26/10/2008
L'Océan de la stérilité. Tome 1, Lolita complex / Romain Slocombe
22/10/2008
Quelques questions à...Joseph Incardona
JI : Ben je dirais que c’est un livre charnière. C’est à dire que … y’a une maturité qui arrive petit à petit. Et je crois que il y a certains thèmes aussi qui ont été un petit peu disséminés soit dans les recueils de nouvelles, soit dans les romans précédents, et puis une réelle affirmation, on va dire, d’un genre surtout, parce que avant, je crois que mes deux précédents romans, on les avait qualifiés de « grise ». C’était pas complètement de la blanche, pas complètement du noir. Et en fait, ça faisait un moment que ça mûrissait et Patrick Raynal était un petit peu… enfin me suivait, avait suivi le précédent roman et puis petit à petit ça a mûri. Et puis je crois que déjà les recueils de nouvelles aussi ont clairement été vendus dans les librairies plutôt comme des recueils de noir. Et puis je crois que, voilà, j’ai vraiment trouvé mon genre, ma voie, ma voie avec « e » et avec « x »,hein. Et puis voilà, maintenant le style s’affine. On n’a jamais fini d’apprendre, de peaufiner, et puis de progresser, en fait.
JI : Ah oui ! Mais moi je pense que le roman noir, bon c’est peut-être un peu banal de dire ça, mais c’est ce qui se rapproche le plus du roman social. Ce qui définirait la noire, ce serait on va dire peut-être, à mon avis hein, un sens de la tragédie et puis bon bien sûr une atmosphère et puis…ce qui la différencie du polar où c’est plutôt une enquête avec un policier, un agent d’assurance, un journaliste… La noire est plutôt liée à l’idée de tragédie. Et puis je pense que effectivement depuis Léo Malet… Chandler… enfin bref, c’est quelque chose qui à mon avis est proche du roman social, effectivement. C’est une façon de bien faire ressortir certains malaises de société, enfin, certains problèmes. Je pense que c’est une bonne manière d’ouvrir la voie pour ça effectivement.
MPS : Alors pour rentrer plus dans Remington, le personnage de Matteo s’inspire de faits divers pour alimenter son écriture. Vous, en tant qu’auteur, vous les avez inclus ces faits divers dans la lecture en surnombre, et cela finit par la rendre de plus en plus banale. Est-ce là votre manière de mettre en lumière l’individualisme, l’égocentrisme qui sont en croissance exponentielle dans nos sociétés ?
JI : Mes références de travail ? C’est à dire la manière dont je travaille où… ?
MPS : Tout à fait oui. J’irais même jusqu’à dire que Matteo est un amoureux des mots justes, de l’économie d’énergie, d’adjectifs et d’adverbes, et ce, pour aller à l’essentiel, enfin c’est ce que moi j’ai compris…êtes-vous vous-même un auteur sensible à la musique des mots ou est-ce bien là votre manière de boxer avec les mots et la vérité ?
JI : Oh, je crois que c’est un peu les deux. C’est un peu les deux.. C’est à dire que d’une…enfin y’a déjà une chose. C’est que y’a l’idée où le fond rejoint la forme et inversement. C’est à dire que, on est sur un personnage qui est timide, plutôt introverti, obsessionnel et donc l’écriture se doit de rejoindre, si vous voulez, le fond, de se rejoindre avec le personnage. Donc c’est une écriture plus tenue effectivement avec très peu d’adjectifs, très peu d’adverbes, c’est…je ne dirais pas que c’est du minimalisme mais on va vers quelque chose de plus épuré. Alors que peut-être si le personnage avait été plus baroque, enfin par rapport à d’autres romans que j’ai pu écrire avant, c’était un peu plus truculent on va dire. Mais là, il y a l’idée vraiment que le personnage et l’écriture ne fassent qu’un. Sans bien sûr tomber dans quelque chose de complètement désincarné ou trop sec, j’aime bien quand même qu’il y ait de la chair. Mais effectivement les derniers chapitres où il se lâche, l’écriture s’enrichit tout d’un coup parce qu’on commence à savoir qui il est, réellement.
JI : Je l’aime bien. Je l’aime bien et puis je crois qu’on sent qu’il y a une, enfin bien qu’elle soit éphémère, mais dans cette petite relation qu’ils ont, enfin une relation qui n’est pas une relation intime mais une relation de travail, mais y’a vraiment quelque chose qui passe entre eux. Effectivement après, sa directrice à l’agence est une personne plutôt sèche [rires]. Et puis Elsa, Elsa effectivement elle a, elle a…
19/10/2008
Le Coup du sombrero / Marc Villard
Comme à son habitude, Marc Villard s'amuse, amuse jusqu'à en devenir touchant, même si cette fois-ci, il ne se met pas toujours en scène. Sensible à la musique des mots, comme il le disait dans une récente interview que vous pouvez trouver là, Marc Villard cède de temps à autre le terrain des mots à ceux qui font le football: gloires d'antan et d'aujourd'hui, supporters, dirigeants, joueurs...
"Cinq gamins se meuvent dans la demi-pénombre, le regard aimanté à un ballon de football flambant neuf offert par la femme de l'aide sociale. Deux d'entre eux flirtent avec la perfection. Ce sont les moins bavards, la musique des sphères est dans leur tête. La balle se faufile, collée à leurs tennis."
Avec nostalgie, sans pour autant être passéiste, Marc Villard vise juste sans oublier toutefois de mettre le doigt sur les travers de ce sport mondialement reconnu, sans pour autant tomber dans des clichés éculés et stériles. Des nouvelles efficaces, donc, surtout lorsqu'il se met en scène dans une maison de retraite -La Nuit tombe ; Bolton-Tottenham ; Crampons - où son art consommé de l'insulte - Salope. Demain, j'irai vomir dans tes chaussons -, entre autres, font de ce ronchon de service, roublard et vachard, un type diablement sympathique. A l'image de ses nouvelles.
Si vous désirez en savoir un peu plus sur les autres ouvrages parus précédemment, à savoir J'aurais voulu être un type bien ; un jour je serai latin lover ; Bonjour je suis ton nouvel ami ; Elles sont folles de mon corps ; Souffrir à Saint-Germain des près...ainsi qu'à sa bibliographie, vous pouvez cliquer ici.
09/10/2008
Le Livre du temps t.1 et 2 : La Pierre sculptée ; Les Sept pièces / Guillaume Prévost
Les vikings, la bataille de Verdun, l'Egypte ancienne, la Renaissance, Chicago en pleine prohibition...le périple de Sam n'est vraiment pas de tout repos. On aurait pu craindre "l'effet catalogue" du voyage dans le temps : on balaie toutes les époques, on sort la machine à clichés, les événements attendus et convenus, on y incorpore un peu d'action et ça ronronne comme une machine bien huilée. Ce n'est ici, heureusement, pas aussi simple et je dirais même que Guillaume Prévost a pour le moment évité tous les pièges inhérents à ce type d'histoires, notamment en ce qui concerne les paradoxes temporels, sur lesquels il ne s'appesantit pas ni ne s'emberlificote. Mieux, il parvient à tirer son épingle du jeu et à faire du Livre du Temps une histoire réellement captivante où tout est à sa place.