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03/11/2014

Avertir la Terre. 2, Terre embrasée / Aaron Johnston et Orson Scott Card

Si le premier volume consacré aux origines de la Stratégie Ender, Avertir la Terre, situait pour une grande part son action dans l'espace, avec Terre embrasée, on retrouve cette fois-ci le plancher des vaches.

Victor, jeune homme minier de la ceinture de Kuiper a accompli sa mission. Il a quitté sa famille, effectué un voyage de plusieurs mois dans une navette et prévenu les Terriens de l'arrivée imminente d'extra-terrestres aux intentions clairement hostiles. Malgré les vidéos lui servant de preuve il a cependant bien du mal à se faire entendre, à faire en sorte qu'on le croie. Dans un premier temps, tout le monde soupçonne un canular et nul ne voit un lien de cause à effet entre le brouillage généralisé des communications que rencontre la Terre et le danger qui la guette. Seulement voilà, vient un moment où l'inévitable se produit, où il la réalité s'impose, aussi bouleversante et irrémédiable soit -elle. Les extra-terrestres, les formiques, sont là et ils comptent bien s'installer. Pour combien de temps, on ne sait pas. On ne peut d'ailleurs pas dire qu'ils soient très... loquaces. A vrai dire, ils ont plutôt tendance à trancher dans le vif, au sens propre comme au figuré.

Le rythme est ici identique au premier volume, pas d'essoufflement donc, ni de baisse de régime, seules les situations changent. L'accent est un peu plus porté sur le personnage de Mazer Rackham, à peine esquissé dans Avertir la Terre, ainsi que sur un enfant chinois lequel, ça n'étonnera pas les habitués d'Orson Scott Card, possède une intelligence au-delà de la moyenne.

Et parce qu'il s'agit d'invasion extra-terrestre, je ne peux pas faire autrement que de comparer Terre embrasée à La Guerre des Mondes d'Herbert George Wells et à l'hommage éblouissant que lui a rendu Robert Silverberg dans Le Grand Silence*. Le contexte n'est pas le même, l'époque n'est pas la même – sans parler du style bien sûr, mais Aaron Johnston et Orson Scott Card ont frappé un grand coup pour ce qui est de l'évocation de l'invasion à proprement parler. Pas besoin de sortir les lunettes 3D, vous êtes plongé au cœur des scènes et certaines ont de quoi vous donner des frissons. Le clou est donc un peu plus enfoncé. Arrivé à ce stade, et sachant qu'ils ne pourront pas non plus tirer trop en longueur en raison de l'échéance Ender, j'ai comme l'impression qu'il le sera complètement pour le troisième tome.

Petit mot de la fin à l'attention de ceux qui se sont sentis floués, trahis, trompés ou que sais-je encore à la fin de Retour vers leFutur 2 lorsque étaient apparus les mots A suivre avec ces cruels petits point de suspension sur le grand écran, que vous n'aviez pas les réponses à toutes les questions, que le suspense était insoutenable et que vous ressentiez comme un vide en vous – arrêtez-moi si j'en fais un peu trop, hein –  que... que... que vous saviez en être pour une bonne année, voire plus, de frustration, eh bien sachez que ce ressenti est aussi possible en littérature. Le dernier chapitre de Terre Embrasée en est une preuve édifiante. Quelle fin ! Mais quelle fin !

*Vous conviendrez qu'il est difficile de faire entrer Martiens go home de Fredric Brown dans cette comparaison, même si le livre est réjouissant à bien d'autres égards. 

Terre embrasée de Aaron Johnston et Orson Scott Card, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Florence Bury, éditions de L'Atalante (La Dentelle du Cygne), 2014, 544 p.

CITRIQ

22/08/2011

Seeker / Jack McDevitt

J'ai longtemps tourné, viré et tourné encore autour de Seeker en librairie. Il y a plusieurs raisons à cela. La plus évidente étant que mon enthousiasme à l'égard des livres de Jack McDevitt a toujours été assez inégal. J'ai été ébloui par Anciens rivages – je ne suis pas le seul, non, non, non – et suis resté mitigé quant à la série consacrée au personnage de Priscilla Hutchins dont certains titres me sont tombés des mains quand je ne pouvais en lâcher d'autres, à l'image de Chindi dont je garde encore vivement en mémoire une scène où l'équipage d'un vaisseau rencontre une civilisation extraterrestre pour le moins surprenante...
Mais plus que ces considérations, c'est le changement d'éditeur qui m'a interpellé : les éditions de L'Atalante auraient-elles renoncées à suivre l'auteur en raison d'un fléchissement des ventes des précédents ouvrages parus ? N'auraient-elles pas cru dans le potentiel de cette nouvelle série dont, il est utile de le préciser, Seeker est le troisième opus ? Et autre interrogation, pourquoi justement commencer par un tome qui n'entame pas la série ? Parce que celui-ci a reçu le prix Nebula et que cela fera de lui un titre plus « vendeur » ? Parce que les autres sont moins bons, plus anecdotiques ? Seront-ils seulement traduits et édités en France ?
A vrai dire, je n'ai pas encore aujourd'hui la réponse à ces différentes questions mais je ne désespère pas de les obtenir. Je ne me suis tout simplement pas encore lancé dans ces investigations – une bonne déconnexion de temps en temps, ça ne fait pas de mal – mais je le ferai sous peu et reviendrai sans doute ici même compléter cette chronique au fur et à mesure que j'engrengerai les réponses. D'ailleurs, si vous en avez vous-même certaines (voire toutes, hein), n'hésitez pas à les partager dans le fil des commentaires.
Finalement, après m'être dit « non, tu peux attendre, tu le prendras au boulot », le « oui mais quand même ça n'a pas l'air si mal que ça » a fini par l'emporter parce qu'encore une fois, il s'agit d'un ouvrage qui donne la part belle à l'archéologie du futur et que je ne sais pas résister à ce type d'ouvrage, comme je le soulignais déjà dans la chronique concernant le Filet d'Indra de Juan Miguel Aguilera.
Résultat, c'est plutôt réussi même si l'approche du futur de Jack McDevitt est assez déroutante parce qu'elle n'est tout simplement pas commune. Ce qui ne l'empêche pas d'être défendable.
Dix mille ans dans notre futur, à peu de chose près. Les humains ont quitté le berceau de la Terre ont colonisé plusieurs planètes, en ont terraformées certaines. Dans leur essaimage, lls n'ont rencontré qu'une civilisation extraterrestre encore vivante avec laquelle, bon an mal an, ils ont réussi à pactiser.
Alex Benedict, antiquaire archéologue et son assistante Chase Kolpath vivent sur Rimway. Leur travail consiste à déterrer des objets de civilisations disparues, de dénicher des fouilles dont ils revendront ensuite le fruit de leurs trouvailles aux plus offrants, ce qui ne manque pas de faire grincer des dents les organisations archéologiques officielles. La plupart du temps, ce sont Alex et Chase qui se lancent dans la chasse aux trésors mais il arrive que des particuliers leur demandent aussi d'authentifier un objet et bien sûr, de leur en révéler la valeur. C'est dans ce dernier cas de figure qu'ils tombent un jour sur une tasse émanant du Seeker, un vaisseau d'une colonie légendaire ayant fui l'oppression terrienne du 26ème siècle dans le seul but de fonder un monde utopique dont personne, absolument personne ne devait connaître la localisation.
Une grande partie du roman s'articule autour d'une enquête relative à la tasse en elle-même, consistant à savoir dans quelles circonstances elle a été trouvée pour la première fois, puis à déterminer pourquoi ceux qui sont entrés en sa possession n'ont rien révélé d'une découverte dont l'écho aurait pourtant été retentissant. C'est une partie bien menée, intrigante à souhait au terme de laquelle on n'attend plus qu'une exploration spatiale à même de fournir son lot de révélations.
Et l'on n'est pas en reste puisque Chase s'envole en effet en territoire extraterrestre, communément appelés les Muets, capables de lire dans les pensées, afin d'obtenir les ultimes renseignements à même de les mettre, Alex et elle, sur la voie de la Colonie perdue. Rebondissements, suspense, action et révélations, selon une adroite association, sont effectivement au rendez-vous.
Tout ceci se lit avec un plaisir certain mais une chose est sûre cependant, Seeker risque peut-être d'en rebuter plus d'un. Car l'avenir suggéré par Jack McDevitt est bien loin de ceux dessinés par un Peter F. Hamilton ou un Stephen Baxter. On a beau être dix mille ans dans le futur, on ne peut pas dire que le « sens of wonder » soit la préoccupation essentielle de l'auteur. On a bien des vaisseaux spatiaux capables de franchir des distances faramineuses, des intelligences artificielles à même de les gérer, des hologrammes d'humains disparus ayant voulu laisser une flatteuse image d'eux-même, mais à part ça on ne peut pas dire que l'on soit noyé par des considérations scientifiques ni même par des inventions que tout lecteur aurait été en droit d'espérer.
Il semble que Jack McDevitt situe ses préoccupations ailleurs, dans une volonté de focaliser son attention sur une perspective archéologique ainsi que sur des humains dont les aspirations et les besoins n'ont pas beaucoup évolué. A savoir qu'ils vivent un quotidien que l'auteur nous fait parfois partager en évoquant des sorties au restaurant, en citant des titres de musique ou de livre qui ont eu un certain succès quelques années en arrière seulement, ou même en évoquant la fatigue, le besoin de se reposer, le stress lié au travail... Et comme je le disais un peu plus haut, c'est assez déroutant (au premier – et dernier – sac en plastique qui est apparu au détour d'une page, je me suis demandé si je lisais bien un bouquin de SF) mais c'est du coup assez original et pas dénué de charme non plus puisqu'on n'a pas l'habitude de voir ça dans des ouvrages qui nous parlent d'un futur lointain. Sans compter que l'histoire est plutôt haletante et réserve quelques belles surprises. Seul le personnage de Alex Benedict à qui est consacrée la série paraît un tantinet pâlot, le beau rôle allant à Chase, narratrice de cette histoire.
Voilà, en fonction des éléments que j'ai rapportés ici et de vos propres goûts en matière de Space Opera, il vous revient de faire à votre tour votre propre choix. Lira, lira pas ?


6 septembre 2011 : Voici donc les réponses aux questions posées un peu plus haut lors de la rédaction de cette chronique. Je remercie Stéphane Watelet pour sa disponibilité et les administrateurs du forum des éditions L'Atalante pour m'avoir aiguillonné dans mes brèves recherches...

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BiblioMan(u) : L'auteur était auparavant édité en France chez un autre éditeur, comment a-t-il "basculé" chez vous ? 

Stéphane Watelet : Découragement de l'Atalante  devant l'affaissement des ventes de SF... en général (...c'est une hypothèse)

Hypothèse confirmée si l'on en croit les messages laissés sur le forum de l'Atalante, visible ici...

BiblioMan(u):  Seeker est le troisième tome d'une série, pourquoi avoir commencé par celui-ci et non par le premier ?

Stéphane Watelet : C'était le plus emblématique et lauréat du prix Nébula, comme vous l'aviez pressenti...

BiblioMan(u): Justement , comptez-vous éditer les autres tomes ?

Stéphane Watelet: Si le succès est au rendez-vous , oui, bien sur...
Pardon pour le caractère très prosaïque de nos réponses auquel on peut (quand même) 
ajouter un coup de cœur pour la "patte" de McDevitt (cette scène de pré-ouverture fonctionne quand même pas mal !)


Seeker, Jack McDevitt, traduit de l'américain par Michèle Zachayus, Télémaque, 442 p.

CITRIQ

24/06/2011

La Fraternité du Panca. Tome 4, Soeur Onden / Pierre Bordage

Pour inaugurer le nouveau et bienvenu challenge de Mr et Mme Lhisbei, le Summer StarWars, consacré au psace opera et au Planet opera, je pensais commencer avec une valeur sûre, à savoir le quatrième tome de la Fraternité du Panca de Pierre Bordage. Conquis par les trois premiers tomes (avec quelques réserves pour le second tome tout de même), j'étais tout disposé à me laisser emporter par une nouvelle course folle dans les étoiles.
Malheureusement, cela n'a pas été le cas. En partie d'ailleurs pour les même raisons que j'avais évoquées concernant Soeur Ynolde. Si le souffle et l'écriture sont toujours au rendez-vous avec Pierre Bordage (on se demande même comment il pourrait en être autrement), j'ai plus que jamais eu l'impression de relire les mêmes scènes sous un autre habillage et d'y trouver certains mécanismes – oserais-je dire des automatismes ? - dans la description des personnages et de leurs intentions. Cela n'aura sans doute échappé à personne, les femmes tombent très souvent sur des hommes qui n'ont qu'une idée en tête : les besogner tant et plus et tant pis si elles ne sont pas d'accord.
Autre récurrence, l'apparition systématique des frères du Sât qui, à force, font plus office de pauvres pantins inutiles et bien démunis qu'autre chose. A l'occasion de l'une d'entre elles, l'image de X-Or, le fameux Shérif de l'espace que certains d'entre vous ont peut-être connu, m'a traversé l'esprit, presque malgré moi. A la fin des épisodes, après moult coups de pieds et pirouettes accessoires, X-OR débinait toujours ses adversaires de la même façon, d'un coup de sabre laser pourfendant l'air, action par laquelle il aurait pu s'épargner bien des plaies et des bosses en y recourant plus tôt. Aucun effet de surprise. Comme dans Soeur Onden, où c'est l'impression de redite qui prévaut.
Je regrette vraiment d'avoir été contraint de mettre un terme à ce voyage avant son terme. Je me console en me disant que je trouverai bien une navette pour une autre escale, quitte à retrouver plus tard une autre histoire de Pierre Bordage. Je n'ai pas de doute là-dessus.

La Fraternité du Panca. Tome 4, Soeur Onden, Pierre Bordage, L'Atalante, 448 p.

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