J'aurais préféré me cantonner à ce genre de parole informative. Purement informative.
Slimane est un petit garçon d'une dizaine d'années.
Slimane a un grand frère Maxence, qu'il aime plus que tout au monde. Une mère qui fait le ménage dans un hôtel sur l'autoroute, et un père alcoolique, chômeur chronique et violent. Tout est là. Lui, le père, c'est le Démon.
Il aurait peut être mieux valu que Ondine Khayat se contente aussi de ce genre de parole purement informative. Mais non.
Le démon donc, castagne toute la famille. Et croyez moi, on échappe à aucun détail. Le Démon a eu lui même des parents alcooliques, la mère de Slimane, elle, est une enfant de dame de joie, abandonnée, et incapable de sortir Slimane et Maxence de l'enfer de son mari.
Là, je commençais déjà à me dire : "Ça fait pas un peu beaucoup là ?"
Mais l'auteur et son éditrice, elles n'ont pas eu l'air de partager mon avis. Alors elles sont allées chercher toutes les grosses ficelles pour faire pleurer dans les chaumières. Et sur ce coup, rien à dire, elles ont réussi à merveille.
Voilà, je vais pas vous faire un dessin, je ne vais pas non plus vous dévoiler la catharsis et la fin du roman. Après tout, il ne s'agit là que d'un point de vue. Du mien.
Je ne suis pourtant pas de celles qui pensent que se taire est la meilleure des choses. Dénoncer l'horreur, dire pour ne pas oublier, ne pas se taire pour ne pas cautionner, il ne s'agit pas là que de simples concepts pour moi.
Mais je crois humblement, et l'histoire littéraire nous l'aura montré au fil de son histoire, que cela peut se faire avec beaucoup de talent. Je crois vraiment que l'auteur quand il est doué peut parvenir à éclairer nos consciences sur TOUS les sujets. Même les plus graves, les plus injustes. Même lorsqu'il s'agit de la maltraitance des enfants. Je me souviens de Du mercure sous la langue de Sylvain Trudel qui avec un talent incroyable dépeignait l'univers hospitalier vu par un adolescent. Je me souviens du non moins génial Entre Dieu et moi c'est fini de Katarina Mazetti qui lui traitait du suicide d'une adolescente vu par sa meilleure amie. Je me souviens du splendide Les larmes de l'assassin d'Anne-laure Bondoux, qui racontait l'histoire d'un enfant sans grande chance au départ de sa vie. Je me souviens d'Anne Franck, je me souviens aussi très bien de Poil de Carotte. Je me souviens encore d'Agota Kistof avec sa trilogie Le grand cahier, Le troisième mensonge et La preuve .... je me souviens donc très bien du fait qu'avec du talent, un auteur peut nous dire, absolument tout. Même en se plaçant d'un point de vue d'enfant ou d'adolescent.
Mais je ne me souvenais pas en revanche que cela devait rimer avec pathos et artillerie lourde. Je ne me souvenais encore moins que l'auteur se devait de sortir de la réalité pour nous arracher des larmes, et de faire d'un enfant, ce qu'il n'est pas : un adulte non corrompu.
Je ne savais pas que pour parler de l'injustice de la privation d'enfance et d'insouciance, seuls les ressorts de l'abject téléthon étaient utilisables. A savoir nous montrer des enfants qui n'avaient pourtant rien demandé - pas des comme nous salis jusqu'à l'os par les compromissions - des enfants accablés par la folie et la connerie des adultes, pour titiller nos mauvaises consciences, en nous les rendant encore plus innocents qu'ils ne le sont.
Voilà. Je vous avoue ici que bien des fois au cours de ma lecture, je me suis dis "là, j'arrête". Mais pour vous en parler, je suis allée jusqu'au bout. La dernière page refermée, une seule empreinte est restée : celle de la colère. Et cette sale impression de m'être fait manipulée.
Dommage.
Slimane est un petit garçon d'une dizaine d'années.
Slimane a un grand frère Maxence, qu'il aime plus que tout au monde. Une mère qui fait le ménage dans un hôtel sur l'autoroute, et un père alcoolique, chômeur chronique et violent. Tout est là. Lui, le père, c'est le Démon.
Il aurait peut être mieux valu que Ondine Khayat se contente aussi de ce genre de parole purement informative. Mais non.
Le démon donc, castagne toute la famille. Et croyez moi, on échappe à aucun détail. Le Démon a eu lui même des parents alcooliques, la mère de Slimane, elle, est une enfant de dame de joie, abandonnée, et incapable de sortir Slimane et Maxence de l'enfer de son mari.
Là, je commençais déjà à me dire : "Ça fait pas un peu beaucoup là ?"
Mais l'auteur et son éditrice, elles n'ont pas eu l'air de partager mon avis. Alors elles sont allées chercher toutes les grosses ficelles pour faire pleurer dans les chaumières. Et sur ce coup, rien à dire, elles ont réussi à merveille.
Voilà, je vais pas vous faire un dessin, je ne vais pas non plus vous dévoiler la catharsis et la fin du roman. Après tout, il ne s'agit là que d'un point de vue. Du mien.
Je ne suis pourtant pas de celles qui pensent que se taire est la meilleure des choses. Dénoncer l'horreur, dire pour ne pas oublier, ne pas se taire pour ne pas cautionner, il ne s'agit pas là que de simples concepts pour moi.
Mais je crois humblement, et l'histoire littéraire nous l'aura montré au fil de son histoire, que cela peut se faire avec beaucoup de talent. Je crois vraiment que l'auteur quand il est doué peut parvenir à éclairer nos consciences sur TOUS les sujets. Même les plus graves, les plus injustes. Même lorsqu'il s'agit de la maltraitance des enfants. Je me souviens de Du mercure sous la langue de Sylvain Trudel qui avec un talent incroyable dépeignait l'univers hospitalier vu par un adolescent. Je me souviens du non moins génial Entre Dieu et moi c'est fini de Katarina Mazetti qui lui traitait du suicide d'une adolescente vu par sa meilleure amie. Je me souviens du splendide Les larmes de l'assassin d'Anne-laure Bondoux, qui racontait l'histoire d'un enfant sans grande chance au départ de sa vie. Je me souviens d'Anne Franck, je me souviens aussi très bien de Poil de Carotte. Je me souviens encore d'Agota Kistof avec sa trilogie Le grand cahier, Le troisième mensonge et La preuve .... je me souviens donc très bien du fait qu'avec du talent, un auteur peut nous dire, absolument tout. Même en se plaçant d'un point de vue d'enfant ou d'adolescent.
Mais je ne me souvenais pas en revanche que cela devait rimer avec pathos et artillerie lourde. Je ne me souvenais encore moins que l'auteur se devait de sortir de la réalité pour nous arracher des larmes, et de faire d'un enfant, ce qu'il n'est pas : un adulte non corrompu.
Je ne savais pas que pour parler de l'injustice de la privation d'enfance et d'insouciance, seuls les ressorts de l'abject téléthon étaient utilisables. A savoir nous montrer des enfants qui n'avaient pourtant rien demandé - pas des comme nous salis jusqu'à l'os par les compromissions - des enfants accablés par la folie et la connerie des adultes, pour titiller nos mauvaises consciences, en nous les rendant encore plus innocents qu'ils ne le sont.
Voilà. Je vous avoue ici que bien des fois au cours de ma lecture, je me suis dis "là, j'arrête". Mais pour vous en parler, je suis allée jusqu'au bout. La dernière page refermée, une seule empreinte est restée : celle de la colère. Et cette sale impression de m'être fait manipulée.
Dommage.
6 commentaires:
Eh ben, je ne l'ai pas lu ce livre, l'enfance maltraitée, j'évite, mais comme il a fait l'objet d'une opération promotionnelle d'envergure bloguesque, j'ai lu plein d'avis, tous très positifs. Il faut bien toujours quelqu'un pour aller contre le vent...
Je n'ai pas du tout vécu-ressenti cette lecture ainsi, pas du tout eu l'impression de m'être fait manipuler...
Je ne l'ai pas lu non plus et là, ça fait du bien de lire un avis enfin négatif. Mais bon, c'est un sujet qui ne m'attirait pas et la manière dont il était présenté, ainsi que le titre ne me plaisaient pas non plus !
Le thème m'a fait refuser le livre par le site qui le proposait. Et je n'ai lu pour l'instant que des articles élogieux. Mais un avis comme celui-là, ça fait du bien aussi. Cela prouve que nous n'avons pas tous la même sensibilité, et heureusement.
Bon, en espérant ne froisser personne, je vais vous répondre de façon commune. Je répète qu'il ne s'agit que de mon point de vue, et que je ne prétends pas détenir une quelconque vérité absolue. D'autre part, croyez moi ou pas, je n'avais absolument rien lu sur le sujet, et donc, je n'ai à aucun moment souhaité aller seule contre tous.
Ensuite pour peaufiner un peu, je crois que ce qui m'a le plus gonflé dans ce roman, c'est de me dire à chaque ligne "non mais un enfant ne dirait ou ne penserait jamais ainsi"... Voilà. Je suis preneuse de tous les avis différents et merci encore pour vous réactions.
J'avais vraiment peur d'avoir aussi ce ressenti quand j'ai ouvert ce livre mais non, au contraire, j'ai beaucoup aimé. Ma maman, par contre, à qui je l'ai prêté, est tout à fait d'accord avec vous!!! Je prends des notes dans les livres que vous suggérez sur le sujet!
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