04/10/2012

Tsukushi / Aki Shimazaki


A l'occasion du treizième anniversaire de sa fille, Yûko trouve chez elle une boîte d'allumettes ornée d'une image de tsukushi. Sans y porter attention sur l'instant, cette simple découverte va pourtant ébranler les fondements même de la vision qu'elle s'était façonnée de son couple, faire vaciller les certitudes reposant sur un amour et une confiance bâtis au fil des ans.

Le Personnage de Yûko n'est pas étranger à ceux qui auront déjà entamé le deuxième cycle romanesque* de Aki Shimazaki. La jeune femme, pas encore mère, apparaissait en effet dans le premier tome de la série, Mitsuba**. Dans ce récit, un jeune cadre japonais, amoureux de Yûko se retrouvait confronté à la dureté des codes du travail ainsi qu'aux lois sociales de son pays, tiraillés entre tradition et modernité.

On pourrait se contenter de lire Tsukushi et en rester à cette histoire pour ce qu'elle révèle à elle seule de douceur, d'émotion et d'impact aussi. Avec la fiévreuse délicatesse qui lui est propre, Aki Shimazaki se penche ici de manière plus sensible que dans ses autres romans sur la notion de couple et sur la dichotomie qu'elle suppose avec le sentiment amoureux lui-même : jalousie, non-dits, doubles vies, secrets qui sont autant d'entrave au bonheur, un bonheur bien plus fragile quand il s'est construit presque malgré soi.

Chaque roman composant ce cycle est plus qu'une variation autour d'une même histoire. Bien que pouvant se lire indépendamment les uns des autres, ils revêtent un caractère tout à fait singulier dans leur interconnexion. Ils se prolongent, se complètent, se répondent à travers plusieurs voix. En écouter une, son histoire, c'est déjà dénicher une pépite. Les entendre toutes, c'est découvrir la mine qui va avec. Bien qu'à l'aune du récit de chacun des personnages on serait plutôt tenté de dire que d'une tempête, Aki Shimazaki a su générer un ouragan. De ceux qu'on n'oublie pas.
 

* Le Poids des secrets étant le premier.
** Dans l'ordre de parution : Mitsuba ; Zakuro ; Tonbo


Tsukushi, de Aki Shimazaki, Leméac / Actes Sud, 137 p.

2 commentaires:

lael a dit…

c'est plutôt tentant. J'aimerai bien découvrir ce genre de livre.

BiblioMan(u) a dit…

ça l'est ! Ca se lit avec grand plaisir.