01/11/2012

Le Temps du rêve / Norman Spinrad

Si tant est qu'on en doute, on ne peut pas apprécier tous les livres d'un auteur. Alors autant ne pas y aller par quatre chemins, Le Temps du Rêve m'a terriblement ennuyé. La question est maintenant de savoir pourquoi et de ne pas se cacher derrière cette simple affirmation.


Le pitch était pourtant prometteur. J'ai pour habitude de résumer ici-même les histoires à ma sauce mais Le Temps du rêve est si particulier que je préfère, pour une fois, laisser la place à la quatrième de couverture :







BIENVENUE DANS LE TEMPS DE VOTRE RÊVE !

GRÂCE AU DREAMMASTERTM VIVEZ LA VIE DONT VOUS AVEZ TOUJOURS RÊVÉ...

>Sélectionnez le scénario de votre choix, fermez les yeux et laissez-vous guider.
>Une aventure dont vous êtes le héros, aux côtés de vos stars et icônes préférées !
>Le Temps de votre rêveTM vous offrira des sensations inédites. Vous vous changerez en aigle, en condor, en prince, en déesse, en explorateur, en virus...

>TARIF ATTRACTIF<
Contrôle parental exigé



Voilà de quoi donner envie de se plonger dans le livre, de savoir à quelle sauce Norman Spinrad va une fois de plus appuyer de manière bien sentie sur les dangers de notre société moderne, là ou ça fait mal, sans doute parce que nous sommes tous acteurs, de manière consciente ou non, d'une vérité pas toujours évidente à entendre.

"De nos jours, pour aller de n'importe où à n'importe où ailleurs, il faut traverser de longues étendues de nulle part, ce que quiconque croyant être quelqu'un fait tout pour éviter. La civilisation peut-être définie comme la distance entre ceux qui s'estiment civilisés et ceux qui doivent faire le sale boulot, mais elle ne paraît jamais assez grande, n'est-ce pas Princesse ?"

Et ,en l'occurrence, Norman Spinrad, pour mettre en garde – à moins qu'il ne soit trop tard – sur le contrôle des masses, passe donc par la voie des Rêves, impliquant directement le lecteur en utilisant le « tu ». Là encore, pourquoi pas, mais c'est dans le traitement du récit onirique que je n'ai pas pu adhérer à ce texte, relativement court, et pourtant trop long. Trop long parce que trop descriptif et chargé de séquences abruptes, parfois délirantes, presque toujours sans queue ni tête. Comme peuvent l'être les rêves, j'en conviens et je serais même enclin à dire que Norman Spinrad a réussi un tour de force en les rendant si... réels.

"Ce qui est réel, est réel..."

Mais de la même manière que je suis réfractaire au théâtre de l'absurde, je ne suis pas parvenu ici à coller aux expressions oniriques auxquelles j'étais pourtant invité à être le héros, avant d'en être le spectateur critique. Et de fait, tout ce sur quoi ce texte invitait à la réflexion (l'évolution, le sens du réel, l'uniformisation...) m'est un peu passé au-dessus de la tête, et je ne manque pas de le regretter.

Qu'à cela ne tienne, ça ne m'empêchera pas de lire ou de relire Norman Spinrad dont LePrintemps russe, Jack Barron et l'éternité, Les Années fléaux et Il est parmi nous, font partie des œuvres qui comptent indéniablement... en attendant le prochain.

D'autres avisplus éclairés que le mien par ci chez Le Traqueur Stellaire et chez Bad Chili

CITRIQ

Le Temps du Rêve, de Norman Spinrad, traduit de l'américain par Sylvie Denis et Roland C. Wagner, Fayard, 2012, 222p.

12 commentaires:

Guillmot a dit…

Je pense que je me le prendrai celui-là.

BiblioMan(u) a dit…

Je suis persuadé que ce livre saura toucher bien des lecteurs, qui seront sensibles aux projections qu'il propose. Et pour peu qu'on y adhère, l'expérience peut valoir le détour. Je guetterai la lecture que tu en feras en tout cas.

Lorhkan a dit…

Il m'intéresse pas mal également. Reste à voir si le traitement me plaira plus qu'à toi...

BiblioMan(u) a dit…

Norman Spinrad sera aux Utopiales comme tu as du le voir. Peut-être l'occasion de se procurer le livre. On en reparlera peut-être à l'occasion ;)

Jean-Marc a dit…

Mince, comme toi j'aime tous les titres que tu cites (auxquels j'ajouterais bien Bleu comme une orange), mais du coup j'hésite à lire ce dernier ...

BiblioMan(u) a dit…

Je n'ai pas encore lu "Bleu comme une orange" mais j'en ai effectivement entendu beaucoup de bien aussi (je sais ce qu'il me reste à faire...). En tout cas, pour "Le Temps du rêve", je suis curieux de lire d'autres avis.

Bad Chili a dit…

Je fais partie de ceux qui auront été totalement pris par le récit. Une fois commencé, je n'ai pas réussi à m'arrêter. Mais c'est clairement un bouquin où les avis seront tranchés. On adhère ou pas.

BiblioMan(u) a dit…

Exactement. Si on adhère, j'ai comme l'impression qu'il est difficiles de sortir de la succession des rêves et de leur "musicalité".

Guillmot a dit…

Je suis en train de le finir et j'ai vraiment adoré !

BiblioMan(u) a dit…

Je ne manquerai pas de venir te lire !

Jo99 a dit…

Je partage tout à fait ton avis. Je suis pourtant un grand fan de Spinrad. "A la fois trop long et trop court". De plus je l'ai trouvé assez creux au niveaux des idées développées, qui d'habitude sont bien plus efficaces et originales.

En nouvelle avec les 3/4 des pages en moins, ça aurait pu être pas mal ...

BiblioMan(u) a dit…

Oui, c'est assez surprenant. il y avait pourtant une belle matière...