05/01/2013

Jusqu'à la folie / Jesse Kellerman

Certains pitchs vous font parfois aller au-delà d'une déception rencontrée à l'égard d'un auteur. Je n'avais pas du tout adhéré au si encensé Les Visages et je ne pensais donc pas forcément revenir vers Jesse Kellerman un jour. Cependant l'histoire de Jusqu'à la folie a eu ce qu'il fallait d'intrigant pour passer outre cette décision.

Après une journée harassante à l'hôpital où il est stagiaire, Jonas Stehm entend une femme crier à l'aide. Ni une ni deux, sans même réfléchir, il vole à son secours et tue l'agresseur qui a eu le temps d'infliger deux coups de couteau à sa victime. Celle-ci en sortira indemne mais ce n'est pas le cas de Jonas qui, en héros d'un jour, va vite voir sa vie devenir un véritable enfer...

« L'écrit ne peut jamais vous sauter au visage comme un film. »

Arriver à la fin du livre et trouver une telle phrase, ça laisse pantois. On aurait envie de dire à l'auteur qu'il aurait pu s'épargner bien du labeur, ou bien qu'il aurait gagné à passer directement à l'écriture du scénario. Au moins le lecteur se serait épargné l'attente d'une angoisse qui ne vient jamais vraiment. L'ensemble du bouquin est convenu, possède un goût prononcé de déjà-vu en matière cinématographique, ficelles comprises. C'est même stupéfiant par moments. On croirait voir un patchwork de scène de films sans que cela confine pour autant à l'hommage : un parfum de Coup de foudre à Nothing Hill avec le co-locataire complètement barré de Jonas, un bon morceau de Liaison fatale où le harcèlement sur lequel repose l'intrigue ne fait jamais tressaillir, malgré les vains efforts de Jesse Kellerman, un brin de La Main sur le berceau pour quelques ficelles, et enfin un soupçon de série télé, Urgences en tête ou, au choix, Grey's anatomy pour ce qui est des petites guerres intestines en milieu hospitalier.

Vous l'aurez compris, rien de bien terrible à se mettre sous la dent avec ce livre là si ce n'est, peut-être, de quoi se donner envie de revoir certains films ou séries. Rien n'est moins sûr.

Jusqu'à la folie, de Jesse Kellerman, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony, J'ai Lu, 2012, 343 p.

5 commentaires:

Bibliométrique a dit…

Bonjour, vous trouverez les bibliographies de nombreux auteurs (français, américains, scandinaves et autres) de romans policiers/thrillers sur le nouveau site polar/noir bibliometrique.com que je vous invite à visiter. J'espère qu'il vous donnera des idées de lecture. Bonne année de lecture et à bientôt.

Jean-Marc a dit…

Je m'étais déjà ennuyé avec "Les visages", je crois que je ne vais pas insister.

BiblioMan(u) a dit…

@Bibliométrique: Merci pour le lien, je vais aller voir ça de plus près.

@Jean-Marc : Vraiment pas la peine, en effet. Du coup, pour revenir à une valeur sûre, je me suis plongé dans "La femme en vert" de Arnaldur Indridason, toujours aussi efficace et prenant.

Blop a dit…

Là, tu m'aides, Manu : tu es le premier à donner un avis négatif sur les oeuvres de l'auteur. Jusqu'ici, je n'avais entendu que du bien, alors au moins, je vais pouvoir contrebalancer les arguments de fans.
Merci, collègue !

BiblioMan(u) a dit…

Salut collègue ! Je crois quand même bien avoir vu des avis négatifs ici ou là. D'ailleurs, Jean-Marc qui a laissé un commentaire dans ce fil avait lui aussi émis des réserves sur "Les Visages" : http://actu-du-noir.over-blog.com/article-le-meilleur-thriller-de-l-annee-bof-47274335.html. Après, ça se lit, hein, mais je ne comprends pas l'engouement, et certainement pas autour de ce titre.