Si le
premier volume consacré aux origines de la Stratégie Ender, Avertir la Terre, situait pour une grande part son action dans l'espace, avec
Terre embrasée, on retrouve cette fois-ci le plancher des vaches.
Victor,
jeune homme minier de la ceinture de Kuiper a accompli sa mission. Il
a quitté sa famille, effectué un voyage de plusieurs mois dans une
navette et prévenu les Terriens de l'arrivée imminente
d'extra-terrestres aux intentions clairement hostiles. Malgré les
vidéos lui servant de preuve il a cependant bien du mal à se faire
entendre, à faire en sorte qu'on le croie. Dans un premier temps,
tout le monde soupçonne un canular et nul ne voit un lien de cause à
effet entre le brouillage généralisé des communications que
rencontre la Terre et le danger qui la guette. Seulement voilà,
vient un moment où l'inévitable se produit, où il la réalité
s'impose, aussi bouleversante et irrémédiable soit -elle. Les
extra-terrestres, les formiques, sont là et ils comptent bien
s'installer. Pour combien de temps, on ne sait pas. On ne peut
d'ailleurs pas dire qu'ils soient très... loquaces. A vrai dire, ils
ont plutôt tendance à trancher dans le vif, au sens propre comme au
figuré.
Le
rythme est ici identique au premier volume, pas d'essoufflement donc,
ni de baisse de régime, seules les situations changent. L'accent est
un peu plus porté sur le personnage de Mazer Rackham, à peine
esquissé dans Avertir la Terre, ainsi que sur un enfant chinois
lequel, ça n'étonnera pas les habitués d'Orson Scott Card, possède
une intelligence au-delà de la moyenne.
Et
parce qu'il s'agit d'invasion extra-terrestre, je ne peux pas faire
autrement que de comparer Terre embrasée à La Guerre des Mondes
d'Herbert George Wells et à l'hommage éblouissant que lui a rendu
Robert Silverberg dans Le Grand Silence*. Le contexte n'est pas le
même, l'époque n'est pas la même – sans parler du style bien
sûr, mais Aaron Johnston et Orson Scott Card ont frappé un grand
coup pour ce qui est de l'évocation de l'invasion à proprement
parler. Pas besoin de sortir les lunettes 3D, vous êtes plongé au
cœur des scènes et certaines ont de quoi vous donner des frissons.
Le clou est donc un peu plus enfoncé. Arrivé à ce stade, et
sachant qu'ils ne pourront pas non plus tirer trop en longueur en
raison de l'échéance Ender, j'ai comme l'impression qu'il le sera
complètement pour le troisième tome.
Petit
mot de la fin à l'attention de ceux qui se sont sentis floués,
trahis, trompés ou que sais-je encore à la fin de Retour vers leFutur 2 lorsque étaient apparus les mots A suivre avec ces cruels petits point de suspension sur le grand
écran, que vous n'aviez pas les réponses à toutes les questions,
que le suspense était insoutenable et que vous ressentiez comme un
vide en vous – arrêtez-moi si j'en fais un peu trop, hein – que...
que... que vous saviez en être pour une bonne année, voire plus, de
frustration, eh bien sachez que ce ressenti est aussi possible en
littérature. Le dernier chapitre de Terre Embrasée en est une
preuve édifiante. Quelle fin ! Mais quelle fin !
*Vous conviendrez qu'il est difficile
de faire entrer Martiens go home de Fredric Brown dans cette comparaison, même si
le livre est réjouissant à bien d'autres égards.
Terre embrasée de Aaron Johnston et Orson Scott Card, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Florence Bury, éditions de L'Atalante (La Dentelle du Cygne), 2014, 544 p.
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