01/07/2011

Le Silence pour preuve / Gianrico Carofiglio

S'il y a bien un personnage pour lequel je suis prêt à arrêter toute lecture en cours, c'est bien Guido Guerrieri. J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais de lui lors de ses premières apparitions dans Témoin involontaire et Les Yeux fermés. Naviguant sur d'autres eaux que la seule blogosphère, je n'avais pas évoqué Les Raisons du doute, roman tout aussi saisissant et touchant que les précédents, tout aussi enthousiasmant que ce dernier titre, paru il y a peu, Le Silence pour preuve.
Cette fois-ci, Guido Guerrieri, avocat pénaliste à Bari, est contacté par l'un de ses confrères. Celui-ci se trouve dans une impasse et ses clients sont désespérés. Leur fille, Manuela, a disparu corps et bien depuis bientôt six mois. Sans de nouveaux éléments concluants, la police est prête à clore définitivement l'enquête. Leur seul espoir réside donc dans Guido Guerrieri qui, à sa propre surprise, accepte de les aider en jouant de ses différents contacts et en interrogeant tour à tour les différents amis de la jeune femme, les dernières personnes à l'avoir vue vivante.
Si Guido quitte sa robe de prétoire pour endosser un habit de détective dans lequel il ne sent pas très à l'aise, il ne perd cependant rien de son attrait, de son humanité qui le rend si authentique, fort et fragile à la fois. Dans le Silence pour preuve, on suit l'enquête pas tant pour avoir le fin mot de l'histoire que pour toucher du doigt les tourments qu'elle génère en Guido, les incertitudes et les troubles qu'elle réveille en lui. Vous l'aurez compris, ce n'est pas l'action qui prime ici mais plutôt une forme d'introspection. Une introspection qui se matérialise contre le sac de boxe de Guido, sac auquel il a pris l'habitude de s'adresser dans ses joutes expiatoires, ou au cours de ses errances nocturnes dans Bari, voire même à travers les personnages qu'il côtoie : une ancienne prostituée qu'il a défendue des années plus tôt et avec laquelle il noue une réelle amitié, un inspecteur de police avec qui il a déjà eu l'occasion de travailler, ou bien même ce trafiquant et néanmoins client que Guido sait apprécier pour la franchise et l'honnêteté dont les éminents protagonistes de l'univers judiciaire dans lequel il évolue sont loin de toujours faire preuve.
Rien n'est tout blanc ou tout noir dans l'univers de Guido. Tout s'y conjugue en nuances et la nostalgie ne manque pas de s'y inviter de la plus désarmante des manières. Mais le plus impressionnant, avec cette série consacrée à Guido Guerrieri, c'est sans doute la déconcertante facilité avec laquelle Gianrico Carofiglio nous délivre la complexité de son personnage, un être en perpétuelle construction.
Vous ne me croyez pas ? Allez donc faire un tour par ici, par , ou même encore par ...
Le Silence pour preuve, Gianrico Carofiglio, traduit de l'italien par Nathalie Bauer, éditions du Seuil, 247 p.

2 commentaires:

Ys a dit…

Quand je pense à tous les enquêteurs américains et scandinaves qui m'attendent... pas possible d'en rajouter un italien tout de même !

BiblioMan(u) a dit…

@Ys: Si, si, si... ;O)