Lorsque survient la mort malencontreuse de Maximilien Peixoto, le doute n'est plus permis. La guerre contre les Extros aura bien lieu. Ce n'est qu'une question de temps. Car Maximilien Peixoto n'était pas seulement le commandant en chef des forces aériennes de Grand Brésil ni le mari de la présidente de cette même nation, la plus puissante de la Terre, ni même encore le membre d'une famille les plus influentes de la planète. Il était aussi l'un des farouches défenseur de la réconciliation et de la paix avec les Extros, ces humains partis en toute autonomie coloniser les lunes des principales planètes du système solaire il y a plus d'un siècle, départ suscité par les dérèglements climatiques ayant conduit à la Renverse, catastrophe écologique sans précédent dont la particularité avait été d'éradiquer une bonne partie de la population mondiale.
Pour autant, même si la guerre est imminente, si Terriens et Extros en sont tout à fait conscients, les différents accords et autres coopérations en cours sont toutefois maintenus. A l'image de la construction d'un biome sur l'une des lunes de Jupiter, censée jusqu'alors représenter de manière plus que symbolique le rapprochement des Nations, divergentes dans leur manière d'appréhender l'écologie ainsi que leurs percées technologiques et scientifiques. Des disparités que les instances terriennes voudraient étouffer dans l'œuf, avant qu'il ne soit trop tard, avant que les Extros ne soient réellement en mesure de se défendre, voire même de s'en prendre à la planète mère. D'où la nécessité d'une guerre. A titre préventif. Le tout consistant à y aller en douceur, créer les incidents nécessaires à une escalade sans pour autant perdre la face.
« Un roman complexe et à couches multiples débordant de personnages extraordinaires, de scènes stupéfiantes et d'idées fascinantes. » SFX
C'est ça. C'est exactement ça. Cependant, La Guerre tranquille malgré ses indéniables qualités, n'est pas aussi parfait que cette citation le laisse entendre. Quoique à bien y regarder, elle n'est pas que laudative. Ce « complexe », ces « couches multiples » et ce « débordant » pourraient aussi sonner comme un air d'avertissement. Attention les gars, c'est pas simple, va falloir s'accrocher. Certains risquent d'être perdus en cours de route. En quelque sorte, ceux qui tiendront seront récompensés de leur pugnacité. Alors bien sûr, cette interprétation ne tient qu'à moi. Peut-être m'est-elle venue aussi parce que j'ai bien failli abandonner cette Guerre tranquille à deux ou trois reprises et que je ne regrette en aucune façon d'avoir persévéré. Ce livre est une véritable montagne russe à lui tout seul. Les montées: des passages lents, bavards, pas toujours nécessaires mais qui permettent au moins d'apprécier le paysage à mesure que l'on monte. Entendre par là que ces descriptions ou ces scènes de présentation vont d'une façon ou d'une autre contribuer à la cohésion de l'ensemble, même si le livre aurait gagné à être un peu plus court. Ensuite, les descentes : de l'exaltation, de l'émerveillement, du suspense, générés par des scènes saisissantes variant aussi en fonction des quatre personnages principaux que Paul J. McAuley nous invite à suivre ; des images qu'on imaginerait sans mal s'épanouir sur grand écran, bien que dans la tête ce soit déjà grandiose. L'écriture, et sans doute aussi la traduction, contribuent en tout cas à l'amortissement à très brève échéance de votre Home Imagirama garanti sans son pour ce qui est des scènes extérieures dans l'espace – contemplation et splendeur assurées !
« Le retour triomphal de Paul McAuley au space opera de grande envergure. » Locus.
Pour ce qui est du retour triomphal j'aurais bien du mal à me prononcer, découvrant l'auteur avec cette histoire. En revanche, concernant le "space opera de grande envergure", je ne peux qu'être d'accord. Paul J. McAuley bâtit son histoire petit à petit, prend le soin de la cohérence, notamment en dressant le portrait de personnages parfois ambivalents et toujours complexes. Mais par dessus tout, il pose les bases d'une réflexion autour de l'acte de guerre lui-même, sur ses mécanismes et sa complexité. Une complexité qu'il aura tôt fait de répercuter sur l'Homme lui-même et sa condition de vivant qui, sous couvert de survie et de préservation de ses acquis, sous couvert de méfiance et d'incompréhension aussi, a tendance à reproduire d'anciens schémas où l'usage de la force est toujours dans la balance. Le titre de ce roman ainsi que son traitement ne laissent en tout cas la place à aucun doute. Ils portent en eux l'écho et l'aversion des mensonges et des manipulations qui ont conduit à une certaine guerre en Irak, dont l'onde de choc n'a pas fini de se faire sentir.
Tranquille, la guerre, vraiment ?
A voir aussi les avis de Val et de Marc, Guillaume et Mes Ailleurs.
11 commentaires:
J'ai beaucoup aimé ce livre. Un peu trop long, quelques passages superflus, mais dans l'ensemble, oui, un bon space opera.
Alors ce n'était pas indiqué sur le livre en ma possession, mais j'ai appris qu'il y avait une suite en cours d'écriture. On pourra ainsi voir ce qui arrive aux personnages...
ça semble sympa, mais j'en lirai un autre de lui de ma PàL avant d'aller voir plus chez lui.
Extra ! je n'ai pas lu ta critique car je suis en train de le lire. Pour l'instant, je trouve que c'est un bon space opera !
Je l'ai sur ma pile en ce moment ^^ A lire aussi le dernier numéro de Galaxies NS qui lui dédie un dossier !
@Julien: L'éventail de Paul McAuley semble être assez large pour y trouver son compte... notamment en uchronnie ;O)
@Val:En ce qui me concerne ça faisait longtemps il me semble que je n'avais pas lu de space opera. C'est un bon retour ! Je viendrai voir ce que tu en as pensé.
@Guillaume: J'ai vu passer l'info en effet. ça me permettra de découvrir un peu plus cet auteur aperçu à un festival de Roanne avec son traducteur. Pfiouu ça remonte !
Merci pour ce billet qui ouvre de belles perspectives. Il est en haut de PAL en attendant des jours meilleurs côté disponibilité. Le dossier de Galaxies est assez sympathique, sauf la bibliographie qui n'en est pas une.
Des montagnes russes à lui tout seul ? Tiens tiens, il pourrait peut-être me redonner le goût des sensations SF pures et dures ce livre...D'autant plus que j'ai plutôt aimé ce que j'ai déjà lu de cet auteur ("Les conjurés de Florence" (complexe aussi) et "Les diables blancs")
@El Jc: ça fait plaisir de te revoir par ici. Bonne lecture à venir alors !
@SBM: De ce que j'ai entendu à droite et à gauche, ceux qui ont aimé Paul McAuley jusqu'à présent devraient aimer celui-ci, alors...
Ca donne envie... Un bon space op' de derrière les fagots ! Je vais donc essayer de rajouter ce titre à ma PAL. Merci, collègue.
Bah de rien chère consoeur (ouf!) ;O) C'est un plaisir.
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