25/02/2009

Naissance d'un cadavre

Et voilà ! Je n'ai pas maintenu le cap que je m'étais fixé en me lançant dans ce blog. A savoir ne parler que des livres que j'aurais lu, évoquer mes impressions de lecture, donner la parole aux auteurs... Mais j'ai failli. J'ai été obligé d'effectuer un atterrissage forcé dans une contrée inconnue à vous donner froid dans le dos... A ce que j'ai compris, il y est aussi question de littérature mais je serais bien en peine de vous dire ce qu'il en est exactement. En me relevant de cette chute éprouvante, j'ai trouvé un billet à terre susceptible de me mettre sur la voie. Peut-être serez-vous à même d'y voir plus clair que moi, qui suis encore déboussolé. Je vous livre le message tel qu'il m'est apparu:


La Médiathèque André Malraux est heureuse de vous faire part
de la naissance de son premier
CADAVRE EXQUIS.

Mais le nouveau-né ne pèse encore que trois misérables épisodes
et demande à être alimenté de toute urgence sous peine
de voir sa
– courte – vie remise en cause.

Cela se passe sur le port
ail de la MAM :
http://www.mediatheque-beziers-agglo.org


et la date limite de retour de l'épisode 4 est
le
mardi 10 mars 2009 9h59
à l'adresse suivante :
cadavreexquis@beziers-agglo.org


Si le cœur vous en dit, lancez vous dans l'aventure ! A ce que j'ai compris, tout le monde (!) peut faire en sorte que ce cadavre grandisse et... prenne du poids. En ce qui me concerne, il me reste de la route à faire pour retrouver ma chronique à venir. Mais j'ai bon espoir. Je crois avoir retrouvé le chemin.


20/02/2009

Quelques questions à... Grégoire Hervier

Rassurez-vous ! Tous les commentaires que vous pourriez faire à l'écoute de cette interview menée par Calamity Jane ne seront pas enregistrés, et personne, ô grand personne, ne remontera jusqu'à vous pour avoir plus que tendu l'oreille aux propos de Grégoire Hervier. Alors n'hésitez pas à vous y plonger, et si vous voulez même prolonger cette immersion dans Zen City, laissez vous guider dans la description du site effectuée par Gentille Pestouille. Voilà, par contre, si vous voulez bien vous déplacer un petit peu sur la gauche vous êtes un peu à contre-jou....mais non, je ne vous vois pas....Personne ne vous voit. Allez, tous à vos clics !



tilidom.com

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17/02/2009

Peindre au noir / Russell James

Suite au décès de l'un de ses plus proches amis, Sidonie Keene, 85 ans, une femme au panache avéré et à la personnalité bien trempée, se fait un devoir de se rendre aux funérailles. C'est l'occasion rêvée pour Hugo Gottfliesh, un marchand d'art sans scrupules. Il envoie l'un de ses sbires , Ticky, fouiller la maison de la la vieille femme afin de confirmer ses soupçons. Il est en effet persuadé que Sidonie possède encore des tableaux de sa défunte sœur, Naomie Keene, dont l'apparition régulière de toiles sur le marché n'a eu de cesse de faire grimper sa cote. Cette intrusion marquera le début des confessions de la vieille femme, de ce que fut sa vie mondaine dand les années trente en Angleterre et de ses voyages fréquents en Allemagne.

Une nouvelle fois, le Mal incarné par le régime nazi s'invite dans le polar. Du déjà vu apparemment, d'autant qu'il est ici question d'art et de ténébreux secrets que d'aucuns auraient tout intérêt à laisser enfouis. Seulement Russell James aborde sa plongée dans l'Histoire d'une manière tout à fait surprenante, voire dérangeante au premier abord. Il apporte un éclairage nouveau sur certains aspects historiques de l'entre-deux guerres, méconnus, en ce qui me concernait : l'adhésion aux thèses fascistes par toute une partie d'européens encore ébranlés par les ravages de la crise de 29, et admiratifs en quelque sorte de la renaissance de l'Allemagne dans un contexte encore plus ardu.

En donnant la parole à une vieille femme partageant les thèses fascistes, Russell James cherche à ébranler le lecteur (cela fonctionne à merveille) mais en dehors de toute adhésion à l'ensemble des propos de Sidonie, il tend à montrer que le Mal n'était en aucun cas perpétré ni partagé par des monstres, des êtres assoiffés de sang et de revanche coûte que coûte, mais bel et bien par des êtres humains ancrés dans une époque bouleversée, ce qui lui a conféré un poids d'autant plus redoutable.

Néanmoins, c'est à travers ces focus récurrents et cette mise en garde implicite - personne n'est à l'abri - que l'histoire a sombré en cours de route. Elle n'est plus parvenue ensuite à se remettre à flot, pas même avec ses personnages pourtant délicieux et une fin trop vite prévisible.

"Il nous offre un roman noir d'une exceptionnelle tenue, un portrait dense et documenté de la figure du Mal dans toutes ses ambiguïtés.", mentionne la quatrième de couverture. "Documenté". C'est exactement cela. A un point tel que j'ai vraiment eu l'impression que partie documentée et partie fictionnelle ont évolué en parrallèle sans jamais parvenir à se confondre tout à fait, ne permettant pas à ce polar d'accéder au rang de "roman noir exceptionnel".

Intéressant et instructif, certes, mais souvent redondant, Peindre au noir, ne sera jamais parvenu à faire baisser mon désintérêt grandissant.

Peindre au noir, Russell James, traduit de l'anglais par Corinne Julve, Fayard (Fayard noir), 458 p.

13/02/2009

La Fin du monde / Fabrice Colin

La fin du monde, donc. Le titre est déjà suffisamment évocateur, la couverture aussi. Dans un futur proche, trsè proche, les chinois ont franchi le point de non retour, sans que l'on en connaisse les raisons exactes, mais peu importe, le fait est là, ils ont envoyé une bombe nucléaire sur les Etats-Unis. L'escalade est amorcée, répliques à l'appui. Quatre adolescents répartis sur le globe, dont les fils de leur histoire personnelle vont se croiser, assistent à la dégénerescence du monde. Leur seule chance de survie réside dans l'existence d'une base secrète située au Groënland vers laquelle ils vont tenter de converger.

Une simple et brève projection dans le futur. Presque une uchronie en temps réel.

...Et si...

Cela suffit en tout cas pour offrir un récit sans concession, un roman choc, coup de poing, d'une dureté âpre. Un roman qui ébranle par la force de son thème, de ses images, de ses situations, des émotions qu'il véhicule. En ce sens, le périple du jeune chinois, Xian, est bouleversant par bien des apects. Que l'on soit adolescent - le public visé en priorité par la collection - ou moins jeune, nul n'est épargné.

Il n'y a aucune place à l'espoir dans ce livre là, ou si peu. On l'anticipe néanmoins pour la suite qui lui sera donné (parenthèse pour dire que j'aurais préféré avoir toute l'histoire en main plutôt que ce roman trop bref, en fin de compte.), sans être sûr pour autant que ce soit là l'intention de Fabrice Colin. En tout cas, s'il voulait frapper un grand coup, c'est réussi.

CITRIQ La Fin du monde, Fabrice Colin, Mango (Autres Mondes), 2009, 200 p.

08/02/2009

Quelques questions à... Alfred Boudry et Edwin Hill

Il y a quelque temps, je vous avais parlé d’un OLMOepcNI, en la parution de la Bibliothèque Nomédienne aux éditions de l'Atalante. Et l’opportunité m’a été donné de prendre le micro pour le Zinc - l’émission que je ne devrais plus vous présenter - afin d’interviewer Alfred Boudry et l’un des gaillards d’avant, Edwin Hill. Fort heureusement, j’étais accompagné par Marie-Pierre Soriano, alias Calamity Jane, pour m’épauler dans cette première expérience radiophonique… Quand je vous disais que le voyage continuait !


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Bijoux de famille / Laurent Maréchaux

Si je vous parle d’une histoire de famille couvrant trois générations en plein 20ème siècle, vous allez naturellement vous dire qu’il s’agit là d’une immense saga, d’un bon gros pavé où action, secrets et trahisons tiennent le haut du pavé autour de personnages hauts en couleurs. Ce en quoi vous n’avez pas tout à fait tort, hormis qu’il s’agit en fait d’un roman assez court, ce que l’absence de 3D ne vous permet pas de constater ici. Ce qui est surprenant, néanmoins, c’est que parvenu à son terme, l’impression d’avoir brassé l’Histoire, traversé la première guerre mondiale, puis la seconde, celle d’Indochine, d’Algérie tout en faisant en sorte que l’on connaisse chacun des personnages, qu’ils n’aient presque aucun secret pour le lecteur, cette impression, donc, est assez confondante.

La vie des Ivanov demeurerait une succession de malentendus, pavés de bonnes intentions.

C’est en fait sur les hommes de cette famille que se porte toute l’attention. Sur Sacha d’abord, quittant sa Russie natale avec son meilleur ami pour la France afin d’y accomplir ses études, pour finir emporté par le courant de l’Histoire dans laquelle il aura un rôle important à jouer. Tout comme ce sera le cas ensuite pour Igor puis pour Léo. Tous portent en eux les stigmates de cette « malédiction des bijoux de famille », qui consiste à ne pas pouvoir rester en place, qu’il s’agisse de céder aux appels de l’Aventure ou aux charmes des femmes, qu’ils aspirent d’une certaine manière à aimer toutes. Tous, sans exception, sont soumis à la reproduction du schéma paternel, plus que familial, sans parvenir à s’en défaire : la création du lien indéfectible de l’amitié, la participation marquante dans la marche de l’Histoire, la tromperie, donc, et ce fichu orgueil qui les empêche de venir les uns à la rencontre des autres. Seul Léo cherche à reconstituer le puzzle familial, à se démarquer de cette malédiction – sans préméditation ou bravade d’aucune sorte, il est le premier à lire Libération quand les autres pliaient et repliaient le Figaro – qui le ronge, encore et toujours dans ce qu’elle a d’inéluctable et de destructeur.

On pourrait penser, à la lecture de ces quelques lignes ,que les femmes sont écartées de cette histoire. Qu’on se détrompe – même si j’entends déjà Calamity Jane sortir tromblons et colts au traitement qui leur est réservé dans ce livre –, elles aussi, à leur manière, favorisent la continuité de la malédiction et s’affirment sur l’échiquier de l’Histoire.

Avec l’air de ne pas y toucher avec une histoire où l’humour est omniprésent, Laurent Maréchaux s'attaque en fait à des sujets sensibles avec une réelle émotion. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça fait mouche, avec ou sans gros pavé.

Bijoux de famille, Laurent Maréchaux, Le Dilettante, 252p.

04/02/2009

Acacia. Tome 1, La Guerre du Mein / David Anthony Durham

Le royaume d'Acacia, gouverné par la famille Akaran depuis plusieurs générations, vit de sombres jours. Une attaque de grande envergure visant à le renverser est sur le point de se produire, sans que quiconque ne s'en aperçoive. Les Mein ont tout fait pour que rien ne filtre jusqu'au roi Leodan. L'heure de mettre fin au joug de la lignée Akaran a enfin sonné. Car le royaume d'Acacia, aussi florissant qu'il puisse paraître, ne tire pas sa gloire et son rayonnement dans sa capacité à fédérer les peuples ni de ses valeurs. Depuis des siècles il permet en effet le trafic d'enfants en contrepartie d'une drogue dont les Acacians sont devenus dépendants. Cette pratique, le roi Leodan était prêt à l'éradiquer mais les forces en jeu sont bien trop complexes pour y parvenir facilement. Et le temps a fini par jouer contre lui. L'assassinat dont il est victime ne lui permettra pas d'arriver à ses fins. Néanmoins, dans l'éventualité d'un tel scénario, Leodan avait prévu de séparer ses enfants pour leur assurer la survie et favoriser leur retour pour, qui sait, rétablir un ordre nouveau, plus humain.

C'est vrai que cet ouvrage avait tout pour plaire : un effet « buzz » pas mal ficelé, des critiques élogieuses qui appuyaient sur le fait que non, nous n'étions pas dans une histoire aux clichés retentissants, que l'écriture était agréable... De quoi redonner envie de lire de la fantasy à celui qui aurait subi des déceptions à répétition quand il s'agissait de renouer avec le genre.

Mais...non.

L'histoire est assez prenante dès le début, c'est vrai, on se plaît à ne pas retrouver cette lutte archi-manichéenne dont on connaît à l'avance les tenants et les aboutissants avant d'avoir tout lu. Les enfants du roi Leodan sont attachants dans ce qu'ils offrent de diversité et de profondeur. Mais j'avoue avoir été désarçonné par la longueur de l'ouvrage, et, surtout, par le nombre de points de vues narratifs adoptés qui s'imposent par la force des choses: les enfants exposés tour à tour, Hanish Mein, l'intendant du roi, sans parler de tous les autres protagonistes qui s'inscrivent dans cette histoire. Pas de quoi en perdre son latin pour autant, mais ce processus pourra en gêner certains.

Et puis, tout simplement, je crois ne plus être sensible à l'univers médiéval, aux batailles, à l'aspect stratégico-politique qui touchent à ce genre d'ouvrages.
En revanche, pour ceux qui apprécient vraiment la Fantasy, je ne doute pas qu'ils trouveront en Acacia, un livre prenant et bien fait. Ce fut par exemple le cas de Sandrine Brugot-Maillard et de Bruno Para.