11/11/2010

Rouge abattoir / Gilda Piersanti, texte lu par Hélène Lausseur

A l'instar de la plupart des films, les livres sonores s'ouvrent eux aussi sur une musique de générique. Titre, auteur, nom du lecteur, avec l'aimable autorisation de tel ou tel éditeur... En règle générale, cette musique est plutôt douce, puisant sa source dans un registre plus ou moins classique voire même new-age tendance feng_shui. Quel que soit le type de livre, le genre auquel il appartient, c'est à peu près toujours la même... musique. Aussi ai-je été très assez surpris, à peine le bouton play enclenché, d'entendre guitare et batterie emplir mes oreilles sur un rythme pop-rock assez plaisant. Pour avoir déjà entendu parler des goûts musicaux plutôt punchy de Gilda Piersanti et dont les références ne manquent pas de jalonner ses livres -Muse, Radiohead... -, je me suis dit qu'il y avait peut-être de sa griffe là-dessous. A moins que ce ne soit le simple choix des éditions Sixtrid dont c'était le premier disque que j'écoutais.

Enfin, bref, j'étais parti dans ce questionnement solitaire au point de ne pas faire très attention aux premières paroles du roman. Ça commençait bien niveau concentration. Bon, je me suis rattrapé par la suite. Madame Piersanti a en effet les mots, le style et une réelle qualité de conteuse pour à la fois capter votre attention et rendre ses personnages vivants et attachants, qu'ils soient secondaires ou non. Du coup, un petit retour en arrière et c'était parti pour le premier tome des Saisons meurtrières, Rouge abattoir, dont l'action se situe entre le Noël et jour de l'an. En hiver, donc.

« Mercredi 26 décembre, 5 heures du matin.Un morceau de la troisième victime fut retrouvé le lendemain de noël devant le kiosque à journaux. »

Le morceau en question est une main. Le corps sera découvert un peu plus tard dans la matinée. Dans un sale état, découpé en plusieurs morceaux à l'aide d'un couteau électrique.

Hep, hep, hep... bon à ceux qui tournent de l'œil, je ne peux plus rien dire, peut-être liront-ils ces lignes un peu plus tard, une fois remis de leur trop forte émotivité. Pour les autres, ceux qui seraient tentés de passer leur chemin sous prétexte qu'un auteur, dans le seul but de ravir un public avide de sensations fortes, aurait une nouvelle fois surfé sur la vague du gore à tout va, restez. Restez parce qu'il serait dommage de se fier à une première impression. Surtout si elle est fausse. Car Rouge abattoir ne s'inscrit pas, mais alors pas du tout, dans ce créneau.

Qui dit troisième meurtre, exécuté selon un même modus operandi, dans un même quartier de la capitale, le Testaccio, suppose naturellement un tueur en série. C'est en tout cas ce que tout le monde pense, hormis le commissaire D'Innocenzo qui ne veut pas envisager un tel cas de figure. Lui reste persuadé que les meurtres des trois jeunes filles sont à mettre sur le compte d'une logique meurtrière dont il lui reste à démêler l'écheveau et à trouver le mobile. Il est aidé en cela par une inspectrice, Mariela De Luca, qui a spécialement demandé à rejoindre son service. Pas facile de tout mener de front entre l'enquête, problèmes personnels et gestion de la brigade avec l'arrivée de cette inspectrice opiniâtre, volontaire, mystérieuse et surprenante par bien des aspects.

C'est d'ailleurs cette Mariella De Luca qui tient le devant de la scène dans Rouge abattoir, et que l'on retrouvera dans les autres tomes dans les trois autres romans des Saisons meurtrières, ainsi que dans les tomes suivants, à savoir Vengeances Romaines et Roma Enigma. Ce n'est certes pas une nouveauté qu'un auteur se prenne d'affection pour ses personnages et en fasse en sorte qu'ils deviennent récurrents. Certains nous touchent plus que d'autres, nous semblent plus proches, font résonner en nous la corde vibrante du lecteur. Mariella De Luca est de ceux-là. Parce qu'elle ne ressemble à aucune autre, qu'elle est forte et sensible à la fois, bien ancrée dans son époque. L'Italie dans laquelle Gilda Piersanti la fait évoluer ainsi, il est vrai, que la voix de Hélène Lausseur, participent bien sûr de ce plaisir que l'on a à la suivre. Si l'enquête est en elle-même assez classique – aficionados des rebondissements à chaque fin de phrase ou de chapitre, passez votre chemin – elle n'en reste pas moins prenante, ne serait-ce que pour comprendre si c'est dans la folie, le hasard, la passion ou l'Histoire que l'on trouvera la source des meurtres hivernaux de Rouge abattoir.

Pour info, les Saisons meurtrières devraient bientôt voir le jour sur les écrans de télévision. Xavier Duringer est à la réalisation, Gilda Piersanti au scénario. Même si l'action se passera en France, au moins l'esprit des livres devrait-il être respecté. En tout cas, j'en suis ! - comme spectateur, cela va de soi...

Vert Palatino est également paru il y a peu en livre sonore dans la même maison d'édition. Il passera sous peu dans les écouteurs, sous la cagoule.

Les Saisons meurtrières:

Rouge abattoir – Hiver
Vert Palatino – Printemps
Bleu catacombes – Eté ; cet ouvrage a reçu le prix du polar SNCF et celui du Festival de polar Méditerranéen de Villeneuve lèz-Avignon (parenthèse : si vous avez l'occasion de vous y rendre, n'hésitez pas un seul instant!)
Jaune Caravage – Automne

Hors saison:

Vengeances romaines
Roma enigma

Rouge abattoir, Gilda Piersanti, livre lu par Hélène Lausseur, éditions Sixtrid, 1 CD Mp3, 6 h10

2 commentaires:

Manu a dit…

J'avais déjà remarqué cette série. Qui a l'air plaisante.
En ce qui concerne le livre audio, je vais bientôt tester. Affaire à suivre !

BiblioMan(u) a dit…

Elle est même palpitante cette série. Et je vais guetter tes tests en livre audio, tu peux en être sûre ! ;O)