son credo serait, une fois de plus, celui de l'expérimentation. Dans le sens où il serait possible de s'affranchir des codes sociétaux tels que nous les connaissons. En proposant, en testant de nouvelles voies, sans que ce soit au détriment de l'individu. Bien au contraire celui-ci devrait avoir toute latitude à s'exprimer, à devenir acteur de sa vie et responsable de sa place dans la société.

Joseph m'a souvent parlé de toi. De ton aspiration à une existence ordinaire. C'est tout à ton honneur. Mais arrive un moment où même l'ermite ne peut plus se tenir à l'écart des égarements de hommes.

On perçoit très clairement la portée humaniste d'une telle perspective, celle-ci se révélant jusque dans l'expression de la Liberté et de l'importance du lien social, de notre rapport au monde.

Roman d'action et roman d'idées, on ressort de la Quatrième théorie avec 1) l'impression d'avoir lu un livre insolite qui vaut sacrément le détour - voyez-y l'image un peu éculée de l'OLNI si vous voulez, 2) l'envie de le faire lire à pas mal de monde – faudra que je le file à mon banquier tiens... 3) les cellules en ébullition... d'autant que pas mal de faits relatés sont issus de notre réalité et laissent plus que perplexe... stupéfait.

Ne jamais interdire, toujours comprendre.

CITRIQ  

La Quatrième théorie, de Thierry Crouzet, Fayard (Fayard noir), 2013, 541 p.