Deux ans ! Deux ans
que je n'avais pas ouvert un livre de fantasy, sinon pour en
feuilleter un ici ou là sans jamais succomber. Mais voilà, Jean-Luc Rivera dont je suis assidûment les coups de cœur sur le site ActuSF et l'opération masse critique de Babelio sont passés par là,
alors...
…alors, ce n'était pas
mal du tout. Ce n'est clairement pas l'ouvrage qui va tout ravager
sur son passage, ni faire s'ébranler les fondations des littératures
de l'Imaginaire, mais pour ce qui est de divertir, David Chandler a
plutôt bien mené sa barque.
La Cité de Ness vit ses
derniers instants. C'est en tout cas ce que souhaite un mystérieux
commanditaire lorsqu'il s'entoure des services d'un magicien à la
sombre réputation, Azoth, et d'un géant de muscles, Bisbille,
détenteur d'une des sept lames tueuse de Démons. Pour parvenir à
leur fin, ils ont pour projet de voler la couronne du burgrave, le
seigneur de la ville, certains que si celui-ci ne la revêtait pas
avec aux cérémonies officielles de la Damade, la ville serait alors
soumise à une vindicte sans précédent, entraînant dans son
sillage un chaos indescriptible. Pour mener leur plan à bien ils
comptent aussi engager un voleur doué, mais suffisamment stupide et
naïf pour pouvoir s'en débarrasser sans heurts une fois la tâche de celui-ci
accomplie. Leur choix se portera sur Malden, un jeune homme
débrouillard qui vient juste de tomber dans les griffes de
Tailleserpe, le maître de la guilde des voleurs. Le plan est
irréprochable à un détail près : Malden est loin d'être
stupide.
L'Antre des voleurs est
un livre bien rythmé dont la grosseur n'implique aucune longueur. On
ne va pas s'en plaindre... C'est d'autant plus
surprenant que l'auteur a recours à l'unité de lieu,
l'action se restreignant à la seule ville de Ness. L'extérieur
n'est ici évoqué qu'à de courtes occasions, pour alimenter les enjeux
auxquels peuvent être soumis certains personnages. D'autre part, on doit
sans doute à l'humour qui émaille ce récit cette facilité de
lecture. Pas d'humour potache mais une volonté certaine de l'auteur
de ne pas trop se prendre au sérieux, de s'amuser avec ses
personnages et de jouer avec les codes de la fantasy.
Seul petit bémol tout
de même, mais rien de bien méchant et qui tient sans doute à la
légèreté assumé du récit : David Chandler use un peu trop
du cliffhanger. Il met souvent Malden et consorts dans des situations
inextricables dont on imagine mal comment ils pourront s'en
sortir, tout en sachant pertinemment qu'ils vont en réchapper deux
chapitres plus loin, quand la narration reviendra sur eux. Ce procédé
s'accélère en fin d'ouvrage lorsque l'action s'emballe. L'alternance de focalisation dans des chapitres assez
courts suscite un certain agacement, d'autant que ce n'est
vraiment pas très utile quand on connaît tacitement l'issue des
scènes présentées.
S'il est courant de voir
des série à rallonge en Fantasy, le fait qu'il y ait une suite à
l'Antre des voleurs est assez surprenant. Cet ouvrage aurait pu se
suffire à lui-même. Mais à l'instar des polars où l'on apprécie
aussi les personnages pour leur vie personnelle, leur caractère,
leur entourage, l'univers dans lequel ils évoluent, et pas seulement
pour leurs enquêtes, on imagine très bien revoir Malden et ses
acolytes dans d'autres aventures, juste pour le plaisir de voir dans
quel pétrin ils vont se fourrer... et comment ils vont s'en dépêtrer !
Les Sept lames tome 1 : L'Antre des voleurs, de David Chandler, traduit de l'américain par Benjamin Kuntzer, Milady (Milady Imaginaire), 644 p.
5 commentaires:
La grande question c'est :
Est-ce que dans le genre, c'est mieux que "Les Salauds Gentilshommes" de Scott Lynch ? Pas sûr...
Ah celui-là, je l'avais essayé, je n'avais pas accroché. Mais je ne suis vraiment pas une référence en matière de fantasy de toute façon. Ado, j'avais accroché sur Tolkien (bien sûr) et sur Eddings. Et dernièrement sur le Trône de Fer (bien sûr bis). Mais à part ça...
Chacun ses goûts !
Mais si tu dis que tu n'as pas accroché à Scott Lynch, ça me donne envie d'essayer le Chandler du coup ! ;)
Si je peux me permettre un conseil, essaie la compagnie Noire de Cook, au moins les premiers volumes, après il a une certaine tendance au délayage.
@Lorhkan : Chiche ? Je peux te l'envoyer si tu veux... envoie-moi un mail si ça t'intéresse ;)
@Jean-Marc : Et comment tu peux te permettre ! ;) J'ai la première intégrale de la compagnie noire dans mes étagères depuis un moment... je vais me pencher dessus ! Merci en tout cas.
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