Une fois n'est pas coutume, les
lectures s'enchaînent sans que je prenne le temps de coucher mes
impressions sur le clavier au fur et à mesure. Alors voici un
nouveau petit diaporama des livres lus ou écoutés dernièrement. Au
programme : un peu de tout.
En travaillant en médiathèque, vous
vous doutez bien que la tentation est grande d'emprunter les
bouquins. D'autant plus lorsque ladite médiathèque est imposante et
que le budget suit. Je ne dis pas ça pour enfoncer le clou auprès
de certains de mes consœurs (spéciale dédicace à Blop) ou
confrères qui savent que mon budget d'acquisitions de polars est
équivalent à celui dévolu à leur établissement dans sa
globalité. Non, il s'agit pour moi d'illustrer la difficulté que
l'on peut avoir à résister devant tant de livres vous appelant
du dos ou de la couverture quand on les remet en rayon. Néanmoins,
en ce qui me concerne, il y a deux moments où cette tentation est
particulièrement difficile à juguler : au retour de l'équipement
et le samedi, bizarrement, où quelque chose doit planer dans l'air,
la décontraction communicative des lecteurs, qui sait...
L'autre jour, un samedi où
l'empruntomètre était à son maximum, j'ai donc jeté mon dévolu
sur Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage de
L.C. Tyler. Un roman présenté comme un petit bijou d'humour anglais
sur fond de polar. Le livre est effectivement plutôt drôle au début
mais... seulement au début. L'ennui pointe vite le bout de son nez
et l'humour n'est pas aussi ravageur que le laissaient entendre la
quatrième de couverture et les rabats, lesquels revêtent de plus en
plus les fards du marketing. Il y a bien quelques petites saillies
assez croustillantes dans le livre, des clins d'yeux relatifs à
l'écriture du polar, une mise en abyme de circonstance, mais voilà,
ça ne casse finalement pas trois pattes à un canard. Je suis pourtant assez friand d'humour britannique en général, mais
apparemment pas à celui de L.C. Tyler qui, pour info, frappera à
nouveau dès septembre avec les mêmes personnages dans Homicides multiples dans un hôtel
miteux des bords de Loire. Je ne pense pas tendre l'autre
joue.
Il y a d'autres fois où
l'empruntomètre auquel je faisais allusion n'a pas le temps de se
manifester. Vous rentrez de congès ou de week-end. Frais. Dispo. Et
là,vous avez la surprise, teintée de joie et d'appréhension de
découvrir la pile de bouquins que vous aviez réservés dans une
fièvre n'ayant pu être assouvie, tout ça parce que quelqu'un s'est
mis en tête de lire avant vous les titres que vous recherchiez. Si
ce n'est pas la pile de livres réservés, c'est un ouvrage laissé
par votre collègue avec écrit sur le post-it posé dessus : « Il
faut que tu le lises ! ». C'était vraiment bien vu la
dernière fois avec L'art du jeu de Chad Harbach, ça
l'a été tout autant avec Une dernière chose avant departir de Jonathan Tropper. Bon, elle n'a pas pris de grands
risques la collègue, nous affectionnons tous deux cet auteur. A vrai
dire, lui non plus n'a pas pris de grands risques. Tropper connaît
toutes les ficelles de la comédie et il n'hésite pas à les
utiliser. Mais à si bien les utiliser que le livre se lit avec une
avidité certaine : des personnages hauts en couleur, des
dialogues qui font mouche et suscitent le rire, des situations
cocasses. Pas étonnant tout compte fait que le nom de Jonathan
Tropper apparaisse au générique d'une série, Banshee,
même si en l'occurrence le ton est un peu plus grave.
Personnellement, j'ai trouvé Une dernière chose avant de partir un
peu en deçà de C'est ici que l'on se quitte (lui-même bientôt
adapté au cinéma) mais il serait tout de même dommage de bouder
son plaisir...un plaisir idéal pour la période estivale, qu'on se
le dise.
Ensuite. Ensuite, un peu de lecture
ado, de bonne lecture ado, signée Claire Gratias. A croire que je
fais dans la récurrence des auteurs mais après Opération Maurice
et le Signe de K1, lire le premier tome d'Orphans, la double
disparition, a sonné comme une évidence. Marin, à 17 ans, est à
un âge où il manifeste ses désappointements de manière un peu
vive. Notamment auprès de sa famille. Peu de temps après une
altercation avec sa mère, le jeune homme reçoit un texto
énigmatique : « Il y a des jours où tu rêverais d'être
orphelin ? Tu ne supportes plus tes parents ? Deviens acteur de ta
vie. Rejoins-nous sur www.project.orphans.com ». Une chasse au
QR Code en pleine ville et le voilà tout à coup transporté dans ce
qui semble être une réalité parallèle. Car là où il a atterri,
ses parents sont morts, sa sœur n'a jamais existé. Qui plus est son
oncle et sa tante semblent être rassurés de le revoir après sa
disparition... Dans ce premier tome, Claire Gratias pose toutes les
bases de son histoire, lève plus de mystères qu'elle n'en dévoile,
sans que cela se révèle gênant. Au contraire. Le contrat est plus
que rempli, l'attente est là. La suite est prévue en octobre.
On continue ? On
change de registre et de support avec Miséricorde de Jussi Adler Olsen. Le texte est lu par Eric Herson Macarel, lequel a prêté sa
voix à plusieurs ouvrages, tous genres confondus et, à l'entendre,
on comprend pourquoi. Sa voix capte immédiatement l'auditeur,
favorise la concentration, et révèle toutes les subtilités d'un
texte. Pour autant, ce n'est pas à son style que Miséricorde doit
son intérêt, ni à son intrigue dont on devine assez vite les
tenants et les aboutissants. Alors si ce n'est ni le style ni
l'intrigue que reste-t-il donc à ce livre qui mérite qu'on
s'y attarde, me direz-vous ? Les personnages sans doute, et
les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres :
l'inspecteur Mørck, désabusé après avoir perdu un de ses
coéquipiers dans une affaire tandis qu'un autre se retrouve paralysé
à vie. Lui s'en est finalement plutôt bien sorti mais il n'a plus
goût à rien. Même ses supérieurs veulent le mettre au placard -
le sous-sol de la préfecture de police - en saisissant l'opportunité
de la création d'une nouvelle cellule dévolue aux enquêtes
inabouties, le Département V. Pour lui servir d'homme à tout faire,
on lui attribue les services d'Assad, un réfugié politique syrien,
dont le sens de l'observation, la bienveillance et la perspicacité
vont l'amener à devenir l'assistant direct de Mørck. Comme je le
disais, l'intrigue ne laisse pas la place à beaucoup de surprises.
Néanmoins, pour le lecteur, le jeu consistera plus à se demander
comment l'histoire sera résolue, par quels biais et quels sacrifices
les personnages en viendront à bout. Et si l'on regarde Miséricorde
sous cet angle là, c'est vraiment très bien fait. Qui plus est, on
ne rechignera pas à retrouver Mørck, Assad, et bien d'autres
encore, dont on sent que l'importance s'étoffera dans les prochains
ouvrages. A suivre donc avec Profanation et Délivrance.
Voilà, voilà, voilà, c'est fini pour
aujourd'hui. Il y a de fortes chances que je revienne bientôt vous
causer de L'Arbre à bouteilles de Joe.R. Lansdale et de En attendantla vague de Gianrico Carofiglio. Du lourd, du très lourd. Du très
très très très très lourd. Dernièrement on m'a conseillé
d'adopter l'attitude « less is more ». C'est pas toujours
facile. Mais bon, on n'a pas idée non plus d'écrire de tels
chefs-d'oeuvre !
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler, traduit de l'anglais par Julie Sibony, Sonatine, 2012, 231 p.
Une dernière chose avant de partir, de Jonathan Tropper, traduit de l'américain par Christine Barbaste, Fleuve noir, 2013, 336 p.
Orphans, tome 1, Double disparition, de Claire Gratias, Rageot, 2013, 288 p.
Miséricorde, de Juri Adler Olsen, traduit du danois par Monique Christiansen, lu par Eric Herson-Macarel, Audiolib, 2 CD MP3, 14 h 34 et aux éditions Albin Michel, 496 p.
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler, traduit de l'anglais par Julie Sibony, Sonatine, 2012, 231 p.
Une dernière chose avant de partir, de Jonathan Tropper, traduit de l'américain par Christine Barbaste, Fleuve noir, 2013, 336 p.
Orphans, tome 1, Double disparition, de Claire Gratias, Rageot, 2013, 288 p.
Miséricorde, de Juri Adler Olsen, traduit du danois par Monique Christiansen, lu par Eric Herson-Macarel, Audiolib, 2 CD MP3, 14 h 34 et aux éditions Albin Michel, 496 p.
2 commentaires:
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage m'attire beaucoup alors que les autres pas vraiment...
Ah ben mince alors ? ;) Faudra revenir par ici pour me dire tes impressions si tu le lis... ou bien je viendrai voir sur ton blog.
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