Certains pitchs vous font
parfois aller au-delà d'une déception rencontrée à l'égard d'un
auteur. Je n'avais pas du tout adhéré au si encensé Les Visages et
je ne pensais donc pas forcément revenir vers Jesse Kellerman un
jour. Cependant l'histoire de Jusqu'à la folie a eu ce qu'il fallait
d'intrigant pour passer outre cette décision.
Après une journée
harassante à l'hôpital où il est stagiaire, Jonas Stehm entend une
femme crier à l'aide. Ni une ni deux, sans même réfléchir, il
vole à son secours et tue l'agresseur qui a eu le temps d'infliger
deux coups de couteau à sa victime. Celle-ci en sortira indemne mais
ce n'est pas le cas de Jonas qui, en héros d'un jour, va vite voir
sa vie devenir un véritable enfer...
« L'écrit ne peut
jamais vous sauter au visage comme un film. »
Arriver à la fin du livre
et trouver une telle phrase, ça laisse pantois. On aurait envie de
dire à l'auteur qu'il aurait pu s'épargner bien du labeur, ou bien
qu'il aurait gagné à passer directement à l'écriture du scénario.
Au moins le lecteur se serait épargné l'attente d'une angoisse qui
ne vient jamais vraiment. L'ensemble du bouquin est convenu, possède
un goût prononcé de déjà-vu en matière cinématographique,
ficelles comprises. C'est même stupéfiant par moments. On croirait
voir un patchwork de scène de films sans que cela confine pour
autant à l'hommage : un parfum de Coup de foudre à Nothing Hill avec le co-locataire complètement barré de Jonas, un bon
morceau de Liaison fatale où le harcèlement sur lequel repose
l'intrigue ne fait jamais tressaillir, malgré les vains efforts de
Jesse Kellerman, un brin de La Main sur le berceau pour quelques
ficelles, et enfin un soupçon de série télé, Urgences en tête
ou, au choix, Grey's anatomy pour ce qui est des petites guerres
intestines en milieu hospitalier.
Vous l'aurez compris,
rien de bien terrible à se mettre sous la dent avec ce livre là si
ce n'est, peut-être, de quoi se donner envie de revoir certains
films ou séries. Rien n'est moins sûr.
Jusqu'à la folie, de Jesse Kellerman, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony, J'ai Lu, 2012, 343 p.
5 commentaires:
Bonjour, vous trouverez les bibliographies de nombreux auteurs (français, américains, scandinaves et autres) de romans policiers/thrillers sur le nouveau site polar/noir bibliometrique.com que je vous invite à visiter. J'espère qu'il vous donnera des idées de lecture. Bonne année de lecture et à bientôt.
Je m'étais déjà ennuyé avec "Les visages", je crois que je ne vais pas insister.
@Bibliométrique: Merci pour le lien, je vais aller voir ça de plus près.
@Jean-Marc : Vraiment pas la peine, en effet. Du coup, pour revenir à une valeur sûre, je me suis plongé dans "La femme en vert" de Arnaldur Indridason, toujours aussi efficace et prenant.
Là, tu m'aides, Manu : tu es le premier à donner un avis négatif sur les oeuvres de l'auteur. Jusqu'ici, je n'avais entendu que du bien, alors au moins, je vais pouvoir contrebalancer les arguments de fans.
Merci, collègue !
Salut collègue ! Je crois quand même bien avoir vu des avis négatifs ici ou là. D'ailleurs, Jean-Marc qui a laissé un commentaire dans ce fil avait lui aussi émis des réserves sur "Les Visages" : http://actu-du-noir.over-blog.com/article-le-meilleur-thriller-de-l-annee-bof-47274335.html. Après, ça se lit, hein, mais je ne comprends pas l'engouement, et certainement pas autour de ce titre.
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