Il
aura suffi de l'acuité d'un étudiant de médecine venu chercher son
petit frère à un goûter d'anniversaire pour révéler un mystère
remontant à plus de cinquante ans. Après avoir reconnu un os humain
dans la bouche d'un bébé, il remonte jusqu'au terrain de jeu des
enfants sur les hauteurs de Reykjavik, et découvre un squelette
prisonnier de la terre. A charge ensuite pour l'inspecteur Erlendur
et son équipe de remonter la trame du passé, identifier le cadavre
et comprendre le ou les drames qui se sont noués ici-même durant la
seconde guerre mondiale. Pas facile pourtant de mener l'enquête dans
ces conditions, encore moins lorsque les drames personnels viennent entraver sa marche...
Deuxième
enquête de l'inspecteur Erlendur et, une fois de plus, c'est dans un
passé lointain qu'il va devoir plonger pour en dénouer tous les
fils. Après avoir traité du viol et du silence qui l'entoure, la
préoccupation d'Arnaldur Indridason se porte une nouvelle fois vers
les femmes, victimes cette fois-ci de violences conjugales. Par
extension, il aborde aussi l'impact psychologique
redoutable que celles-ci peuvent engendrer sur une famille, sans oublier, non plus, de revenir sur le silence d'un entourage ou
d'une autorité préférant ne pas voir plutôt que d'affronter une
réalité abjecte.
On reste comme tétanisé par la force évocatrice
du récit : la construction, le dosage des éléments de
réponse fournis par l'auteur, alternant entre temps présent et
temps passé, la psychologie des personnages (leur existence même,
leur vulnérabilité - et leur force aussi) jouent pleinement en
faveur de cette impression.
Arnaldur
Indridason use également d'une certaine lenteur dans la progression
de son intrigue. Impossible de le lui reprocher. Au contraire,
celle-ci apparaît comme l'une des composantes essentielles de
l'histoire.Elle entretient le lecteur dans la torpeur des événements
qui lui sont dévoilés, du calvaire et de la douleur physique autant
que morale, parfois faite d'abandon, que subissent les uns et les
autres.
A
n'en pas douter, il s'agit là de grand, grand art.
La Femme en vert, de Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury, Seuil (Points Policier), 2007, 352 p.
4 commentaires:
Indridason a encore plus de succès dans ma bib que Kellerman. Une preuve de bon goût ?
Tu as de supers lecteurs !!! :)
Une preuve de bon goût sans le moindre doute.
Et la femme en vert est sans conteste le roman de la série qui m'a le plus bouleversé.
Il m'en manque encore quelques uns à lire, je laisse un peu de temps avant d'en entamer un autre. Mais quelle force à chaque fois ! J'ai beaucoup apprécié aussi le fait que l'auteur prenne les deux inspecteurs qui accompagnent Erlendur comme protagonistes principaux des dernières enquêtes... Mais effectivement, La Femme en vert est particulièrement touchant...
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