06/03/2012

Le Poulpe - Aztèque freaks / Stéphane Pajot


Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu un petit Poulpe. Enfin, petit, c'est vite dit. Dans celui-ci, plus long que de coutume, vous aurez du petit, certes, mais aussi du minuscule, du grand, du très grand, des excroissances et... de l'insolite. Car Stéphane Pajot embraque le Poulpe dans une virée chez des freaks dont le cirque a fait une escale à Nantes.

Alors que les fragrances de l'affaire DSK soufflent même jusqu'au bar à la Sainte-Scolasse, attisent les discussions de comptoir, le Poulpe tombe sur un article mentionnant le suicide d'un lilliputien, retrouvé pendu au cœur de Nantes. Ni une, ni deux, comme à son habitude, le voici embarqué dans le premier train venu pour y voir plus clair dans cette singulière affaire, laquelle se complique avec la disparition de l'avaleur de grenouilles de la troupe. En octopode aguerri, il ne lui faudra pas bien longtemps pour pénétrer dans les arcanes du cirque freak, rencontrer les principaux protagonistes qui le font vivre (ah Wanda, la charmeuse de serpents !)... et même devenir le figurant d'une reconstitution du vingt mille lieux sous les mers de Jules Verne.

La matière est là, on le voit, et Stéphane Pajot l'explore à merveille. Il le fait peut-être au détriment de l'intrigue que l'on pourra trouver mince et un peu lente à démarrer, mais qu'importe. Qu'importe, car il ne noie jamais le poiss... le poulpe, même s'il l'emmène en os troubles. De cafés en bistrots, de bistrots en librairies, de librairies en musées, le lecteur part à la découverte de Nantes mais surtout à la rencontre d'hommes et femmes de foire, géants, homme-caoutchouc, liliputiens, femme à barbe, homme-tronc... auxquels on associe sans mal de vieilles photographies, de vieux souvenirs de spectacles de cirque, de films... à la différence que cela se passe ici et maintenant. Qui plus est, cette incursion en Poulpitude ne serait rien non plus sans l'écriture de Stéphane Pajot qui donne plaisir à retrouver le personnage dont on dit ici ou là qu'il pourrait revenir bientôt sur le grand écran. Sa langue est savoureuse, se joue des mots sans tomber dans l'excès (et il en est même d'ailleurs qui ravissent -  jugez plutôt de cet « Empailleur State Building »

On a pu reprocher au Poulpe de se suivre et de se ressembler. Celui-là n'a pas son pareil : il est freak style !