31/12/2008
Quelques questions à... Jean-Bernard Pouy
29/12/2008
La Fraternité du Panca. Tome 2, Soeur Ynolde / Pierre Bordage
Dans ce deuxième volume - cinq sont prévus -, on suit donc le périple de Soeur Ynolde qui tente à son tour de rallier un autre membre de la Fraternité dans le système de Tau du Kolpter. En parallèle, on assiste à celui du jeune Silf, assassin du Thanaüm, dont l'ensemble des membres ont essaimé la galaxie pour enrayer la destruction de l'humanité qui incomberait à...la Fraternité du Panca.
Et puis il y a également un aspect mièvre pour le moins surprenant chez Pierre Bordage(je sais, je sais, je reviens régulièrement – trop ?- sur ces scènes qui entachent le récit par leur manque d'intérêt qu'elles leur apportent parfois, mais bon, on ne se refait pas...) : la baignade de Dhuog où Ynolde peut apercevoir ses muscles rouler sous sa peau, la déclaration d’amour avec ce " dès le premier instant où je t’ai vue "… de trop, à mon sens, pas vraiment nécessaire.
Fort heureusement, mis à part ces déconvenues, on ne peut par ailleurs qu’être ébloui par un bestiaire exceptionnel, les mondes visités, les villes traversées, les coutumes et l’Histoire de chaque peuplade que l’on découvre en même temps que les protagonistes de cette histoire. Alors là, pour la peine, l’originalité est là, bien là et on en prend plein les mirettes, comme on dit.
A mettre également au crédit ce deuxième volume, la distance prise par rapport à ce que l’on a l’habitude de lire dans ces histoires où le manichéisme est devenu monnaie courante. Ici, si les axes sont effectivement bien distincts, il n’en reste pas moins que les personnages sont tour à tour soumis au doute, à la remise en question, et enclins au renoncement. Pour des raisons qui sont propres à chacun. Le personnage de Silf est sans doute le plus représentatif de cette nuance apportée à la lutte du Bien contre le Mal, car depuis le début, il est conditionné pour tuer, pour obéir coûte que coûte, en aveugle. Et pourtant, on ne le considère jamais véritablement comme un assassin mais comme un garçon embarqué bien malgré lui dans une odyssée qui le dépasse et dont il se tire à merveille…
Déception d’un côté, emballement d’un autre, espérons que le troisième tome saura nous surprendre avec Frère…hé, comptez pas sur moi pour vous dévoiler son identité ! Non mais…
26/12/2008
Le Pays sans adultes / Ondine Khayat
Slimane est un petit garçon d'une dizaine d'années.
Slimane a un grand frère Maxence, qu'il aime plus que tout au monde. Une mère qui fait le ménage dans un hôtel sur l'autoroute, et un père alcoolique, chômeur chronique et violent. Tout est là. Lui, le père, c'est le Démon.
Il aurait peut être mieux valu que Ondine Khayat se contente aussi de ce genre de parole purement informative. Mais non.
Le démon donc, castagne toute la famille. Et croyez moi, on échappe à aucun détail. Le Démon a eu lui même des parents alcooliques, la mère de Slimane, elle, est une enfant de dame de joie, abandonnée, et incapable de sortir Slimane et Maxence de l'enfer de son mari.
Là, je commençais déjà à me dire : "Ça fait pas un peu beaucoup là ?"
Mais l'auteur et son éditrice, elles n'ont pas eu l'air de partager mon avis. Alors elles sont allées chercher toutes les grosses ficelles pour faire pleurer dans les chaumières. Et sur ce coup, rien à dire, elles ont réussi à merveille.
Voilà, je vais pas vous faire un dessin, je ne vais pas non plus vous dévoiler la catharsis et la fin du roman. Après tout, il ne s'agit là que d'un point de vue. Du mien.
Je ne suis pourtant pas de celles qui pensent que se taire est la meilleure des choses. Dénoncer l'horreur, dire pour ne pas oublier, ne pas se taire pour ne pas cautionner, il ne s'agit pas là que de simples concepts pour moi.
Mais je crois humblement, et l'histoire littéraire nous l'aura montré au fil de son histoire, que cela peut se faire avec beaucoup de talent. Je crois vraiment que l'auteur quand il est doué peut parvenir à éclairer nos consciences sur TOUS les sujets. Même les plus graves, les plus injustes. Même lorsqu'il s'agit de la maltraitance des enfants. Je me souviens de Du mercure sous la langue de Sylvain Trudel qui avec un talent incroyable dépeignait l'univers hospitalier vu par un adolescent. Je me souviens du non moins génial Entre Dieu et moi c'est fini de Katarina Mazetti qui lui traitait du suicide d'une adolescente vu par sa meilleure amie. Je me souviens du splendide Les larmes de l'assassin d'Anne-laure Bondoux, qui racontait l'histoire d'un enfant sans grande chance au départ de sa vie. Je me souviens d'Anne Franck, je me souviens aussi très bien de Poil de Carotte. Je me souviens encore d'Agota Kistof avec sa trilogie Le grand cahier, Le troisième mensonge et La preuve .... je me souviens donc très bien du fait qu'avec du talent, un auteur peut nous dire, absolument tout. Même en se plaçant d'un point de vue d'enfant ou d'adolescent.
Mais je ne me souvenais pas en revanche que cela devait rimer avec pathos et artillerie lourde. Je ne me souvenais encore moins que l'auteur se devait de sortir de la réalité pour nous arracher des larmes, et de faire d'un enfant, ce qu'il n'est pas : un adulte non corrompu.
Je ne savais pas que pour parler de l'injustice de la privation d'enfance et d'insouciance, seuls les ressorts de l'abject téléthon étaient utilisables. A savoir nous montrer des enfants qui n'avaient pourtant rien demandé - pas des comme nous salis jusqu'à l'os par les compromissions - des enfants accablés par la folie et la connerie des adultes, pour titiller nos mauvaises consciences, en nous les rendant encore plus innocents qu'ils ne le sont.
Voilà. Je vous avoue ici que bien des fois au cours de ma lecture, je me suis dis "là, j'arrête". Mais pour vous en parler, je suis allée jusqu'au bout. La dernière page refermée, une seule empreinte est restée : celle de la colère. Et cette sale impression de m'être fait manipulée.
Dommage.
17/12/2008
Carbone modifié / Richard Morgan
Pour Takeshi Kovacs, ancien membre du corps d'élite des Corps Diplomatiques, mort et résurrection sont devenues monnaie courante. Mais ce n'est bien sûr jamais une partie de plaisir, loin de là. A l'heure où commence cette histoire, Takeshi Kovacs renaît pour être envoyé sur Terre, dans un corps auquel il va devoir s'habituer très vite. Sa mission consiste à démêler les fils d'une bien louche affaire : un riche magnat voudrait élucider sa propre mort, retrouver celui ou ceux qui ont voulu l'assassiner. Pas si simple quand on sait que la police a quant à elle conclu au suicide, et qu'elle n'est pas forcément dans les meilleures dispositions pour lui venir en aide.
On dit souvent que c'est avec les vieilles recettes qu'on fait les meilleurs plats...mais pas forcément les meilleurs livres. L'employeur plus que riche dont la femme va au-delà de la simple drague avec le détective engagé pour une affaire où personne n'est ou tout blanc ou tout noir, les bôites de strip-tease, les bas-fonds de la ville... Il y a comme un sentiment de déjà-vu qui flotte là-dedans. En soi, ce n'est pas cela qui est vraiment gênant. Comme ne l'est pas non plus le monde à la Blade Runner dans lequel Richard Morgan campe son décor. Celui-ci est même plutôt plaisant. Cependant plusieurs éléments attrayants, au potentiel très riche (la réincarnation, le stockage de l'esprit, de l'âme, de la personnalité (rayez ce qui vous convient) ) auraient mérité d'être plus fouillés, mieux exploités dans un contexte qui s'y prêtait vraiment. Il y avait en effet tout pour faire de Carbone modifié un très grand titre de science-fiction.
Au lieu de quoi, on assiste à une succession de scènes bourrines de chez bourrines (et encore en disant ça, j'ai encore l'impression d'être en deçà de la réalité !) qui desservent sans cesse le récit, le décridibilisent. Takeshi Kovacs pulvérise crâne sur crâne sans état d'âme, provoquant ainsi la mort véritable de ses victimes. A quoi ça sert d'être devenu quasi immortel si on peut vous ôter la vie avec une facilité aussi déconcertante ? Hein, je vous le demande ! A moins bien sûr que l'auteur n'ait voulu signifier par là qu'il ne sert à rien de courir après l'éternité de la conscience. Franchement si c'est le cas, le traitement laisse perplexe. Quoi qu'il en soit, au bout de cinquante huit têtes carbonisées (à une ou deux près, bien sûr - mais comment ai-je tenu aussi longtemps ?!?!), ça devient on ne peut plus pénible. Au point de lâcher prise en se disant que c'est bien dommage.
A ne réserver qu'aux fans d'action pure et dure qui y trouveront peut-être leur compte.
10/12/2008
La Récup' / Jean-Bernard Pouy
C'est alors que commencent les vrais déboires pour Loulou. Car au lieu de se terrer et de se contenter de sa survie, celui-ci, un brin naïf, chanceux et quelque peu vieillissant va jouer de sa détermination – réjouissante détermination ! - et de sa chance – ça peut toujours servir quand les balles sifflent - pour récupérer son dû.
Y'a pas à dire, Jean-Bernard Pouy n'a pas son pareil pour capter l'attention de son lecteur. Il a la gouaille, le mordant, le mors aux dents, et cette déconcertante facilité, toujours, à jouer avec les mots, à les enrober pour le meilleur et pour le pire. Et derrière tout ça, avec tout ça, aussi, on sent le plaisir que prend le monsieur à l'écriture, le soin tout particulier qu'il prend à façonner son personnage principal, à le mettre en situation, à raconter son histoire.
De même, dans ce roman noir miroir, ce qui m'a le plus charmé, quelque part, c'est cette description d'un quotidien, l'attachement évident aux gens ordinaires, au sens mélioratif du terme, à une frange de la population qui se retrouve au bord des comptoirs, dans les bistrots ou les manifs pour échanger, vivre, vibrer à l'unisson, et cette volonté, presque sensible, de toujours coller à son époque, quoi qu'il advienne, quels que soient ses défauts, ses pauvres mordus du fric adeptes de l'empapaoutage à tous les étages.
Du Pouy en grande forme, comme on l'aime.
04/12/2008
Quelques questions à.... Régis de Sà Moreira
> Marie-Pierre Soriano : Régis de Sà Moreira, bonjour et merci d’avoir accepté mon invitation. Alors Mari et femme c’est votre dernier roman. Comment s’inscrit-il dans votre bibliographie, finalement ?
RdSM : Alors bonjour. Mari et femme c’est mon 4ème roman. Et comment il s’inscrit ?…Le dernier était paru en 2004. Donc il s’inscrit après 4 ans de silence.[rires]
MPS : Oui, il y avait eu une alternance régulière entre les trois premiers, hein ?
RdSM : Oui, c’était tous les deux ans.
MPS :Là vous avez un peu…
RdSM : Oui, j’ai pris un peu plus de temps.[sourires].
MPS: Il a été plus long à venir ?
RdSM : Euh, voilà ouais.
MPS : D'accord. Moi j'ai trouvé que c’était un roman qui pose beaucoup de questions et qui ne prétend pas y répondre. Est-ce que vous diriez qu'il s'agit d'un message...enfin...que le message contenu dans votre roman, il porte sur l'importance de s'aimer soi ou sur l'importance de se mettre à la place de l'autre?
RdSM: Les deux à la fois. En tout cas je suis complètement d'accord avec ce que vous dites sur les questions. Moi ce qui m'intéresse vraiment, c'est de poser des questions et puis de laisser les gens se les poser ensuite, et pas forcément y apporter des réponses. Donc...en tout cas ça questionne ce domaine là, quoi, qui est le...non seulement c'est la rapport à soi et à l'autre et sur la possibilité de vivre à deux, quoi.
MPS : Alors sur ce principe là, hein, du mari qui se réveille dans le corps de sa femme et la femme dans le corps de son mari, qu'est-ce qui est le plus important ,finalement. Le corps ou l'âme? Le contenant ou le contenu?
RdSM: Oh ben...Pour le coup je suis pas sûr. Je trouve que c'est une, un peu, dans le livre en tout cas une fausse question. J'ai l'impression, enfin je m'en rends compte de plus en plus, parce que on met toujours un peu de temps à comprendre ce qu'on a fait [rires]. J'ai l'impression que c’est pas tellement ça l’important, que l’échange de base même s'il est très attrayant et qu’on entre dans le livre comme ça, peu à peu peut être qu'il devient presque un prétexte en fait, et que on le laisse un peu de coté pour vraiment suivre ce qui est plutôt l'évolution d'un couple. Enfin je sais pas si vous êtes d'accord?
MPS: Oui, si si c'est vrai.
RdSM : Ou du coup ça devient moins...heureusement d'ailleurs parce que si c'était juste ça l'idée ça serait ....
MPS :…ça serait un peu pauvre.
RdSM : Ouais. Et donc, voilà, et puis on se rend co...enfin ce que j'aimais bien, moi, ce que je trouvais chouette enfin faut pas tout dire mais, quelque part ça a pas vraiment d'importance dans quel corps ils sont, quoi. Enfin, que…que pour eux en tout cas ce qui compte c’est de continuer leur histoire. Bon ben voilà ça leur arrive, donc ils le prennent aussi, aussi bien,[sourires]en fin aussi sincèrement que possible, et ensuite de voir comment on peut s'en sortir comme ça, quoi.
MPS :Est-ce qu'au cours de l'écriture vous avez eu des problèmes avec les doutes ? Enfin est-ce que vous avez douté quant à la place laissée aux clichés, aux poncifs parce que somme toute, vous ne pouvez que malgré tout supposer ce que c'est que d'être une femme ?
RdSM:[rires!] qu'en savez-vous ? [Rires].
MPS : Ah ben. Je vais vous dire [sourires]. Je l'ai lu figurez-vous, c'est bien embêtant…
RdSM: [rires].
MPS: Avant d'interviewer, je l'ai lu et j'ai bien compris que vous ne pouvez faire que supposer.
RdSM: Ben...Imaginer, ouais, ouais. Oui , ben oui, c'était le risque, oui. Enfin moi c'est un risque que j'ai couru. Enfin, d'ailleurs je pense, aussi que ça dépend des lecteurs sur le… comment se passe la réception. Mais bon, c'est une affaire de confiance, quoi. J'ai l'impression quand on tente comme ça une aventure imaginaire de manière un peu sincère, on est obligé de se faire confiance parce que si on se met des...à se juger trop vite et à se demander de quoi ça a l'air , « est-ce que c'est pas un cliché ? », ça devient intellectuel et ce qui est intellectuel c'est souvent ennuyeux, et puis faux. Donc c'est vraiment un livre moi où j'ai dû faire beaucoup confiance à la fois à mon inconscient et puis à la..., je sais pas, à la vie.
MPS: Est-ce que pour l'écrire vous avez posé beaucoup de questions aux femmes qui vous entourent ou pas du tout ? Vous avez tout fait tout seul.
RdSM : Très peu. Mais bon moi j'ai 35 ans, donc j'ai eu l'occasion dans ma vie de....
MPS: …de croiser quelques femmes.
RdSM : Ouais des femmes avant ça . Donc même si j'étais pas toujours dans un…dans un...dans une attitude d'enquête, je me suis toujours intéressé à ce que ça pouvait être d'être l'autre, enfin en tout cas d'être une femme donc euh, je suis sûr d'en avoir posé beaucoup dans le passé. Ensuite, une fois que j'ai commencé à écrire ce livre, à savoir que je l'écrivais, c'était vraiment des choses très très précises, et d'ailleurs la plupart, je m'en suis pas servi. Je me rappelle j'ai posé pas mal de questions sur les cheveux, les coupes de cheveux, les peintures de cheveux, des choses comme ça. Où je me demandais notamment, la fréquence, combien de temps ça mettait, enfin des choses auxquelles j'avais pas forcément pensé avant, comment on se séchait les cheveux...et finalement ça apparaît très peu dans le livre. [Rires]. Donc c'est un travail qui nourrit en profondeur mais qui est pas vraiment là, en surface.
MPS: D'accord. A quelle femme auteur, ou même peut-être pas d'ailleurs, proposeriez-vous d'écrire le pendant de votre roman, mais cette fois du point de vue de la femme dans le corps du mari?
RdSM: Ah....voilà une question intéressante !
MPS : D'ailleurs, on ouvre, enfin , on pose la question aux auditeurs. Si quelqu'un est intéressé, enfin si quelqu'une est intéressée, on est preneur.
RdSM[rires] : Ben ouais c'est marrant parce qu’en plus, je me suis demandé, moi à un moment si je devrais pas le faire et tout ça, et puis je me rends compte que c'est pas…c'est beaucoup moins ma place, quoi.
MPS : Ah ben…à mon avis c'est pas possible.[sourires]
RdSM: Ouais, je vais le faire avec moins de plaisir déjà, et je pense que c'est important que y'ait du plaisir là dedans, sinon ça deviendrait très laborieux; Et puis ensuite sans doute, vous avez raison, ouais, ça serait sans doute pas possible. Et quelle femme....?
MPS: Oui. A quelle femme vous confiriez ça ?
RdSM: Je sais pas si je connais assez bien les femmes contemporaines...
MPS: Enfin même si c'était, même on va dire, un auteur, même une femme morte, pour avoir une idée.
RdSM : Y'a un écrivain que j'aime beaucoup qui s'appelle Carson McCullers. Mais bon c 'est très différent, hein . Je sais pas pourquoi je pense à elle d'un coup, là. C'est un livre qui s’appelle Le Coeur est un chasseur solitaire, qui est vraiment formidable. Mais je suis pas sûr que ça ait tellement de connexions. Je sais pas. C'est une question intéressante mais difficile.[rires]
MPS : Savez-vous que quand même après la lecture de Mari et femme, je me suis surprise à me demander plusieurs fois si certaines personnes en face de moi n'étaient pas en réalité un ou une autre enfermé(e) dans un autre corps ?
RdSM : Ah ben c'est bien.[rires]
MPS : Finalement, est-ce que tout est possible Régis de Sà Moreira?
RdSM: Ah oui, ben moi, ça c'est mon hypothèse de départ, sinon je pourrais pas écrire, en fait, je crois. Enfin, c'est... Ça veut pas dire que je fais de la science-fiction mais euh, moi c’est ça qui m'intéresse. Ma démarche à moi c'est...de, je veux dire c'est pas parce que quelque chose n'est jamais arrivé qu'il arrivera jamais, et que donc pourquoi pas ? Et si ça arrivait qu’est-ce qui se passerait ? Et...Et Je remarque que peut-être pas toujours de manière aussi évidente, mais en fait que presque tous mes livres reposent là- dessus. Et que oui, tout est possible, oui.
MPS: D'un point de vue technique à présent, j'aurais voulu savoir comment vous vous en êtes sortis avec les pronoms. Est-ce que l'absence de pronoms, très souvent utilisés, et puis dès la page 118 l'utilisation du « nous », ça, ça a un sens précis en fait ?
RdSM : Ah ben je savais pas que ça commençait page 118. Qu'est-ce qui se passe page 118?
MPS : Ah ben en fait vous vous mettez à utiliser le « nous ».
RdSM : Ça n’y est pas avant ?
MPS : Non
RdSM : Ahhhhh...
MPS : [Rires].
RdSM : Ah bon ?
MPS : Vous l'avez lu ?
RdSM :[Rires].
MPS : Est-ce que vous l'avez lu ?
RdSM : Je l'ai lu. Enfin je l'ai lu. Je sais pas si je l'ai lu en fait. Mais je l'ai beaucoup relu, ouais. Euh...C'est partie naturelle, partie travaillée, ça. Moi, chez moi c'est comme ça que je fonctionne. C’est à dire que mon travail, c'est que je fais beaucoup de, pour commencer, de roue libre, comme ça. Comme je disais un peu d'écriture pas inconsciente mais vraiment très très libre et très improvisée. Vraiment comme de l'improvisation au théâtre. Et ensuite je reviens dessus et je fais un travail presque maniaque de réécriture. Donc après y'a une part qu'on...la plus grosse part a été faite au début mais c'est ensuite de la nettoyer , quoi, un peu comme une pierre précieuse, d'enlever tout ce qui est en trop. C'est beaucoup d'enlever. Donc y'a beaucoup de choses dedans qui sont pas réfléchies, qui ont été faites...
MPS :…spontanément...
RdSM : Ouais ou…ouais spontanément mais ensuite c'est réorganisé, quoi. Mais c'est pas mathématique, ouais. D'ailleurs y'a des supers livres qui sont faits sur des schémas mathématiques. J'ai rien contre. Mais celui-là n'a pas été fait comme ça.
MPS : En parcourant les blogs sur internet qui évoquent Mari et femme je me suis aperçu que votre roman a été lu, bizarrement, par beaucoup de femmes. Est-ce que c'est le public auquel vous vous adressiez en l'écrivant ou pas du tout?
RdSM : Non, pas du tout. Enfin pas du tout, oui, mais pas seulement quoi. Moi je m'adresse à un lecteur imaginaire qui est homme ou femme, j'en sais rien. Vraiment. Ça c'était pour chaque livre, hein , pas seulement pour celui-là. J'ai même eu un doute, un doute de dernière minute, je crois, parce que quand je l'ai envoyé à mon éditrice, donc une femme [sourires], y'avait que mon frère qui l'avait lu. Et du coup, elle a mis un peu de temps à me répondre parce qu'elle était super occupée , quelle le lisait lentement et tout ça...et y'a un moment où ben bon on sait pas, on panique enfin, voilà quoi on se dit « merde...pourquoi »…
MPS: …qu'elle dise : « ça a pas marché »…
RdSM : Et où je me suis dit je me rappelle à ce moment là « merde peut-être que ça marche pas avec une fille, en fait, peut-être que ça marche pas avec une femme et que, ok, bon mon frère ça a super bien marché, mais que je vais me rendre compte que »....et puis pas du tout en fait. Elle était en retard parce qu'elle manquait de temps et au contraire elle avait vraiment beaucoup beaucoup aimé. Donc ça c'était, c'était la bonne nouvelle, c'est qu'elle m'appelait pour les deux. Ce qui en, fait est assez logique, enfin bon, quelque part.
MPS : Oui. Est-ce que vous avez pensé au cours de l'écriture à développer...alors, je vais essayer de ne pas tout dévoiler mais, plus, la toute fin, hein, c'est un peu le choc de la fin...Est-ce que n'aurait pas été une façon d'aller carrément plus en profondeur finalement dans le mystère de ce que c'est que d'être une femme pour vous, en fait?
RdSM: De continuer le livre, vous voulez dire...dans le temps ?
MPS: Non pas le continuer parce que je trouve que c'est sa concision qui fait toute sa force. Mais au lieu de développer plus sur les moments où il va au travail, plus prendre plus de temps pour parler justement de cette grande chose qui se passe à la fin ?
RdSM : Franchement...euh...est-ce que j'y ai pensé?
MPS : Ouais. Est-ce que vous y avez pensé et est-ce que vous avez reculé, parce que là vous vous êtes dit : « non ça je peux pas », enfin, tellement vous ne savez pas finalement.[sourires]
RdSM : Eh ben non, j'y ai même pas pensé en fait. Pour moi c’est arrivé comme la fin, quoi. Je sais que ça m'est arrivé dans d'autres livres de ne pas comprendre quand est-ce qu'ils s'étaient finis, de chercher , de revenir en arrière, d'aller plus loin et tout. Tandis que là c'était très clair, quoi. Et puis surtout la dernière phrase. Enfin j'ai pas… en tout cas, j'ai pas consciemment envisagé d'aller plus loin.
MPS : D'accord. Donc Régis de Sà Moreira, on va finir cette interview par la question que je pose à tous mes invités. Alors figurez-vous que vous êtes le premier à m'avoir mis un doute sur la question. La question c'est « Régis de Sà Moreira, avez-vous la vie dont vous rêviez quand vous étiez un enfant? »
RdSM : [Rires] [silence]....euh....je sais pas. Je crois pas que je rêvais une vie quand j'étais un enfant. Désolé, ça annule un peu la question mais...
MPS : Non. Pas du tout. Je vais vous poser la question que j'ai pensé juste pour vous. Est-ce que vous avez la vie dont vous rêviez quand vous étiez une femme ?
RdSM : Rires]... oui peut-être plus, oui....[sourires]
Pour toutes les informations concernant les embarquements à bord du Zinc, c'est simple comme un clic.
24/11/2008
La Bibliothèque nomédienne / Alfred Boudry et les Gaillards d'avant
Et puis...
17/11/2008
Les Yeux fermés / Gianrico Carofiglio
Difficile de ne pas se laisser gagner par l'emballement à la seule évocation de cette affaire aux résonances épiques. On aspire à ce que ce David, en la personne de Guido, sorte bien sûr vainqueur de ce combat singulier qui l'oppose à une machine judiciaire n'hésitant pas à jouer de procédures malsaines - quand elles ne sont carrément pas illégales - pour parvenir à ses fins. Une machine qui privilégie l'aspect politique de la profession, le calcul à plus ou moins long terme, plutôt que de prendre en compte la véracité des faits et de s'évertuer à les replacer dans leur contexte réel.
Ce combat de mauvaise guerre est à la hauteur des attentes quand bien même Gianrico Carofiglio se joue des conventions et emprunte des voies auxquelles on ne s'attendait pas, justement, notamment en ce qui concerne le dénouement. A ce titre, il fait preuve de la même efficacité que dans Témoin involontaire. Une impression d'ailleurs renforcée par l'évolution tout en nuances du personnage de Guido. Fini la dépression, les remises en question, le mal-être prégnant. Seulement tout n'est pas résolu pour autant. A mesure qu'il plonge dans cette affaire qui lui tient à coeur, on perçoit ça et là quelques fissures qui n'ont pas été colmatées. Cet homme là reste touchant, aussi bien dans sa quête identitaire que dans l'expression de ses convictions et l'énergie qu'il met en oeuvre afin de leur donner du sens.
En conclusion, je me ferai l'écho de ce que j'ai pu lire autour des Yeux fermés, à savoir que ce livre là ne fait que confirmer le talent de son auteur. Vivement le prochain !
10/11/2008
Casco Bay / William G. Tapply
03/11/2008
Mari et femme / Régis de Sà Moreira
Les mots ont été prononcés, la situation tacite, celle qui empêchait de dormir et de respirer normalement a franchi un cap, elle a changé, officiellement évolué. Mais même dans ces moments là, la vie, sa quotidienneté, tourne. Cet homme et cette femme vont se coucher.
Et, et c'est là que le roman de Régis de Sà Moreira débute, ils se réveillent. Et Régis de Sa Moreira nous réveille, nous avec. Lui se lève dans son corps à elle. Et elle dans son corps à lui.
Fini les repères, pour eux, pour nous, même combat. Nous sommes, ce couple et nous, dans le même navire. Le skipper, cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler, barre comme un fou, comme un enfant ivre du vent du large....Et cette homme dans le corps de sa femme, cette femme dans le corps de son mari, et nous, sommes balancés par dessus bord, rattrapés au dernier moment, secoués.
La lecture de Mari et femme demande un effort tout particulier. Comme une gymnastique incroyable. Jamais entravante. Tout est une question de pronom, de genre, féminin/masculin. Forcément, hein, si Il caresse les mains de sa femme, comprenez bien messieurs dames, que désormais il n'a plus qu'à caresser ses mains à lui....II s'agit alors d'ouvrir l'oeil et le bon, de ne rien sauter, de faire attention à tout. Finalement comme si enragés, nous nous mettions à faire ces efforts nécessaires à la longévité du Couple. Quel qu'il soit. Et c'est quand cette lucidité arrive à nos consciences de lecteur que l'on sait que Régis de Sa Moreira du haut de ses trente ans, vient de nous coller une gifle.
Et comme la vie -et toute sa dimension ridiculement concrète- continue pour cet homme et cette femme, après quelques heures données à leur surprise, ils faut qu'ils se remettent à assurer le quotidien. Il doit aller dans son corps à elle, à son travail à elle, et elle elle doit, après s'être habillée en lui, doit vivre à sa manière à lui. Comme de la science fiction, sans science fiction. Comme une comédie, mais avec des rires jaunes...
Aveuglé par la folie de cette situation, il ouvre les yeux sur ce qu'est sa vie. Énucléé par la violence de ce réveil, elle voit, pour la première fois, qui il est.
Et Régis de Sà Moreira, courageux comme on en fait plus, pousse la conduite de son navire à cette folle allure au delà de ce que nous attendions. Peut être est-ce alors le moment pour moi de vous préciser que Mari et Femme est édité Au diable Vauvert, et que peut être bis, il faut être le diable vauvert en france et en 2008, pour permettre à un auteur d'aller au bout de sa folie -géniale folie-. Pour permettre de nous secouer avec autant de force, là où d'autres au pied de la tour Eiffel enfoncés dans un gros fauteuil, avec des poches bien plus remplies de billets en crise, auraient suggérés à l'auteur de ralentir un peu, et de finir le roman de façon pus consensuelle et raisonnable, histoire de justement pas trop nous effrayer.
Régis de Sà Moreira pousse jusqu'à l'inenvisageable. De la pure science fiction sans science fiction, et moi lectrice dans tout cela ? Ben moi, les cheveux dressés sur la tête, je viens de prendre le large, la mer m'a bouffé toute crue, et pendant trois heures, j'ai heurté un grand nombre de questions qui touchent le couple.
Mes petites faiblesses, mes tiédeurs et mes lâchetés, ma fainéantise, mon manque de rigueur et d'exigence, mon tout petit esprit étriqué, mes œillères si faciles à porter, mon confort, pour cette grande aventure qui demande bien plus...Toujours plus, le meilleur de soi, et le regard aiguisé, les sens aux aguets, les écoutes dressées...
Régis de Sà moreira vient de me coller une bonne leçon, le côté moralisateur en moins. Il vient de me malmener de façon brillante, et pour mon plus grand bonheur. Il m'a demandé de l'attention et de l'écoute, de l'intelligence, et de l'humilité. Il me les a même pris sans me demander mon avis. Et il a bien fait le bougre.
Qui a dit que le rock n roll était mort ?
Terreur / Dan Simmons
L'univers est parfaitement campé : les conditions extrêmes, la Bête inaccessible, quasimment invisible, l'état moral et physique de l'équipage. On en tremblerait. Vous en tremblez. Un temps. Parce qu'ensuite, l'intérêt s'érode farouchement. Vous commencez à bouger sur votre fauteuil, car vous ne pouvez faire autrement que d'imaginer la suite, vous l'anticipez et puis...vous vous rendez compte que tout ceci sent le déjà-vu, qu'à part cette sensation de claustrophobie qui vous glace le sang artificiellement et qui tend à s'estomper, l'ennui se fait sentir. Sachant qu'il vous faudra écrire un billet sur ce livre qui sent la déception à plein nez quand d'autres crient au chef-d'oeuvre, vous ne voyez qu'une seule solution, sortir une carte " les goûts et les couleurs " cousu dans votre costume, au niveau de la cuisse. Vous l'aviez mise ainsi parce que vous rechignez à l'utiliser. Trop facile, pensez-vous, vraiment trop facile. Et vraiment trop bien cousu ! Alors, naturellement, vous renoncez. Car , il ne s'agit pas uniquement de goûts et de couleurs. Ce n'est pas que cela.
Que l'aventure soit perçue par l'alternance des points de vue de plusieurs personnages, soit. Mais que celle-ci s'opère avec des flash-back incessants, où vous vous retrouvez blackboulés un an en arrière, voire plus, où des bonshommes que l'on sait avoir péri dès le départ, ressurgissent tout à coup pour expliquer le comment du pourquoi, ça commence à sentir le joyeux bordel, si je puis me permettre. Sans compter que cela favorise une impression de longueur, de redondance dans l'action, à partir du moment où vous sentez que l'histoire est pliée d'avance. Ils vont mourir les uns après les autres dans de terribles souffrances, peu en réchapperont mais ils auront été au bout d'eux-mêmes...
Enfin, à l'instar d'un Stephen Baxter, auteur de SF qui connaît une renommée fulgurante ces dernières années (il n'y a qu'à constater le florilège de parutions et d'articles enjôleurs !), ce qui déraille ici, ce sont les personnages, impénétrables, trop froids. Alors bien sûr, ils appartiennent pour la plupart à la Marine, se retrouvent dans une situation d'extrême tension, mais bon sang de bon sang, on a du carton pâte en guise de héros. Le cadre, parfait, l'ambiance parfaite mais alors les zozos qui arrivent avec leur costume mal cousus, leur maquillage, leurs artifices, ça ne colle pas. On tient là le plus gros défaut de Terreur, et de certains autres bouquins de Dan Simmons (Nuit d'été, Les fils de l'éternité, L'Homme nu...). A vouloir reprendre une histoire, vraie, à combler les trous, on ne tombe pas dans certains travers qui consistent à déformer une réalité pour en transposer une autre qui, au final, ne fait qu'édulcorer l'ensemble. Ou alors, on le fait jusqu'au bout. Et là, ce n'est pas une histoire de goût et de couleurs, c'est une histoire de style !
Ceci dit vous vous faites la réflexion que vous même, vous seriez bien incapable de pondre ne serait-ce que la moitié d'un truc pareil. C'est vrai. Mais est-ce pour autant une raison pour que le lecteur accepte tout ce qu'on lui donne à lire, hein ?
Sur ce, une fois que vous aurez terminé cette petite bafouille qui n'engage évidemment que moi, je vous propose de me restituer le costume que je vous ai prêté le temps de cette chronique afin que je puisse me concentrer comme il faut et vous propulser vers d’autres livres plus alléchants. Sentez-vous déjà votre doigt s’actionner sur la mollette de votre souris ? Descendre un petit peu pour retrouver des titres dignes d’intérêt ?… Quoi ?…Vous êtes encore là ? Tant mieux, j’ai oublié de vous dire qu’en haut, juste en haut, d’après ce que j’en ai lu, ça a pas l’air mal du tout.
26/10/2008
L'Océan de la stérilité. Tome 1, Lolita complex / Romain Slocombe
22/10/2008
Quelques questions à...Joseph Incardona
JI : Ben je dirais que c’est un livre charnière. C’est à dire que … y’a une maturité qui arrive petit à petit. Et je crois que il y a certains thèmes aussi qui ont été un petit peu disséminés soit dans les recueils de nouvelles, soit dans les romans précédents, et puis une réelle affirmation, on va dire, d’un genre surtout, parce que avant, je crois que mes deux précédents romans, on les avait qualifiés de « grise ». C’était pas complètement de la blanche, pas complètement du noir. Et en fait, ça faisait un moment que ça mûrissait et Patrick Raynal était un petit peu… enfin me suivait, avait suivi le précédent roman et puis petit à petit ça a mûri. Et puis je crois que déjà les recueils de nouvelles aussi ont clairement été vendus dans les librairies plutôt comme des recueils de noir. Et puis je crois que, voilà, j’ai vraiment trouvé mon genre, ma voie, ma voie avec « e » et avec « x »,hein. Et puis voilà, maintenant le style s’affine. On n’a jamais fini d’apprendre, de peaufiner, et puis de progresser, en fait.
JI : Ah oui ! Mais moi je pense que le roman noir, bon c’est peut-être un peu banal de dire ça, mais c’est ce qui se rapproche le plus du roman social. Ce qui définirait la noire, ce serait on va dire peut-être, à mon avis hein, un sens de la tragédie et puis bon bien sûr une atmosphère et puis…ce qui la différencie du polar où c’est plutôt une enquête avec un policier, un agent d’assurance, un journaliste… La noire est plutôt liée à l’idée de tragédie. Et puis je pense que effectivement depuis Léo Malet… Chandler… enfin bref, c’est quelque chose qui à mon avis est proche du roman social, effectivement. C’est une façon de bien faire ressortir certains malaises de société, enfin, certains problèmes. Je pense que c’est une bonne manière d’ouvrir la voie pour ça effectivement.
MPS : Alors pour rentrer plus dans Remington, le personnage de Matteo s’inspire de faits divers pour alimenter son écriture. Vous, en tant qu’auteur, vous les avez inclus ces faits divers dans la lecture en surnombre, et cela finit par la rendre de plus en plus banale. Est-ce là votre manière de mettre en lumière l’individualisme, l’égocentrisme qui sont en croissance exponentielle dans nos sociétés ?
JI : Mes références de travail ? C’est à dire la manière dont je travaille où… ?
MPS : Tout à fait oui. J’irais même jusqu’à dire que Matteo est un amoureux des mots justes, de l’économie d’énergie, d’adjectifs et d’adverbes, et ce, pour aller à l’essentiel, enfin c’est ce que moi j’ai compris…êtes-vous vous-même un auteur sensible à la musique des mots ou est-ce bien là votre manière de boxer avec les mots et la vérité ?
JI : Oh, je crois que c’est un peu les deux. C’est un peu les deux.. C’est à dire que d’une…enfin y’a déjà une chose. C’est que y’a l’idée où le fond rejoint la forme et inversement. C’est à dire que, on est sur un personnage qui est timide, plutôt introverti, obsessionnel et donc l’écriture se doit de rejoindre, si vous voulez, le fond, de se rejoindre avec le personnage. Donc c’est une écriture plus tenue effectivement avec très peu d’adjectifs, très peu d’adverbes, c’est…je ne dirais pas que c’est du minimalisme mais on va vers quelque chose de plus épuré. Alors que peut-être si le personnage avait été plus baroque, enfin par rapport à d’autres romans que j’ai pu écrire avant, c’était un peu plus truculent on va dire. Mais là, il y a l’idée vraiment que le personnage et l’écriture ne fassent qu’un. Sans bien sûr tomber dans quelque chose de complètement désincarné ou trop sec, j’aime bien quand même qu’il y ait de la chair. Mais effectivement les derniers chapitres où il se lâche, l’écriture s’enrichit tout d’un coup parce qu’on commence à savoir qui il est, réellement.
JI : Je l’aime bien. Je l’aime bien et puis je crois qu’on sent qu’il y a une, enfin bien qu’elle soit éphémère, mais dans cette petite relation qu’ils ont, enfin une relation qui n’est pas une relation intime mais une relation de travail, mais y’a vraiment quelque chose qui passe entre eux. Effectivement après, sa directrice à l’agence est une personne plutôt sèche [rires]. Et puis Elsa, Elsa effectivement elle a, elle a…
19/10/2008
Le Coup du sombrero / Marc Villard
Comme à son habitude, Marc Villard s'amuse, amuse jusqu'à en devenir touchant, même si cette fois-ci, il ne se met pas toujours en scène. Sensible à la musique des mots, comme il le disait dans une récente interview que vous pouvez trouver là, Marc Villard cède de temps à autre le terrain des mots à ceux qui font le football: gloires d'antan et d'aujourd'hui, supporters, dirigeants, joueurs...
"Cinq gamins se meuvent dans la demi-pénombre, le regard aimanté à un ballon de football flambant neuf offert par la femme de l'aide sociale. Deux d'entre eux flirtent avec la perfection. Ce sont les moins bavards, la musique des sphères est dans leur tête. La balle se faufile, collée à leurs tennis."
Avec nostalgie, sans pour autant être passéiste, Marc Villard vise juste sans oublier toutefois de mettre le doigt sur les travers de ce sport mondialement reconnu, sans pour autant tomber dans des clichés éculés et stériles. Des nouvelles efficaces, donc, surtout lorsqu'il se met en scène dans une maison de retraite -La Nuit tombe ; Bolton-Tottenham ; Crampons - où son art consommé de l'insulte - Salope. Demain, j'irai vomir dans tes chaussons -, entre autres, font de ce ronchon de service, roublard et vachard, un type diablement sympathique. A l'image de ses nouvelles.
Si vous désirez en savoir un peu plus sur les autres ouvrages parus précédemment, à savoir J'aurais voulu être un type bien ; un jour je serai latin lover ; Bonjour je suis ton nouvel ami ; Elles sont folles de mon corps ; Souffrir à Saint-Germain des près...ainsi qu'à sa bibliographie, vous pouvez cliquer ici.