
27/07/2011
Captif / Neil Cross

23/07/2011
Au Fil de Cl0 - 2 - : CSU de Caroline Terrée
Les policiers étant de mise sur ce blog, je reste dans la tendance en vous présentant THE série policière pour pré-ados que j'adôôôre ! Attention les yeux : voici l'équipe du CSU qui débarque...
Bon première question : qu'est-ce que le CSU ? C'est le Crime Support Unit (ou, en gros, l'Unité Anti-Crime). Qu'est-ce qu'ils font ? Euh … ben lutter contre le crime, c'est des gentils quoi ! Basés où ? Laissez-moi vous embarquer dans ce magnifique pays qu'est le Canada, et plus précisément à Vancouver, lieu de tournage de nombreuses séries comme Sanctuary, Kyle XY ou encore Supernatural... Bref, un décor de rêve pour des histoires captivantes.
Dans cette équipe, je demande en premier lieu Nick Ballard, un monsieur muscle ancien officier de la Gendarmerie Royale du Canada, un géant au grand cœur. Puis, Connie Chang, experte dans la collecte et l'analyse d'indices matériels, un détachement professionnel agrippé à un sens profond de la hiérarchie. Après, Keefe Green, le petit dernier de l'équipe, génie de l'informatique et fou du travail, pouvant enchaîner des heures en bureau ou sur le terrain sans avoir besoin de se reposer. Et pour finir, il y a Kate Kovacs.
Kate, c'est l'enquêtrice, la chef de l'équipe mais surtout la narratrice de chaque roman. Kate, c'est une intelligence hors normes, une rapidité de réflexion terrible, et un courage à toute épreuve. Mais Kate c'est aussi un passé douloureux, des émotions en pagaille et une empathie qui trouve votre cœur dès le premier chapitre. Personnage complexe et en même tant fascinant, elle nous emmène avec elle à chaque enquête, comme si nous faisions partie de son équipe.
Et celles-ci ne sont pas toujours très simples à résoudre … À la façon de 24 H Chrono, on suit l'histoire heure par heure, étape par étape, en sachant que le temps est compté. On essaye de tout faire pour retrouver une victime, un tueur, de rendre la justice … mais le passé a tendance à ressurgir, surtout au moment où on ne l'attend pas.
Ce que j'aime dans ces romans, c'est en premier lieu la façon dont l'auteur, Caroline Terrée, arrive à nous submerger dans le monde de Kate. Grâce à son écriture fluide, on plonge dès le prologue dans un nouveau monde. On vit avec la narratrice : on enquête avec elle, on souffre avec elle, on s’essouffle avec elle. On est vraiment transporté dans son univers qui n'est pas toujours facile à vivre.
Je tiens aussi à tirer mon chapeau à l'auteur pour le rythme qu'elle donne à chacun de ses romans. On est pris dans un tourbillon d'émotions, de faits qui font qu'on ne peut pas couper sa lecture au milieu du livre. Si on le commence, on est obligé de le finir dans la foulée !
Toutes ses enquêtes sont très bien menées. Et même si celles-ci sont indépendantes, je vous conseille de les lire dans l'ordre : le mystérieux passé de Kate y est peu à peu dévoilé …
Huit tomes pour huit enquêtes tous parus aux éditions Milan dans la collection Macadam :
Portée disparue ; Le Phénix ; Le Dragon rouge ; Mort blanche ; Le Prédateur ; Impact ; Sacrifices ; Équinoxe.

19/07/2011
Au Fil de Cl0 - 1- : Mini Syros Soon
Plusieurs genres littéraires pour plusieurs types de lecteurs : Mini Syros « Polars », Mini Syros « Romans », Mini Syros « Paroles de Conteurs », et celui qui m'intéresse le plus... Mini Syros « Soon » !! Cette sous-collection, spécialisée dans les histoires de science-fiction, est dirigée par Denis Guiot, grand critique littéraire spécialiste de la SF mais surtout créateur de la collection « Autres Mondes » chez Mango !! Rien que ça !! Et il s'est bien entouré le Mister Guiot : Jeanne-A Debats, Ange ou encore Éric Simard signe trois des six premiers titres de la collection ! Et pour vous, et rien que pour vous, petite présentation de deux titres phares de la collec'.
Premier édité : À la poursuite des Humutes, de Carina Rozenfeld. Carina Rozenfeld pour moi c'est avant tout l'Auteur (avec un A majuscule s'il vous plaît !) de la trilogie La Quête des Livres-Monde. Alors quand je vois un autre de ses romans, je saute littéralement dessus !! À la poursuite des Humutes, c'est un peu l'histoire des X-Men... Un enfant qui vit dans un monde où les personnes différentes sont persécutées et où lui-même est différent. Un enfant terrorisé par sa propre différence et par les adultes consentants de la persécution. On y retrouve le thème de l'acceptation de soi, la peur du regard des autres mais aussi la crainte de décevoir ceux qui nous aiment …
Premier dans mon

A la poursuite des Humutes, Carina Rozenfeld, Syros (Soon), 38 p.
Opération Maurice, Claire Gratias, Syros (Soon), 41 p.

12/07/2011
Les Vestiges de l'Aube / David S. Khara

06/07/2011
Le Passage / Justin Cronin

01/07/2011
Le Silence pour preuve / Gianrico Carofiglio

24/06/2011
La Fraternité du Panca. Tome 4, Soeur Onden / Pierre Bordage

22/06/2011
Les Visages / Jesse Kellerman

14/06/2011
Homo erectus / Tonino Benacquista

Tonino Benacquista s'est arrêté sur notre époque, comme pour dresser une photographie de la complexité de la condition masculine aujourd'hui, de l'essence de ses aspirations, de ses doutes, de ses faiblesses et des moyens dont il dispose pour y faire face.
Dans ce livre, l'auteur est parti du postulat selon lequel il existerait une confrérie, une congrégation, un cercle – à chacun son terme – dans lequel des hommes se réunissent pour parler de leurs expériences sentimentales, de leurs échecs amoureux. Bizarrement, sans qu'il y ait d'explication rationnelle au phénomène, le nombre de participants à ces réunions reste toujours le même, à peu de choses près. Les hommes vont, viennent. Une fois, deux fois, sans cesse. Tour à tour ils prennent la parole, se livrent, exposent leurs cicatrices existentielles marquées au fer d'une palette d'émotions dont ils ne peuvent se départir : rancœur, jalousie, nostalgie, soif de vengeance... Et quand bien même chaque histoire se nourrit au fond du même matériau, l'amour, toutes trouvent leur déclinaison dans la personnalité des intervenants qui s'en font le relais ainsi que dans la disparité de la réception et de l'interprétation faite par les auditeurs. De sorte que dans tous les cas, chaque histoire revêt un caractère unique.
Tonino Benacquista nous propose de suivre trois hommes, trois témoins représentatifs de la diversité de la condition masculine. Denis travaille dans une brasserie. Il pense avoir subitement perdu tout attrait auprès des femmes. Yves est poseur de fenêtres. Sa femme l'a trompé et depuis, il consume son capital dans les bras de prostituées dont on lui a vanté les mérites. Quant à Philippe, c'est un philosophe bien connu du milieu intellectuel. Il porte encore sur ses épaules le poids d'une immense déception sentimentale que même l'aura d'une célèbre top model avec qui il entame une relation ne semble vouloir le délester.
Il y certains journaux qui dans leur cahier littéraire s'amusent au jeu des « en hausse » « en baisse » où, en l'espace de quelques lignes, des journalistes encensent ou descendent un bouquin. Il faut se méfier de ces petites bestioles dans lesquelles leur auteur s'essaye – ô malheur - à l'humour, histoire qu'on revienne y jeter un coup d'œil la semaine suivante. Car, si j'ai vu Homo erectus dézingué ici ou là, j'estime pour ma part avoir bien fait de ne pas succomber à ces sirènes répulsives. Non, Tonino Benacquista n'a pas écrit un nouveau Saga, ni un nouveau Quelqu'un d'autre. Non, il ne nous embarque pas dans le milieu de l'art contemporain ni ne nous invite à suivre les tribulations de mafieux. Il explore de nouvelles pistes. Avec toujours la belle inventivité et la fluidité sans faille qui le caractérisent. Au point même de nous faire regretter de quitter un personnage pour un autre, avant de nous happer aussi sec pour une nouvelle exploration des sentiments, et nous emporter finalement dans une ronde réjouissante.
La corde de l'émotion ? Oui. Mais qui oserait se plaindre de la voir ainsi se mouvoir sous l'impulsion de tels accents de vérité ?
03/06/2011
La Vie comme elle va / Alexander McCall Smith

17/05/2011
Imprésario du troisième type / John Scalzi

John Scalzi, l'auteur très remarqué du Vieil homme et la guerre, a quant à lui opté pour une approche inverse. Dans sa propre version d'une rencontre humains / extra-terrestres ou la veine humoristique est ici aussi hautement revendiquée, c'est par la discrétion que les Yherajks – c'est leur nom – entendent bien entrer en contact avec les Terriens. Car après avoir capté capté les ondes radio et télévisuelles provenant de notre planète - autant d'informations parcellaires, contradictoires et, il faut bien le dire, déroutantes sur notre façon de vivre et de nous comporter - leur intérêt à notre égard a est allé en grandissant. Pour autant, la chose est loin d'être aisée, même si leurs intentions n'ont rien de belliqueuses. Car les Yherajks ne sont – comment dire ? - pas d'un abord très... enfin... bon, pour faire simple, disons qu'ils sont moches, très moches et qu'ils puent à un point inimaginable. Pour être approximatif, ils ressemblent à ces blobs gélatineux apparus dans les films d'horreur dans le but de distribuer leur dose de frisson aux spectateurs en quête de sensations fortes. C'est là en tout cas une raison suffisante, vous en conviendrez, pour qu'ils décident de passer par l'un des plus gros cabinets d'imprésarios d'Hollywood afin que le premier contact se fasse en douceur. Et c'est à Tom Stein, agent plein de ressources, de finesse et de bagoût qu'échoue cette mission des plus périlleuse et délicate.
John Scalzi n'a rien, mais alors vraiment rien à envier à un Fredric Brown ou un Douglas Adams pour ce qui est de faire rire. L'exercice est assez difficile en lui-même et John Scalzi a donc d'autant plus de mérite qu'il tient sur la longueur. Il y a en tout cas des indices qui ne trompent pas. Et j'avoue que ça faisait bien longtemps que de tels éclats d'hilarité n'avaient pas jailli ainsi au cours de mes lectures depuis bien longtemps... depuis les enquêtes de Mma Ramotswe si je me souviens bien.
- Tu dis ça, tu dis ça, y'a pas si longtemps je t'ai entendu dire que t'en lirais un par an, ça fait presque trois ans...
- Tiens, la petite voix, tu tombes bien toi.
- Ah bon ?
- Oui, figure-toi que Tom Stein, tu sais le héros de Imprésario du troisième type, eh bien il en a une lui aussi, de petite voix, mais il appelle ça un lutin. J'ai pensé à toi en le lisant.
- C'est bien, et alors ? Quel est le rapport ?
- Oh, il est tout vu. Si je ne me trompe pas, à un moment donné Tom Stein manifeste le désir de l'étouffer une bonne fois pour toutes. A moins que ce ne soit moi qui ait transposé mon envie dans le livre, je ne sais pas...
- Hé ho, moi je disais juste...
- Tu ne sais pas où est le coton par hasard ?
- ...
Désolé pour cette petite interruption, vraiment. Cela nous arrive de plus en plus souvent, vous l'aurez peut-être remarqué.
Où en étais-je ? Ah oui, l'aspect comique. Qu'il s'agisse des répliques entre Tom et le Yherajk, Joshua, dont il a la charge, des péripéties qui jalonnent forcément leur aventure, des comédiens ( il faut voir les comédiens !) et de leur entourage avec qui l'agent doit composer (et il faut voir de quelle manière !), ou même des journalistes en quête de scoop, le cocktail est détonnant. Qui plus est, John Sclazi n'hésite pas non plus à mettre du poil à gratter dans le dos du show-biz, de la presse, voire même de notre chère humanité.
« Mais ici, à Hollywood, on n'a pas l'habitude des hétéros cultivés. »
« Il semble que l'homme à la caméra démolie ait l'intention de rembourser la casse en s'appropriant tout ce qui lui paraît monnayable chez le preneur de son, ses lunettes, ses dents, sa chemise et même sa peau. Une paire de bonnes âmes essaient de les séparer tandis que le reste de la clique, prenant parti pour l'un ou pour l'autre, se lance dans une rixe géante. Je trouve assez jubilatoire de voir ces journalistes, probablement les plus incompétents et les mieux payés de Californie, s'empoigner par les cheveux, s'exploser les lèvres et s'aplatir les génitoires à coups de genou. »
« - Le temps c'est de l'argent. Voilà le leitmotiv des temps modernes. On essaie d'en perdre le moins possible.
-J'ai du mal à suivre cette forme de pensée, me confie Gwedif. Quand je retournerai sur Terre – pas pour un aller-retour express comme celui qui m'a permis de rencontrer Carl mais pour visiter réellement votre planète -, j'aimerais m'offrir un séjour dans un monastère. Là les hommes prennent le temps de vivre, de méditer, de se livrer à la contemplation.
- Ne vous faites pas trop d'illusions, Gwedif. Dans de nombreux monastères, la visite se termine par un passage à la boutique souvenirs où l'on peut acheter des cantiques gravés sur CD, du fromage, des vins et des objets religieux fabriqués en série. »
Et là où Sclazi est vraiment très fort, en plus de sa faculté à se renouveler, c'est qu'il ne bascule jamais dans un absurde débordant. Il donne à son univers une cohérence folle, lui permettant ainsi de faire preuve d'une authentique sensibilité aux moments clés de l'histoire.
Allez, ne traînez plus ! Les Yherajks vous attendent... Je vous souhaite en tout cas un aussi bon contact que le mien, et surtout ne vous étonnez pas si dans le train, à la sécu, à la préfecture où bien ailleurs, on vous regarde bizarrement après un gros éclat de rire. Au mieux on vous demandera ce que vous lisez...
Pardon ? Pour trouver les Yherajks ? Oh, rien de plus simple, laissez votre flair agir.
Imprésario du troisième type, John Scalzi, traduit de l'anglais par René Baldy, L'Atalante (La Dentelle du cygne), 411 p.
09/05/2011
Les Neuf dragons / Michael Connelly

Pour être très franc, le célèbre personnage inventé par Michael Connelly, ne fait pas partie de ceux que j'ai toujours plaisir à retrouver. Je n'attends pas ses apparitions avec une fébrile impatience comme c'est par exemple le cas pour les romans de Jonathan Coe ou Dennis Lehane (cette année a décidément été très bonne!). Je crois d'ailleurs savoir pourquoi. Si l'auteur américain m'a souvent ébloui par sa force narrative, par la manière dont il trousse ses intrigues et nous les sert sur un plateau avec un art consommé de la surprise et du rebondissement, Harry Bosch, lui, m'a plus d'une fois agacé ou énervé par son attitude systématique de chien blessé, par son aspect désabusé quelque peu stéréotypé. Vous me direz, avec son histoire personnelle, il y a de quoi... mais bon, si j'ai frémi avec lui, il me semble que c'est surtout en raison des situations auxquelles il a été confronté que pour une quelconque histoire d'empathie à son égard.
Et voilà qu'au moment où dans les Neuf dragons, je me mets à le considérer d'un autre œil, c'est cette fois-ci l'intrigue qui fait cruellement défaut. J'ai régulièrement eu le mot « remplissage » à l'esprit à mesure que j'avançais dans la lecture. Peut-être n'aurais-je pas dû lire la quatrième de couverture, je ne sais pas. Quoiqu'il en soit, il faut un peu plus d'une centaine de pages pour arriver au début de l'intrigue présentée par le résumé. On y trouve des scènes sans grand intérêt et des perspectives très à la mode relatives aux expertises en laboratoire, du type qu'on ne présente même plus et dont la télévision se fait la plus navrante représentante avec ses séries consacrées aux brigades scientifiques. Ici aussi, on a droit aux toutes dernières trouvailles en balistique et à leur présentation dans le détail pour les besoins de l'enquête. Une enquête qui s'enlise dans les descriptions et les invraisemblances. C'est d'ailleurs le plus gros reproche que l'on puisse faire à ces Neuf dragons, où le voyage de Bosch à Hong-Kong relève plus du prétexte que d'une réelle nécessité. Ce constat saute d'autant plus aux yeux une fois l'affaire complètement éclaircie. Difficile alors de ne pas la trouver complètement tirée par les cheveux.
Pour tout dire, j'ai nettement eu l'impression que Michael Connelly, le temps d'un roman, avait troqué les ficelles qu'il utilisait jusqu'à présent avec une réelle virtuosité contre celles, plus grosses, qui empêchent la magie d'opérer.
N.B. : C'est assez rare pour que ça me saute autant aux yeux mais du coup je n'ai pas pu m'empêcher non plus de m'interroger sur la traduction. Des phrases à la structure étrange et des répétitions qui, pour la peine, m'ont semblé bien malvenues et parfaitement évitables.

Les Neuf dragons, Michael Connelly,traduit de l'américain par Robert Pépin, Seuil (Seuil Policiers)
29/04/2011
Janus / Alastair Reynolds
J'aurais très bien pu passer à côté du livre. A deux reprises, j'ai tenté de lire l'Espace de la révélation d'Alastair Reynolds. Sans succès. Je m'en suis d'ailleurs expliqué ici. Puis, après avoir raccroché du costume, alors très éloigné de la blogosphère pour m'adonner à d'autres aventures qui n'ont pas fini de titiller mes neurones au point de hisser la patience au rang de seconde nature, j'ai aussi lu et apprécié la Pluie du siècle, le considérant comme un bon divertissement, mais sans plus. Un pavé idéal à lire pendant les vacances dans la chaise longue du jardin de la tante Prunille ou à la piscine tout en préservant une distance respectable des éclaboussures intempestives émanant des aficionados de la Bombe.
Avec Janus, Alastair Reynolds fait voler en éclat toutes les étiquettes. Peu importe qu'il s'agisse de SF, de Hard SF, de Speculative Fiction ou Toutcequevousvoudrez Fiction. Seule l'histoire importe ici. Et le lecteur que je suis s'est pris dans les mailles de celle-ci avec une délectation rare.
Des pousseurs de glace. C'est ainsi que s'appellent entre eux les membres de l'équipage du Rockhopper. Leur rôle consiste à exploiter la glace des comètes du système solaire. Pourtant, en 2057, alors qu'ils sont en pleine mission, leurs prérogatives se voient tout à coup chamboulées en raison d'un événement pour le moins singulier : Janus, l'un des satellites de Saturne a quitté l'orbite de sa planète et tout porte à croire qu'il s'apprête à quitter le système solaire de manière... intentionnelle. Janus ne serait en fait rien d'autre qu'un artefact extra-terrestre. A charge pour l'équipage du Rockhopper de se lancer à sa poursuite et de l'étudier autant que faire se peut avant de revenir sur Terre. Mais rien, rien ne se passe comme prévu...
Là où il y aurait pu n'y avoir que quelques lignes pour figurer le trajet vaisseau / Janus, répondant ainsi à l'avidité du lecteur d'en savoir plus, de s'attaquer tout de suite à la découverte de la nature du satellite de Saturne, Alastair Reynolds prend le temps de camper ses personnages, de creuser dans la matière première d'une aventure prenant ses racines dans la découverte, dans l'inconnu. A nous de faire corps avec cet équipage, de l'accompagner dans ses difficultés, ses doutes et ses drames. A nous de prendre parti, de nous indigner ou de fantasmer sur les révélations qui ne manqueront pas d'éclater au grand jour ou... dans le noir et le silence insondables de l'espace.
Voilà pour la première partie. Pour la suite, ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler. Sachez juste qu'elle va au-delà de toutes les attentes, même les plus folles. Pour cela, Alastair Reynolds combine de façon magistrale l'aspect scientifique, la psychologie des personnages et l'histoire sans jamais abandonner son lecteur en cours de route ni le noyer sous le feu de détails trop techniques et obscurs. Ici, le superflu n'a pas sa place. Rythmé, ponctué de temps forts, d'une imagination ô combien débordante et réjouissante, Janus est Le livre de science-fiction qu'il faut lire et faire lire cette année. A l'instar des plus marquantes des œuvres de Robert Charles Wilson que je citais au début de cette chronique, il fait la part belle à une délicate humanité, toujours en quête de sens.
20/04/2011
Kolyma / Tom Rob Smith

C'est dans ce contexte que l'on retrouve Leo Damidov et son épouse Raisa. Pas question pour eux de faire table rase du passé, quand bien même ils le souhaiteraient seulement. Ce passé, ils le vivent au jour le jour, par l'intermédiaire de leurs souvenirs, pas toujours reluisants, mais aussi par la présence des deux filles qu'ils ont adoptés. Leurs parents ont péri à la suite d'une arrestation orchestrée par Leo lui-même. Zoya, l'aînée, adolescente, n'oublie pas, se promet de ne pas oublier leur sort ni celui qui en est à l'origine. L'air d'une vengeance étouffée ne demande qu'à s'exhaler. A l'image de celui soufflant en Russie à l'heure où les goulags se vident et où les rancœurs se révèlent au grand jour. A l'image aussi des intimidations et des meurtres perpétrés sur d'anciens membres des services secrets qui ne manquent pas de projeter Leo au cœur d'une vengeance dont il pourrait être la cible principale.
Pour un deuxième ouvrage, une suite qui plus est, on n'échappe pas à la comparaison. Car après l'engouement suscité par Enfant 44, l'attente ainsi qu'un soupçon de crainte sont là ? Sera-t-il aussi bien ? Est-ce seulement possible à partir du moment où les personnages nous sont connus et qu'un des effets, la surprise de la découverte d'un univers, de sa mise en mots, ne sera de mise ? En ce qui me concerne, j'avoue avoir un peu moins apprécié Kolyma. Un peu seulement, c'est important. Et encore, pour des raisons que j'ai bien du mal à définir et que je veux bien imputer à la subjectivité.
- Pirouette
- Hein ?
- Tout ça, c'est de la pirouette pour ne pas avoir à argumenter tant et plus. Tout ça pour ne pas avoir à écrire un billet trop long, billet dont la taille pourrait repousser des lecteurs potentiels.
- Ben voyons, et donc pour raccourcir je rapporterais mon petit monologue avec ma petite voix intérieure, c'est ça ? Ah c'est sûr ça fait plus court, là, du coup.
- …
- …
Pour le reste, donc, si je puis me permettre, Kolyma est un roman réellement prenant, impressionnant où, une fois de plus Tom Rob Smith n'emprunte pas les voies de la facilité thrilleristique.
-T'invente des mots maintenant ?
-Ouste !
La force de Kolyma tient autant à la reconstitution historique – il faut lire les passages sur la vie en Russie à l'époque, sur le goulag, sur le soulèvement en Hongrie pour s'en persuader – qu'à son scénario et à la façon dont ses personnages s'y intègrent.
Tom Rob Smith livre une histoire dure, cruelle dans laquelle se posent des questions pertinentes sur le fondement de l'Histoire. Des questions où se croisent les notions de vengeance et de réparation des fautes, sur la force de l'engagement et des événements qui la mettent en branle.
Kolyma, Tom Rob Smith, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, Pocket, 512 p.
13/04/2011
Losers-nés / Elvin Post

Et là, patatras, une fois arrivé sur ledit tronçon qui s'avère être une autoroute inclinée dont vous ne voyez pas le bout, plus question de reculer. S'offrent alors quatre solutions, dont une ne relève pas de votre seule volonté :
1. Vous dévalez la piste complètement crispé.
2. Vous dévalez la piste complètement crispé dans un nuage de neige.
3. Vous déchaussez de votre propre chef.
4. Vous prenez sur vous et descendez la piste avec aisance, en proie à des sensations inouïes qui vous donneront envie de recommencer.
Pour ce qui est de Losers-nés, loin d'être un livre vertigineux, j'ai opté pour la troisième solution. Principalement parce qu'on est dans le registre de la comédie policière et que je n'ai pas trouvé ça très drôle – mon manque d'humour me perdra, je le sais -, et que ça m'a semblé bien mal fagoté.
Qu'est-ce qu'on a là-dedans au juste ? Une ville, Manhattan où Roméo Easley a lâché son activité de guetteur au service du caïd du coin, Sean Withers, pour finalement se mettre à vendre des magazines d'occasion en pleine rue. Quand on découvre le personnage, on se dit qu'il a bien fait. Doté d'une naïveté sans commune mesure, on se doute bien qu'il n'aurait pas fait long feu dans le milieu. Roméo vit dans un appartement minable avec sa mère et son frère, lequel vient tout juste de sortir de prison pour replonger presque aussitôt dans le trafic. Pour ce faire, il est guidé par Sean Withers, très soucieux des retombées que pourrait avoir l'arrestation de l'un de ses transporteurs sur la pérennité des ses affaires.
Le découpage de Losers-nés m'a plus d'une fois laissé perplexe. Il y a beaucoup de personnages en très peu de temps. On en perd certains de vue pendant un moment pour les retrouver ensuite sans qu'on s'y attende vraiment alors qu'on les a presque oubliés. Le tout est d'une lenteur incroyable et l'histoire, pas passionnante pour deux sous, ne décolle jamais. Comme je n'ai pas su non plus déceler l'humour prêté à cet ouvrage, je préfère oublier et passer à autre chose.
J'ai déjà la minerve, là, à l'instant où j'écris ces lignes. Au cas où...

Losers-nés, Elvin Post, traduit du néerlandais par Hubert Galle, Seuil (Seuil Policiers), 304 p.