29/12/2010

Un Aller simple / Carlos Salem

Faire un résumé de ce livre se révèle un exercice impossible. Il faut y plonger et se laisser porter par la loufoquerie et l'absurdité régnantes. Si l'on voulait pourtant se rompre à l'exercice, il faudrait parler en premier lieu de la mort de la femme d'Ottavio, un décès brutal qui provoque chez lui un immense sentiment de soulagement et de liberté. Il s'ensuit alors une fuite en avant, une sorte de road movie hilarant en compagnie d'un vendeur de glaces dans le désert, et surtout, surtout, en compagnie de Carlos Gardel (ressuscité) dont le but ultime est d'assassiner Julio Iglesias, coupable à ses yeux d'avoir lui-même assassiné ses tangos en les interprétant de façon excessivement mièvre.

Ce trio entraîne le lecteur de rebondissements en coups de théâtre, tâchant de faire de cet Aller simple qu'est la vie, une véritable destinée, car « être malheureux c'est aussi un choix mais un choix de merde ». Alors autant tout faire pour être heureux. Pour résumer le résumé, citons enfin un des dialogues du livre : C'est un historie de dingues et personne n'y croira, mais c'est génial!

Gilles Moraton

Un aller simple, Carlos Salem, traduit de l'espagnol (Argentine) par Danielle Schramm, Moisson rouge, 265 p.

21/12/2010

Les Fils de l'air / Johan Heliot

Et si...

Et si Louis XVI n'avait pas été arrêté à Varennes le 21 juin 1791 ? S'il était parvenu à s'enfuir, à quitter la France, quelle aurait alors été la marche de l'Histoire ? A cette question qui brûle toujours les lèvres des passionnés, Johan Heliot a pour sa part décidé de lui consacrer un roman, Les Fils de l'air. L'occasion pour lui de laisser libre court une nouvelle fois à une imagination loin de se démentir, elle-même associée à un plaisir évident de jouer avec les personnages, célèbres ou non, et de les mettre en branle avec ce matériau inépuisable qu'est l'Histoire. Et quand bien même le roman est clairement estampillé jeunesse, tout lecteur pourra y trouver son compte tant son intérêt se révèle à travers des approches variées et complémentaires, qu'il s'agisse de l'Histoire (évidemment...), de l'Aventure ou bien même de l'ébullition scientifique.

Après avoir fui le palais des Tuileries, la famille royale s'est retranchée au château de Versailles pour un court répit, car la révolution gronde toujours. En conséquence de quoi Louis XVI, Marie-Antoinette, leurs enfants et quelques uns de leurs proches, dont le marquis de La Fayette et le scientifique Jacques Charles sont contraints de s'enfuir. Loin d'eux l'envie de finir à la prison du Temple ou de perdre la tête sous la lame affûtée de la guillotine... Aussi, sous le coup d'une attaque les empêchant de prendre la route, les voici qui empruntent la voie des airs à bord d'un ballon mis au point par Jacques Charles. Cette envolée, marquant le départ d'une longue traversée ponctuée par bien des remous, les mènera jusqu'aux Etats-Unis où, à l'aide de Benjamin Franklin et de George Washington naîtra une compagnie de transport aérien à même de créer une révolution d'un tout autre acabit que celle ayant ébranlé la France.

Les Fils de l'air est une lecture dont on aurait tort de ne retenir que son aspect divertissant. Car même si les perspectives uchroniques qui sont dévoilées ici ne s'étendent pas sur une durée excessivement longue qui aurait permis de noter toutes les incidences d'une évasion réussie de Louis XVI, elles séduisent justement par les altérations subtiles qu'elles engendrent inévitablement. Ainsi, on apprend que la Terreur a bien eu lieu en France, que Napoléon Bonaparte est bel et bien devenu un empereur avide de conquête et de puissance. Donc si changement notable il doit y avoir, celui-ci sera progressif, et Johan Heliot nous permet ici d'en apprécier les germes, d'en deviner l'impact à travers la construction d'une flotte de l'air, sous-tendant elle-même une variation clé dans l'occupation des territoires et de leur gestion. Une sorte de nouvelle donne géopolitique où le lecteur voit l'Histoire se transformer petit à petit sous ses yeux, dans le sillage d'une invention colossale pour l'époque. Certains pourront regretter que l'approche uchronique ne soit pas plus prononcée. Pour ma part, la subtilité proposée ici m'a parue plus crédible, plus juste dans sa vision et son appréhension d'un avenir qui aurait pu être...

Enfin, même si la plupart du roman se fait par le prisme de Charlotte, la fille du roi en exil et de Marie-Antoinette, Les Fils de l'air propose un rééquilibrage de la vision habituellement véhiculée autour de Louis XVI, faisant de lui un roi désintéressé par le sort du peuple, en plus d'être un traître à sa patrie. La démarche est ici de le présenter comme un être curieux, soucieux des mutations de la société et réceptif à ses changements, sans avoir toutefois les épaules d'un bon roi. Les éclairages réalisés autour des autres figures emblématiques sur l'échiquier de l'Histoire m'ont aussi paru réussis, qui plus est lorsqu'ils sont ponctués par de menus détails leur conférant une authenticité étonnante.

Une fois de plus, Johan Heliot a fait mouche en ce qui me concerne, d'autant que cette période de l'Histoire n'est pas celle que j'affectionne en particulier. Lecture agréable, donc, et qui a par ailleurs piqué ma curiosité au point d'ouvrir mes dictionnaires et de consulter divers articles sur internet concernant certains épisodes marquants de la construction des Etats-Unis ainsi que sur Robert Surcouf, figure marquante de la marine apparaissant aussi dans cette histoire. Qu'une uchronie parvienne à ce résultat, non pas pour vérifier la véracité de ce qui est avancé, je vous assure, ça a de quoi vous donner des ailes. En tout cas, après une telle lecture, c'est sûr, on aimerait bien faire un petit tour en ballon. Même si ça ne doit pas durer longtemps, hein. Faudrait pas non plus penser que je vais soigner mon vertige d'un simple claquement de doigts. Non mais quand même !


Les Fils de l'air, Johan Heliot, Flammarion (Ukronie), 302 p.

CITRIQ

12/12/2010

Trouvaille dans les décombres d'une ville dévastée

Journal relatif au rapport 67#25Azref/TIGLy/ :

Trouvé cette image dans les décombres.




Conformément à la clause 623b de la Charte des Néoresc, j'ai suivi la procédure habituelle consistant à transmettre le document au Mis'roy Detenko, qui a seul pouvoir de décision quant aux reliques trouvées sur l'AT, l'ancien territoire. Mis'Roy Detenko m'a sommé de ne rien dire de ma trouvaille. Louche.

Plus le temps d'écrire. Approchent pour me capturer. envoie image passé à Tiger Lilly initiatrice challenge... fin monde. suivre

11/12/2010

La Princesse des glaces / Camilla Läckberg, lu par Christine Pâris

Eh oui, je viens à mon tour rajouter une pierre à l'édifice déjà bien élevé autour de ce livre qu'on ne présente plus tant les échos ont été nombreux à son sujet. Mais comme je n'aime pas parler d'un bouquin sans l'avoir déjà lu et comme je suis amené à le prêter quand je suis à la ville, qu'on me demande régulièrement ce que j'en pense, j'ai sauté le pas. Je ne me suis pas vraiment forcé non plus, faut pas croire, d'autant que j'avais la possibilité de le découvrir dans sa version audio.

Pour expliquer les raisons d'un tel succès autour de La Princesse des Glaces et des autres titres de Camilla Läckberg qui lui ont succédé, j'aurais pu emprunter le raccourci très utile et un peu facile, c'est vrai, consistant à dire que la vague suédoise insufflée par le succès de la série Millénium n'y était pas étrangère. D'autant que certains aspects du livre pourraient inciter à le prendre, ce raccourci. Je ne vais pas vous dire l'inverse non plus. La percée de Stieg Larsson - pour lequel mon engouement s'est limité au premier tome – y a certes contribué mais ce serait vraiment réducteur de lui attribuer tout le mérite. Après tout, si ça avait été aussi nul que ça, il n'aurait jamais été édité, ce livre.

-Hé...
La petite voix – tiens, elle est de retour celle-là, ça faisait longtemps. Ne m'en veuillez pas pour la rupture momentanée de cette chronique, un petit dialogue intérieur s'impose.

- C'est bon je peux y aller, là, tu ne vas plus m'interrompre ?
- Non, non c'est bon.
- Bien, je voulais donc dire, d'après toi, Manu, tu t'imagin...
- BiblioMan(u), s'il te plaît.
- Hein ?
- Manu, c'est quand on est en dehors du blog, là c'est BiblioMan(u)

-… … … Mouais, passons, je disais alors comme ça tu t'imagines que parce qu'un livre a du succès, il est forcément bon. Toi même n'as-tu pas laissé entendre, ici même, que grosses ventes n'était pas synonyme de qualité ? Hein ?
-Oui, oui, sans doute... tu dois avoir raison... Et je le maintiens, mais à l'inverse ça ne veut pas dire non plus qu'un succès n'est pas mérité. On est bien d'accord ?
-Mh...tu devrais revenir à la Princesse des glaces, t'es en train de bassiner les lecteurs.


Bon, j'en étais où ? Oui, La Princesse des glaces a donc été édité. Pour des raisons évidentes. Ce n'est certainement pas le chef-d'oeuvre qui va révolutionner le monde du polar, mais là où c'est assez étonnant c'est qu'avec des côtés vraiment (vraiment!) exaspérants, eh bien on termine le livre avec une envie de retrouver les personnages. En espérant, deuxième roman oblige, que les défauts du premier auront été gommés.

Allez, à force de parler des défauts, je vous les expose. A commencer par une mièvrevrie dégoulinante qui nous ferait presque penser qu'on est dans de la chic... je ne vais pas plus loin, de toute façon Manu va m'arrêter.

-BiblioMan(u)
-Hein ?
-Ici c'est BiblioMan(u), tu as dit, pas Manu.
-Ah, non là, je parle de Manu qui a elle même écouté La Princesse des glaces dernièrement, ça n'a rien à voir.


J'ai soufflé de consternation à plusieurs reprises en écoutant le livre. J'ai eu l'impression d'être dans un roman à l'eau de rose dans lequel on ne m'a rien épargné, de la préoccupation du tour de taille à la tempête de neige qui bat son plein au dehors tandis que les deux amoureux se découvrent... Camilla Läckberg ne fait pas dans l'originalité non plus dans ses descriptions mais ce qui m'a aussi agacé, ce sont les petites invraisemblances qui jalonnent le récit. Jugez plutôt : on a une héroïne dont les parents sont morts il y a peu de temps, elle doit faire face à l'animosité d'un beau-frère bien déterminé à vendre la maison familiale quand il ne tape pas sur sa femme, elle découvre le corps d'une de ses amies d'enfance qui a été assassinée, elle vient d'obtenir une révélation de taille qui pourrait faire avancer l'enquête de façon déterminante et quelle est la question qu'elle se pose le matin en se levant ? Des idées, des suggestions ? Elle se pèse dans la perspective du rendez-vous avec l'inspecteur, fiancé en devenir, et se demande quelle incidence aura le retrait de sa petite culotte sur le chiffre de la balance...

Pour ne rien arranger, je n'ai pas non plus été réceptif à la voix de Christine Pâris qui empruntait l'intonation d'un ogre dans une histoire pour gamin pour les personnages masculins et surrenchérissait sur l'aspect mièvre et gnagnan.

Et pourtant. Et pourtant, tout ceci n'est en réalité que peu de choses si l'on y regarde bien. Car il y a une véritable fraîcheur là-dessous, une véritable énergie aussi et, ne l'oublions pas, ce serait dommage, une enquête tout à fait prenante. Le sort des personnages ne m'a pas laissé indifférent, aussi bizarre que ça puisse paraître au regard de ce que j'ai mentionné un peu plus haut. A tel point même, que j'ai enchaîné avec le deuxième ouvrage de Camilla Läckberg, toujours en livre audio. Après dix pistes, force est de constater que la voix de Eric Herson-Macarel me convient mieux et que le côté chick... sentimentalo-romantique a été épuré. Et si j'en crois une libraire de très bon conseil, le troisième ouvrage, le Tailleur de pierre, enfoncera le clou. J'ai bien fait de ne pas remballer les écouteurs au premier "nous étions destinés l'un à l'autre."

La Princesse des glaces, Camilla Läckberg, traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, Audiolib, 14 h 15 mn

06/12/2010

Winter time travel

Durant la période d'hiver, il est fort probable que vous voyiez fleurir cette image sur certains blogs:






Celle-ci sera accompagnée de chroniques autour de livres, Bd, films ayant l'uchronie pour thème. Pour plus d'informations, voire même pour vous inscrire, je vous invite à visiter le blog des Lhisbeï qui sont à l'origine de ce challenge bien sympathique auquel je vais pour ma part participer. Une première en ce qui me concerne mais l'uchronie est un genre qui m'intéresse par bien des aspects. Il est fort probable que je commence d'ailleurs avec un livre signé Johan Heliot, intitulé Les Fils de l'air. Rendez-vous donc aux alentours du 21 décembre...