Paul Becker a ouvert une clinique privée dans sa ville natale, non loin de Miami. Son travail lui prend un temps considérable et sa vie de famille finit par en pâtir. Rien d’irrémédiable en soi, il compte bien traverser ces heures sombres et retrouver une vie paisible auprès de sa femme et de son fils de six ans.
Rien d’irrémédiable si, en passant la porte de sa clinique, un homme dangereux, n’avait oublié son téléphone lors d’une altercation pour le moins musclée. Car sur ce portable figurent quelques photographies inquiétantes, dont l’une d’un enfant kidnappé récemment et une autre où figure le père de Paul lui-même.
Le téléphone sonne…
Le téléphone sonne…
Amateurs de rebondissements, vous allez être servis ! A la louche ! Jusqu’à l’indigestion…
Pourtant c’est vrai que lorsqu’on se lance dans un thriller on n’aspire presque qu’à ça, la surprise, le retournement de situation qu’on n’aurait même pas imaginé possible. Mais là trop, c’est trop. Du jamais vu en ce qui me concerne.
Alors c’est vrai, Monster se lit assez vite, c’est assez aéré pour cela et bourré de détails inutiles qu’on lit à peine et qui ressemblent farouchement à du remplissage…
Une dame d’un certain âge en tailleur-pantalon strict entre par une porte latérale et dépose un plateau avec deux tasses, des petits pots en plastique pour la crème, et un assortiment de sachets de sucre et d’édulcorants.
… et le mystère du départ est suffisamment prenant pour susciter la curiosité. Mais mis à part quelques moments vraiment excellents où le suspense est bien dosé, il faut lui reconnaître ça, on nage pour le reste entre le téléphoné et le grand-guignolesque. Ah, vous pouvez y aller, envisager toutes les combinaisons possibles, soupçonner tout le monde, à tous les coups on gagne, en quelque sorte. J’exagère si peu. Et à force de révélations, ça en devient navrant. On ose à peine y croire. Alors la fin (ah…la fin… ), c’est la petite cerise qui fait s’écrouler tout ce gâteau déjà bien instable. C’est en tout cas en la lisant que je me suis dit ou plutôt exclamé : « non mais n’importe quoi, n’importe quoi ! ». Et quand j’y repense, parce que j’ai laissé du temps entre le moment où j’ai fini ce livre et la rédaction de ce billet, quand j’y repense, c’est en particulier la fin qui me vient à l’esprit. Et je me dis toujours la même chose.
Mais il y a également un autre aspect qui m’a vraiment agacé même si ce n’est pas propre qu’à Monster. Il y a une tendance dans certains thrillers récents à faire des tueurs en série de véritables puits d’intelligence pendant les ¾ du bouquin et voilà qu’ensuite, ce ne sont tout compte fait rien de moins que des benêts en puissance. Chacun en tire les conclusions qu’il voudra mais il semble évident que cette volte-face ne sert en rien le récit, et aurait même tendance à le décrédibiliser.
Bon, une fois de plus on a cédé à la facilité – ce que ne laissait pas forcément présager l’agréable surprise du l’Oeil de Caine du même auteur - et il y de fortes chances qu’on ait notre Patrick Bauwen tous les un an, un an et demi. On ne m’en voudra pas si je ne me joins pas à cette grande liesse de la nouveauté à l’arrache.
Voyez, je n’ai pas digéré.
Et je ne suis pas le seul apparemment puisque c'est aussi le cas de Laurence.
Peggy, quant à elle, a plutôt apprécié (sauf la fin, comme quoi...)
19 commentaires:
Voilà qui me refroidit... je me réjouissais de l'acheter :)
En tout cas, une chronique bien personnalisée comme je les aime. Bravo :)
Bonjour Marco et merci... Oui, moi je me réjouissais de le lire. Je ne pensais pas que les ficelles seraient aussi grosses
J'en arriverai presque à avoir envie de le lire pour voir le côté grandguignolesque et découvrir cette fin ! Mais bon, je crois que j'ai mieux à lire.
Par contre, quel bonheur que de venir lire ta prose :-D
Même si le thème ne me convenait pas trop, j'avais trouvé "L'oeil de Caine" bien ficelé et je me demandais ce que valait "Monster".
Me voilà renseignée !
Je l'avais sélectionné avec deux autres titres pour l'opération Babelio. J'ai reçu L'ange noir de John Connolly. Le problème, c'est que j'ai pas lu les précédents tomes, arf ! tant pis. Pour une fois, je commencerai par la fin. Pour Monster, je vais peut-être attendre le poche finalement. Je vois que tu lis Acacia. Il paraît que c'est très bon. J'attends aussi ta chronique de la série Les Aux'. J'ai vu que Milady le sort en poche.
Manu: Ah...la fin...(bis). C'est quelque chose effectivement ! Mais je me doute que tu as effectivement mieux à lire. Le croque-mort, par exemple ;O) Il se trouve que j'ai hâte de lire ton avis. Et je prends le compliment ! Toujours un plaisir que tu viennes ici :O)
Brize : C'est pour ça qu'après l'Oeil de Caine, je m'attendais aussi à un bon bouquin même si les effets d'annonce comme ça a été le cas pour celui là, ont plutôt tendance à me hérisser le poil.
La Liseuse : C'est le problème avec les héros récurrents. Je suis sur le point de terminer le dernier Arnaldur Indridason dont je n'avais pas lu les précédents non plus, mais cela ne m'a pas gêné dans la lecture. Parfois, ça peut ne pas être plus mal même si l'on passe à côté de certaines références. Le regard que l'on porte dessus est alors neuf.
Moi aussi je n'ai entendu que du bon pour Acacia et c'est plutôt bon signe car en général on a souvent les mêmes travers en Fantasy. Moi qui pensais ne plus en lire pendant un moment !
Et oui, je pense me lancer bientôt dans les Aux' même si je crains le côté un peu bourrin comme ça a été le cas pour "carbone modifié". On verra bien. J'ai du mal en ce moment à trouver du space opera qui tienne en haleine sur toute la longueur.
J'ai également reçu ce roman dans le cadre de Masse Critique et j'ai été atterrée tout au long de ma lecture. Heureuse de voir que je ne suis pas la seule. J'ai pris beaucoup plus de plaisir à rédiger mon billet ce week-end qu'à lire le roman :-D
Je vais de ce pas ajouter un lien vers cette page (il sera en ligne mercredi).
Bravo pour cette critique, dommage que l'exageration tendancieuse la rende plus que suspecte.A trop vouloir prouver...
Laurence : Ah, quelque part je suis satisfait de ne pas être le seul. Je lirai ton avis dès mercredi donc.
Erge: Exagération tendancieuse ? Tiens donc... Pourtant, je m'évertue ici à ne donner qu'une impression de lecture (et de donner les éléments qui l'ont façonnée) et je ne cherche certainement rien à prouver. Les lecteurs qui auront la même sensibilité littéraire sauront peut-être s'y retrouver, voilà tout. Je me doute bien que ce livre saura trouver beaucoup de lecteurs (les grandes affiches dans le métro parisien et ailleurs auront contribué à faire parler du livre) alors qu'on ne m'en veuille pas si je donne mon avis, et de lui donner le ton qui, à mon sens, lui convient. Et puis pour être sincère jusqu'au bout, je suis bien content de ne pas l'avoir payé celui-ci!
dommage dommage, tu m'as dissuadé! pourtant ca demarrait bien, je l'ai eu entre les mains, j'ai lu le résumé et je me suis dit! que finalement je preferais attendre un avis! je l'ai! mais je ne pense pas le lire!
On va dire que les bons thrillers ne manquent pas...
Non seulement je suis parfaitement d'accord avec vous mais j'ajouterais que son premier roman L'oeil de Caine était tout aussi navrant. Le style est d'une pauvreté absolue et les "scénarios" des deux livres parfaitement racoleurs, salmigondis de tous les thèmes à la mode et bourrés d'invraisemblances.
Prix maison de la presse 2009.Je comprends de moins en moins la critique de ce livre et je pense de plus en plus qu'elle était tendancieuse.A trop vouloir prouver...
Erge : c'est bien connu, tous les livres recevant un prix sont forcément très bons et la quantité des prix n'y pourront rien changer...Je suppose que pour réagir ainsi vous devez l'avoir lu et apprécié. Un point de vue aussi différent du vôtre implique-t-il forcément un aspect tendancieux? Allons, il ne faut pas prendre les choses si à coeur...
Tous les prix littéraires non pas la même valeur celui de la maison de la presse est une référence en la matière.(39 ans d'existence et pour 2009, 25 maisons d'éditions étaient présentes avec plus de 60 auteurs 17 membres du jury dont la présidente est rédactrice en chef de Elle)Alors la question qui se pose pourquoi ont-ils choisi un livre aussi nul selon votre point de vue? Vous avez surement une réponse crédible ou alors c'était tendancieux.
Erge: Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à mon avis. Cependant, je trouve votre positionnement un peu "limite". N'ai-je pas le droit de dire que la Star Ac est nulle sous prétexte qu'un nombre important de personnes l'apprécie ? Est-ce parce qu'une majorité de personnes a voté pour un président, je n'ai pas le droit de trouver son action "nulle" ? Faut-il l'uniformisme pour vivre dans le meilleur des mondes ? Ce qui ressort malheureusement de votre argumentaire c'est que je ne peux pas qualifier un bouquin de nul, sous prétexte qu'un prix lui a été décerné et que ce dernier est prestigieux. Hum... Suite à votre volonté farouche de qualifier mon point de vue de tendancieux, je me suis amusé à relire la définition de cet adjectif : "Qui marque une intention secrète, un parti pris d'imposer une opinion" ou "peu objectif (avec une intention cachée)". Une nouvelle fois, je vous rassure, je n'ai aucune intention cachée et, comme je vous l'ai déjà dit, je ne cherche rien à imposer. Et effectivement, mon point de vue est subjectif puisqu'il s'agit de ce que j'ai retiré de ce livre, pour toutes les raisons que j'ai apportées dans mon billet sur "Monster". Pour autant, je ne vais pas jeter la pierre sur ceux qui l'ont apprécié. Tout doit résider dans le plaisir que l'on retire d'une lecture, c'est même là l'essentiel.
Mais franchement, à vous lire, je me demande qui de nous deux cherche le plus à prouver quoi que ce soit...
Les goûts et les couleurs ainsi que l'indépendance intellectuelle ne se discutent pas, sur ces points je suis d'accord.Toutefois lorsqu'il y a un tel écart de jugement avec la majorité des critiques, on est en droit de se poser des questions sur le bien fondé de votre analyse d'autant que la dernière partie de votre texte et là je vous cite "..et il y a de fortes chances qu'on ait notre Patrick Bauwen tous les ans, un an et demi. On ne m'en voudra pas si je me joins pas à cette grande liesse de la nouveautè à l'arrache" laisse envisager un autre motif de mécontentement. En effet ce dernier paragraphe change tout car il ne s'agit plus uniquement de la qualité du roman dont il est question mais aussi de la critique d'un système de promotion. Dans ces conditions la réflexion qui vient à l'esprit est la suivante: est-ce aussi en réaction au système que cette critique est orientée?d'où mon terme de tendancieux puisqu'il ne s'agit plus uniquement de la valeur intra secte du livre dont il est question dans votre jugement mais bel et bien d'un cumul; et quoique que vous argumentiez cela ne changera rien aux faits.Ceci étant vous avez parfaitement le droit d'être dans la minorité et de militer pour,comme je l'espère j'ai parfaitement le droit de critiquer votre critique.
"et quoique que vous argumentiez cela ne changera rien aux faits." Avec ça, vous avez tout dit. Vous ne m'en voudrez donc pas si, dorénavant, je vous laisse faire la pluie et le beau temps, et vous bercer de vos certitudes.
Manu,
le même Erge (chez moi il se faisait appelé Serjac) est également venu sur Biblioblog expliqué que je n'avais rien compris... Il y a ainsi des personnes qui ont beaucoup de temps à perdre. ;)
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