Après le désastre nommé MACNO, je pensais que les éditions Baleine avaient définitivement tiré un trait sur leurs prétentions à éditer de la science-fiction. Jusqu'à ce jour du mois de septembre où le 269ème Poulpe, signé Antoine Chainas, est paru.
Poulpe ? Chainas ? Hum... tout ceci sonne plutôt polar à première vue mais vous l'aurez maintenant deviné, 2030 : l'Odyssée de la poisse est un livre qui mêle les deux genres.
Gabriel Lecouvreur a soixante-dix piges. Ça fait belle lurette qu'il ne s'immisce plus dans les faits divers qui gangrènent notre monde. Son corps le lâche petit à petit, la vieillesse le poursuit de ses tourments. A la rigueur, le seul plaisir qu'il s'octroie encore, c'est de se rendre au Pied de Porc à la Sainte Scolasse même si le lieu n'est plus aussi authentique qu'auparavant. Maria est décédée, Vlad a été expulsé, Gérard n'a pas perdu de son bas-goût mais il roule en fauteuil et de Léon le chien, il ne reste que son hologramme. La clientèle se tâte le nombril, s'écoute parler, ne manque pas de lâcher son fiel – il y a malheureusement des choses qui ont la peau dure - sur certains parasites qui leur polluent l'existence : les Omnimorphes, ces clones dénués d'émotions et de sentiments. Les humains ont la possibilité de s'incarner en eux s'ils ont un jour la chance de gagner à la Loterie Nationale Obligatoire dont le prix des billets est directement prélevé sur les fiches de paie. Dans la plupart des cas, leur utilisation revêt un caractère pornographique.
Depuis quelque temps, les Omnimorphes sont apparemment la cible d'un déséquilibré qui s'amuse à les rayer de la surface de la Terre. Beaucoup se désintéressent de leur sort quand ils ne s'en réjouissent pas. C'est vrai, après tout ils sont trop nombreux, ils piquent le boulot des autres, des vrais humains... vous aurez compris le discours pour l'avoir déjà subi un jour ou l'autre, si ce n'est régulièrement.
Il n'en faut pas plus que la photo de la dernière Omnimorphe exécutée pour que Gabriel reparte sur les sentiers de l'investigation. Cette femme, il l'a vue quelques instant plus tôt à travers le corps d'emprunt qu'il utilisait lors de sa séance de Porn-incarnation avec Cheryl. Sa dulcinée aux cheveux devenus blancs avait finalement réussi à le convaincre de renouer avec les plaisirs de la chair quand bien même ceux-ci devaient passer par l'intermédiaire de clones. On ne gagne pas tous les jours à la loterie...
... comme on n'a pas toujours la chance de lire un bon Poulpe. Comment dire ? Les éléments relevant de la science-fiction n'ont rien de novateur, sentent même un peu le réchauffé. J'ai plutôt eu l'impression qu'Antoine Chainas - une fois n'est pas coutume en ce qui concerne les auteurs qui se sont frottés au Poulpe – faisait dans l'exercice de style, qu'il s'amusait. Alors je n'ai à priori rien contre ça mais j'aurais au moins souhaité que l'histoire repose sur quelque chose de solide, qu'elle ne soit pas aussi translucide que du papier à cigarettes mouillé. Dans cette aventure du Poulpe, tout arrive sans qu'on sache trop pourquoi, les raccourcis sont faciles, abrupts.
Chose étrange, c'est le deuxième livre de commande d'Antoine Chainas que je lis, après Six pieds sous les vivants – vraiment bien, celui-ci – et j'ai à nouveau trouvé un personnage de libraire qui n'en était pas réellement un. Bizarre, non ? Ne comptez pas sur moi pour dire qu'Antoine Chainas manque d'imagination, je n'y crois pas une seconde au regard de ses autres livres mais le parallèle m'a paru si flagrant que je ne manque pas de m'interroger. Les vrais libraires sont-ils une espèce en voie de disparition ? Allez savoir...
Avec une bonne idée de départ, 2030 l'Odyssée de la Poisse n'est finalement rien d'autre qu'une soupe de clins d'œil. Certains d'entre eux m'ont fait rire, d'autres me sont certainement passés au dessus de la tête. Tous en revanche ont fait en sorte d'enlever la saveur qu'on aurait été en droit d'attendre de cette aventure du célèbre octopode.
La science-fiction chez Baleine, c'est décidément pas encore ça...
2 commentaires:
Merci. Comme ça je peux faire l'impasse.
De rien, vraiment ;O)
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